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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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aujourd’hui plus de huit jours, et ni toi ni
mon père ne l’avez circoncis. L’Éternel t’a appelé pour que renaisse l’Alliance
entre ton peuple et Lui. Comment cela peut-il être, si ton fils n’en porte pas
le signe selon Sa volonté ?
    D’une main ferme et assurée, comme si de
toujours elle avait fait cela, après l’avoir trempé dans l’huile parfumée
d’herbes Tsippora abattit le silex sur le prépuce de son fils. Le cri d’Eliezer
ne fut guère plus fort que ceux qu’il poussait déjà.
    Sans attendre, elle souleva son fils,
brandit les bras et le dressa au-dessus de Moïse.
    — Seigneur Yhwh, Dieu d’Abraham, Dieu
d’Isaac et de Jacob, Dieu de Moïse ! Ô, Seigneur Yhwh, écoute les cris
d’Eliezer. Ton Alliance traverse sa chair, Alliance pour toujours. Regarde,
Seigneur Yhwh, le fils de Moïse, le second, est circoncis selon Ta loi. Ô,
seigneur Yhwh, écoute la voix de Tsippora, l’épouse de Moïse. Je ne suis que ce
que je suis, mais reçois mon fils, fils de Moïse, parmi Ton peuple. Seigneur
Yhwh, que le sang d’Eliezer, que le prépuce tranché de son fils efface la faute
de Moïse. Tu as besoin de lui, et moi j’ai besoin de lui. Moi qui suis son
épouse par le sang d’Eliezer. Ô Seigneur Yhwh, écoute-moi, je suis Ta servante
et, sous le noir de ma peau, je suis Ton peuple.
    Quand elle se tut, il y eut un curieux
silence qui les surprit tous avant qu’ils se rendent compte qu’Eliezer ne
criait plus.
    Puis il y eut le souffle de Moïse. Un
souffle violent comme un coup de vent. Comme si la vie, de toute sa puissance,
pénétrait sa poitrine.
    Tsippora abaissa Eliezer tout près du
visage de Moïse qui, les paupières closes, respirait à grands traits. Elle
pressa le visage d’Eliezer contre la joue de son père. Un bref instant, ils
respirèrent ensemble. L’enfant poussa à nouveau un cri, puis encore un.
Tsippora sourit. La servante Murti et une autre, très jeune, se mirent à rire.
Tsippora leur tendit Eliezer :
    — Vite, dit-elle.
    Elles l’emmenèrent en courant pour enduire
sa plaie de baume et l’envelopper de linges.
    Le sang rougissait les doigts et la paume
de Tsippora. Elle remonta la tunique de Moïse, saisit son sexe comme elle avait
saisi celui de son fils. Dans une caresse elle enduisit le membre de Moïse du
sang de son fils. Moïse se redressa, la poitrine soulevée d’un souffle rapide.
Avant qu’il ne pose de question, sans cesser sa caresse de sang, Tsippora
murmura :
    — Nos épousailles non plus, nous ne
les avons pas prononcées. Mais je te l’avais promis, ce jour est celui de nos
noces. Que l’Éternel nous voie et nous bénisse, mon époux bien-aimé. Tu es
celui que je veux et que j’ai choisi. Tu es l’époux de mon rêve, celui qui me
sauve et m’emporte, celui que j’ai toujours voulu, celui que j’ai attendu sans
même connaître son visage. Ô Moïse, tu es celui que tu dois être, et cette nuit
sera celle de nos épousailles. Moi, Tsippora, la Kouchite, l’étrangère en tous
les pays, dès cet instant je suis ton épouse de sang. Il n’y a plus de faute,
Gershom et Eliezer ont père et mère. Je suis ton épouse de sang, ô mon époux
bien-aimé.
    Moïse souriait, tendant avec peine les bras
vers elle. Tsippora s’y coula, s’allongea tout contre lui, baisa sa poitrine
blessée, mêla sa bouche à la sienne et son souffle au sien.
    * *
    La nuit venue, Tsippora put constater à la
lueur d’une mèche allumée que les plaies de Moïse s’étaient effacées tout aussi
prodigieusement qu’elles étaient apparues. Elle lui caressa et lui baisa le
torse avec gourmandise, mais sans parvenir à le réveiller ni même à tirer de
lui un grognement. Elle en rit et s’endormit à son côté, tout aussi épuisée.
    Au cœur de la nuit, Moïse la réveilla à
force de caresses, Moïse redevenu Moïse, dressé dans son désir et chuchotant
des mots rauques de passion :
    — Oh, mon épouse ! Mon épouse de
sang qui me nourrit de vie, me donne et me redonne la vie ! Réveille-toi,
ceci est la nuit de nos noces.
    Baisant ses seins, son ventre et ses
cuisses, il murmurait :
    — Tu es mon jardin, ma myrrhe et mon
miel, ma goutte de nuit et ma colombe noire. Oh, Tsippora, tu es mon amour et
les mots qui me sauvent.
    Et jusqu’à l’aube, ce furent les heures de
leurs épousailles.

 
Troisième partie

L’épouse écartée
     

 
Miryam et Aaron
    Tsippora vivait dans le bonheur. Elle
marchait vers l’Egypte au

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