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Troisième chronique du règne de Nicolas Ier

Troisième chronique du règne de Nicolas Ier

Titel: Troisième chronique du règne de Nicolas Ier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Rambaud
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    Afin de ne point montrer qu’il était ulcéré parce que
M. Obama l’avait éconduit, Notre Manitou Suprême fit le gracieux ; on
apprit au détour d’une allocution qu’il prononça à Courbevoie, peu après, pour
expliquer aux foules qu’il était désormais question de travailler aussi le
dimanche, ce qui était sa dernière lubie : « Est-ce que c’est normal
que le dimanche, quand Mme Obama veut avec ses filles visiter les magasins
parisiens, je doive passer un coup de téléphone pour les faire
ouvrir ? » On s’aperçut que le Prince avait le pouvoir de faire
revenir les caissières et les vendeuses de leur congé hebdomadaire, sur un
ordre, à moins qu’il les eût remplacées par des gendarmes en civil qui
donnaient le change ? Notre Capricieux Monarque avait une âme de chef de
rayon ; il prenait ses sujets pour ses employés. Cette impression grimpa d’un
ou plusieurs crans lorsqu’il réunit son Parlement au complet dans ce château de
Versailles qui avait connu des générations de courtisans à genoux devant les
rois. Ce fut dans l’hémicycle de l’aile du Midi que pour la forme Notre Prince
convoqua les élus de tous bords, pressés sur des gradins pour l’écouter sans
pouvoir lui répondre directement, car Sa Majesté ne supportait point les
critiques. Il arriva comme le Bourgeois gentilhomme, tout au bout d’une longue
galerie, entre deux haies de gardes républicains en uniforme d’apparat, monta
au pupitre, jeta un œil énamouré vers la tribune où Madame était assise entre
M. le Cardinal et son Premier valet de chambre, M. de Charon. Alors
il parla aux paillassons venus l’entendre, ne leur dit rien de neuf et sembla
manquer de conviction, ses phrases étaient plates, son intonation fort
soporifique. On retint qu’en début du discours hâtivement préparé il évoqua la
burqa, ce voile afghan qui ressemblait à une housse de fauteuil et cachait les
femmes du haut en bas ; il affirma que nous n’en voulions pas chez nous,
mais le problème se posait à peine, même si le chevalier de Guaino, qui ne s’était
point surpassé, avait ouvert un album de M. Tintin sur le bureau du Prince
pour lui montrer la planche 25 de Coke en stock , expliquant que n’importe
quel braqueur de banque ou terroriste barbu pouvait se déguiser de cette façon
afin de ne point être repéré, tel le capitaine Haddock, qui s’enfuit ainsi
protégé de la ville de Wadesdah où il était recherché. Sinon ? Le Prince
lança l’idée d’un grand emprunt dont il ne connaissait pas encore la somme ni l’usage,
mais ce fut pour le principe, pour mesurer sans doute la confiance des gens
aisés qui pourraient y souscrire en soutenant leur Irréprochable Leader. Sa
Majesté s’en alla, les lustres s’éteignirent, chacun regagna Paris par ses
moyens en se demandant ce qu’il était venu faire à Versailles ; un député
du Parti social confia dans un couloir au chevalier Le Febvre : « J’avais
peur qu’on passe pour des cons, eh bien c’est le cas. »
     
    L’été arriva mais le soleil ne brilla point également pour
tous. Les paysans se lamentaient devant leurs troupeaux et leurs champs qui ne
rapportaient plus grand-chose, un médecin sur quatre refusait de soigner les
Parisiens trop pauvres, les députés furent privés de vacances pour siéger en
râlant et voter à la chaîne des lois mal cousues ; ils attendaient que la
réfection de la grande verrière de l’hémicycle les libérât quelques semaines.
Des ministres avaient changé de portefeuille, l’un passait de l’Éducation au Travail,
l’autre de la Police à la Justice et cela ne changea rien. M. Frédéric
quitta la villa Médicis pour qu’un Mitterrand fût à la Culture, et la princesse
Rama, qui n’y connaissait rien en jeux d’équipe, échoua aux Sports en guise de
punition. Les moins comédiens, lesquels passaient mal sur les lucarnes, furent
carrément congédiés. Cela ne fit que des vaguelettes.
    Il y eut en Italie un très inutile sommet des Grands de la
planète, dont Sa Majesté, qui se tint pour le symbole et le mauvais goût dans
un village dévasté par un tremblement de terre ; les habitants survivaient
dans un camp de toile que don Silvio, exquis, avait comparé à un camping. Les
Grands ne parlèrent pas de finance folle, ni du climat qui se réchauffait, ni
de l’aide aux pays du Sud, ni des droits de l’homme ni de rien. L’empereur de
Chine inventa une excuse pour se

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