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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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cacherait ? Vous êtes un de ses proches, et même un peu plus, je crois…
    — Disons qu’on a pris du bon temps ensemble.
    — Qui pourrait vous le reprocher ? Vous étiez très intimes ces derniers temps ?
    — Depuis quelques mois, on se voyait moins souvent. Mais nous étions restés bons amis.
    — Pourquoi parlez-vous au passé, Dorval, comme si Dupuy n’était plus de ce monde ? Vous en savez davantage que vous ne le laissez supposer ?…
    — Non, je vous le promets. C’est curieux, cette disparition subite, cela ne lui ressemble pas.
    — Cette liaison vous autorisait-elle à voyager tous les deux ?
    — Non. Quand on faisait des balades, c’était dans le Tarn, Toulouse des fois…
    — Vous n’êtes jamais allés à la mer ensemble, je ne sais pas, moi, à Palavas ou sur la Côte d’Azur ?
    — Jamais ! répondit fermement le gardien qui opta pour un ton tranché.
    — Vraiment ? insista Théo.
    Le surveillant de nuit n’était plus qu’une ombre qui vacillait. La batterie de la torche méritait d’être rechargée. Les toiles de Toulouse-Lautrec prenaient les traits de paravents chinois derrière lesquels se profilaient les silhouettes de ces filles remontant langoureusement leurs bas et leurs jarretelles dans l’alcôve de ces bordels qui leur servaient de pensions de famille.
    — Je crois savoir que Coustot a demandé au parquet un mandat de perquisition au domicile de la femme qui désormais partage votre vie. Bien sûr, elle ignore tout de votre passé ?
    — Je n’ai rien à cacher, monsieur Trélissac !
    — Pourquoi, en ce cas, ne pas me dire que vous êtes parti en vacances avec Dupuy sur la Côte d’Azur, à Nice par exemple ?
    — C’était au début que nous nous connaissions, Dupuy et moi. Ce voyage était pour Paul notre lune de miel.
    — Vous vous êtes rendus chez sa sœur. Elle habite Menton, n’est-ce pas ?
    — Exact. Elle était contente de revoir son « Petit Paul ». Elle en pleurait de joie. Même que, pour fêter leurs retrouvailles, elle nous a invités au restaurant du Negresco .
    — La sœur de Paul soupçonnait-elle le type de relations que vous entreteniez avec son frère ?
    — Paulo ne se cachait vraiment pas. On se bécotait même à table ! Non, c’était une femme très élégante qui a tout compris de notre manège le jour où elle est venue nous chercher à la gare avec son cabriolet couleur lilas.
    — Donc vous vous affichiez ouvertement avec Dupuy ?
    — Oui, sauf le soir. Paulo me laissait alors libre de faire quelques extras du côté de la baie des Anges…
    — On ne se refait pas ! ajouta Théo, un rien persifleur.
    — C’était notre contrat. Il restait chez sa sœur à faire des réussites avec elle. C’est une femme drôle et un peu naïve. Un jour Paulo, au restaurant, lui a demandé si elle était pour ou contre le mariage des prêtres. Et vous savez ce qu’elle a répondu ?
    Théo adopta un étonnement de circonstance.
    — « Oh, mon Dieu, mon Dieu, s’ils s’aiment ! »
    Trélissac ne put s’empêcher de rire.
    La tension était retombée entre les deux hommes. Puis Dorval prit l’initiative de demander à Trélissac de l’accompagner au magasin, car il devait recharger la batterie de sa torche.
    Le magasin était un réduit de neuf mètres carrés ; les gardiens y déposaient leurs effets personnels pendant le service dans des armoires métalliques juxtaposées et un peu cabossées, où étaient inscrits les noms de chaque gardien : Dorval, Dupuy, Lazaret, Pizzolini, Serzski… Au-dessus du cadenas qui verrouillait le placard dévolu à Dupuy était collée la photographie d’une pin-up à la poitrine généreuse. Paulo trompait bien son monde. Puis, sur une table bancale, il y avait une série de lampes torches avec différentes batteries qu’il convenait de recharger après chaque ronde.
    Gérard Dorval proposa une chaise à Théo :
    — Vous voulez une bière, une fraîche ?
    Théo accepta.
    — Dites-moi, monsieur Trélissac, comment êtes-vous entré dans le musée ?
    — Par la porte, vous dis-je.
    — Vous me racontez des craques !
    — À chacun son tour ! fanfaronna Théo.
    — Qu’est-ce que vous attendez de moi ?
    — Vous seul savez où Dupuy se terre ! Sa disparition inexpliquée est pour le moins suspecte. Et votre liaison fait de vous le complice parfait. Reste le motif, mais c’est une autre paire de manches… Je vous conseille, si vous êtes

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