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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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des
esclaves, mais, au contraire, pour qu’elle cesse.
    Il y eut un drôle de silence. Aaron et
Miryam dévisagèrent Tsippora avec autant de stupéfaction que s’ils la
découvraient.
    Moïse s’inclina, prit Gershom dans ses
bras. Ce simple geste encouragea Tsippora à dire enfin ce qu’elle taisait
depuis des jours :
    — L’Eternel veut Moïse devant Pharaon.
Croyez-vous qu’une paire de chameaux, quelques mules et un troupeau de petit
bétail contrarieront Sa volonté ? Ne vaut-il pas mieux que Moïse arrive
parmi les vôtres comme ce qu’il est : un homme libre et qui ne craint ni
la poigne, ni la haine, ni les caprices de Pharaon ? Le peuple des Hébreux
doit-il croire que celui qui va le libérer est soumis et craintif ?
    Miryam et Aaron vibrèrent d’indignation.
    — Fille de Jethro ! s’exclama
Aaron, le sourcil haut. Nous savons qui sont les nôtres et ce qu’ils attendent.
Et il est bien présomptueux pour une fille de Madiân de parler de la volonté de
Yhwh.
    — Aaron, Miryam, intervint Moïse avec
un sourire qui n’atteignait pas ses yeux, je comprends votre souci. Il est
plein de bon sens et je vous en sais gré. N’oubliez pas, cependant, que je
connais assez bien moi-même Thoutmès, ses routes et son pouvoir.
    — Bien sûr ! Bien sûr !
opinait Aaron, déjà confus. Moïse, déposant son fils dans les bras de Tsippora,
laissa peser un peu plus la fraîcheur de son sourire sur sa sœur et son frère.
    — Je ne doute pas de ta grande
sagesse, Aaron, mon frère. Mais, si je suis devant toi, c’est pour avoir écouté
Tsippora. Elle est sage et savante comme je ne sais l’être. N’ai-je pas dit que
sans Tsippora, Moïse ne serait pas Moïse ? N’ai-je pas dit que sa pensée
est ma pensée, et que c’est pour cela qu’elle est devenue mon épouse ?
    L’embarras gagnait tous les visages, sauf
celui de Miryam. Car si Aaron baissait la tête en démonstration d’humilité,
Miryam, la paupière déformée par la palpitation rageuse de sa cicatrice, rivait
sur Tsippora toute la dureté de son regard.
    — Allons tous ensemble jusqu’au
village des ouvriers, décida Moïse sur un ton apaisant. Nous verrons là-bas si
nous sommes les bienvenus.
    Ce soir-là, Moïse revint plus tôt sous sa
tente et prit Tsippora dans ses bras. D’abord, ils se turent, goûtant ce simple
moment de tendresse. Puis Moïse murmura :
    — Ne leur en veux pas. Aaron sait fort
bien qui tu es, mais il leur faut encore un peu de temps pour accepter…
    Moïse hésita.
    — Accepter ton étrangère d’épouse,
conclut Tsippora à sa place.
    Moïse eut un petit rire qu’il étouffa en
baisant les tempes et les yeux de Tsippora.
    — Sans compter que Aaron n’aime guère
les Madianites. Il a de savantes préventions contre eux. Il est convaincu
qu’ils ont vendu notre ancêtre Joseph à Pharaon.
    Ils rirent ensemble. Puis Moïse soupira,
sans plus de joie.
    — Tout devient compliqué. Mais ils
sont ceux pour qui je viens. Ils ont souffert, et la souffrance modèle leur
esprit. Pourtant, ils sont forts et sincères. Laisse-leur le temps d’apprendre
à t’aimer et à te juger par le bien que tu leur feras.
    Tsippora songea au regard de Miryam sur
Eliezer, sur elle. Baisant le cou de Moïse comme elle aimait à le faire, elle
répondit aussi légèrement qu’elle le put :
    — Ne crains pas mon impatience. Ne
crains rien ! Ni Aaron ni Miryam, ni même Pharaon. Tu es Moïse. Ton Dieu
t’a dit : « Va, Je serai avec toi. » Moi, comment pourrais-je
espérer un autre bonheur que de t’accompagner, toi et nos fils ?

 
Deux mères
    Ils longèrent le fleuve pendant deux jours.
Les voiles des embarcations s’y serraient en troupeau. Les rives étaient
bordées de maisons de brique aux murs blanchis, souvent surmontées d’un étage
sous les toits plats et carrés. Des fenêtres s’y ouvraient, nombreuses et plus
larges que les portes d’une chambre de Madiân. De spacieux jardins les
entouraient, agrémentés de monuments à colonnes, plantés de palmiers, de
vignes, de grenadiers, de figuiers ou de sycomores. Et des murs encore, à
l’empilement de briques parfait, hauts de dix à quinze coudées, ceinturaient
chaque maison.
    Ils dessinaient les larges rues droites qui
débouchaient sur d’autres jardins, plus vastes et regorgeant de légumes et de
fruits. Partout s’activaient hommes, femmes et enfants. Les hommes étaient
glabres, le torse nu. Les femmes étaient vêtues

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