Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Traité du Gouvernement civil

Traité du Gouvernement civil

Titel: Traité du Gouvernement civil Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: John LOCKE
Vom Netzwerk:
sagesse ; néanmoins, lorsque le temps eut donné de l'autorité, et, com­me quelques-uns veulent nous le persuader, eut rendu sacrée et inviolable cette coutume, que la négligente et peu prévoyante innocence a fait naître, et a laissé parve­nir à des temps différents, et à des successeurs d'une autre trempe, le peuple a trouvé que ce qui lui appartient en propre, n'était pas en sûreté et hors d'atteinte, sous le gouvernement dans lequel il vivait, comme il devrait être, puisqu'il n'y avait point d'autre fin d'un gouvernement, que de conserver ce qui appartient à chacun  [5] : alors, il n'a pu se croire en sûreté, ni être en repos, ni se regarder comme étant en société civile, jusqu'à ce que l'autorité législative ait été placée en un corps collectif de gens, qu'on appellera Sénat, Parlement, ou de quelque autre manière qu'on voudra, et par le moyen duquel chacun, sans excepter le premier et le principal de la société, devienne sujet à ces lois, que lui-même, comme étant une partie de l'autorité législative, a établies, et jusqu'à ce qu'il ait été résolu, que qui que ce soit ne pourra, par sa propre autorité, diminuer la force des lois, quand une fois elles auront été faites, ni sous aucun prétexte de supériorité, prétendre être exempt d'y obéir, pour se permettre, ou à quelques-uns de ceux de sa dépendance, des choses qui y soient contraires  [6] . Person­ne, sans doute, dans la société civile, ne peut être exempt d'en observer les Lois. Car, si quelqu'un pense pouvoir faire ce qu'il voudra, et qu'il n'y ait d'appel sur la terre contre ses injustices et ses violences, le demande, si un tel homme n'est pas toujours entièrement dans l'état de nature, s'il n'est pas incapable d'être membre de la société civile? Il faut demeurer d'accord de cela, à moins qu'on n'aime mieux dire que l'état de nature et la société civile sont une seule et même chose; ce que je n'ai jamais vu, comme je n'ai jamais entendu dire, qu'aucun l'ait soutenu, quelque grand défenseur qu'il ait été de l'anarchie.

    << Table des matières  /  Chapitre VIII >>

----

    [1]      « C'est ce que nie, avec raison, l'Auteur de L'Esprit des lois. Liv. XV, c. 2. Il est faux, dit-il, qu'il soit permis de tuer, dans la guerre, que dans un cas de nécessité, mais dès qu'un homme en a fait un autre prisonnier, on ne peut pas dire qu'il ait été dans la nécessité de le tuer, puisqu'il ne l'a pas fait. Tout le droit que la guerre peut donner sur les captifs, est de s'assurer tellement de leur personne, qu'ils ne puissent plus nuire. Les homicides faits de sang-froid par les soldats, et après la chaleur de l'action, sont rejetés de toutes les nations du monde. »
    [2]      Donc, dit le même Auteur, l. c., il n'y a pas de loi civile qui puisse empêcher un esclave de fuir; lui qui n'est pas dans la société, et que par conséquent aucune loi civile ne concerne.
    [3]      « Le pouvoir public de toute société s'étend sur chaque personne qui est contenue dans une société : et le principal usage de ce pouvoir est de faire des lois pour tous ceux qui y sont soumis, auxquelles, en tel cas, ils doivent obéir; à moins qu'il ne se présente quelque raison qui force nécessairement de ne le pas faire, c'est-à-dire, à moins que les lois de la raison, ou de Dieu, n'enjoignent le contraire. Hooker, Eccl. Pol., lib. 1, 5 16. »
    [4]      « Pour éloigner toutes ces fâcheries mutuelles, toutes ces injures, toutes ces injustices, savoir celles qui sont à craindre dans l'état de nature, il n'y avait qu'un moyen à pratiquer, qui était d'en venir à un accord entre eux, par lequel ils formassent quelque sorte de gouvernement public, et s'y soumissent : en sorte que sous ceux à qui ils auraient commis l'autorité du gouvernement, ils  puis­sent fleurir la paix, la tranquillité, et toutes les autres choses qui rendre heureux. Les hommes ont toujours reconnu usait de violence envers eux, et qu'on leur faisait tort, ils pouvaient se défendre eux-mêmes; que chacun peut chercher sa propre commodité, mais que si en la cherchant on faisait tort à autrui, cela ne devait point être souffert, et que tout le monde devait s'y opposer, par les meilleurs moyens; et qu'enfin, personne ne pouvait raisonnablement entreprendre de déter­mi­ner son propre droit; et conformément à sa détermination et à sa décision, de passer ensuite à le maintenir : à cause que chacun est

Weitere Kostenlose Bücher