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Tragédies Impériales

Tragédies Impériales

Titel: Tragédies Impériales Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Madame Mère puis, s’étant fait ouvrir la chambre où était morte Joséphine, il y demeura seul un long moment. Quand il en sortit, il avait les yeux rouges. Enfin, après un dernier regard à cette maison qui, jusqu’à son dernier soupir, lui demeurerait chère, il monta en voiture et, avec ceux qui avaient choisi de suivre son destin jusqu’au bout, il prit le chemin de la mer, avec l’espoir de trouver, au-delà, l’immense pays où il lui resterait au moins le droit d’être un homme libre.
    Mais l’escadre anglaise croisait déjà au large de Rochefort pour en interdire la sortie aux deux frégates si généreusement octroyées par le gouvernement provisoire. Fouché avait bien travaillé… Au bout du chemin il n’y avait plus que le britannique… et Sainte-Hélène !

ON L’APPELAIT « SISSI »

« Sissi » et le mariage
    Quand, en 1834, le duc Max « en » Bavière acheta le château de Possenhofen, situé sur le beau lac de Starnberg, à vingt-huit kilomètres de Munich, c’était avec l’intention d’en faire une maison d’été pour y loger une famille encore embryonnaire, car il n’avait alors qu’un seul fils, Louis, né en 1831, mais qu’il espérait bien augmenter de façon substantielle.
    Possenhofen était (et est encore) une construction assez massive, flanquée de quatre tours d’angle et pourvue d’un grand nombre de chambres, mais son emplacement au bord du lac, au milieu de collines boisées et d’un superbe parc comportant de magnifiques roseraies, en faisait un lieu si rempli de charme que, peu à peu, il supplanta le palais de Munich pour devenir la véritable maison de famille de la nichée ducale, une maison que tous adorèrent.
    Par ordre d’apparition, ladite nichée se composait de Louis, déjà nommé, d’Hélène, dite Néné, venue eu 1834 quelques semaines après l’acquisition de ce qui allait devenir le « cher Possi », Élisabeth, dite Sisi (ou Sissi) apparue la veille de Noël 1837 comme un cadeau du ciel, Charles-Théodore, autrement dit « Gackel », qui vit le jour en 1839, Marie, née en 1841, sans surnom connu, Mathilde, autrement dite « Moineau », à cause de sa fragilité (1843), Sophie, qui ne vint qu’en 1847, et enfin, fermant la marche, Charles-Emmanuel, autrement dit « Mapperl », apparu deux ans plus tard.
    Tout ce monde formait une famille heureuse, joyeuse, élevée un peu à la diable par un père atteint de bougeotte chronique mais plein de tendresse et d’invention, de dons artistiques ainsi que d’une extraordinaire chaleur humaine, et par une mère en admiration perpétuelle devant son époux et devant ses enfants pour lesquels, très ouvertement, elle nourrissait une grande ambition. Née princesse « de » Bavière, Ludovica, en épousant son cousin Max, avait, peut-être, fait le mariage le moins brillant de sa famille car, de ses trois sœurs, l’une était reine de Prusse, l’autre reine de Saxe et l’aînée, Sophie, aurait dû être impératrice d’Autriche si elle n’avait obligé son époux à renoncer au trône en faveur de leur fils François-Joseph {2} . Le fait de se retrouver duchesse « en » Bavière ne représentait guère une promotion pour Ludovica mais, tout compte fait, elle était sans doute la seule qui eût connu le bonheur et ceci compensait bien cela. La duchesse en convenait d’ailleurs volontiers, ce qui ne l’empêchait nullement de rêver, pour ses filles, de destins moins « popote » que le sien.
    En foi de quoi, durant le printemps de l’année 1853, Ludovica vivait sur des charbons ardents car, depuis plusieurs mois déjà, des échanges de correspondance et même des entrevues avaient eu lieu entre elle et sa sœur, l’archiduchesse Sophie, la tête pensante de la famille, en vue de conclure un mariage entre le jeune empereur François-Joseph et Hélène, l’aînée des filles de Max et de Ludovica.
    Ce projet-là avait pris forme, depuis longtemps déjà, dans l’esprit de Sophie qui tenait beaucoup à réunir autour d’elle le plus de puissance familiale possible, mais il s’était singulièrement renforcé quand son fils, cet innocent, s’était avisé, pour ses vingt-deux ans, d’épouser la fille du prince-palatin de Hongrie, une princesse fort belle et fort intelligente qui lui avait inspiré des sentiments assez vifs. Sophie avait coupé le mal à la racine en peu de mots :
    — La Hongrie est une province soumise et doit le rester. Ce serait

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