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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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de courtes tuniques serrées
sous la poitrine et, quelquefois, des coiffes de paille recouvraient leurs
longs cheveux noirs, lisses et fluides. Paisiblement, des vieillards tiraient
des ânes lourdement bâtés tandis que des jeunes gens transportaient des nasses
de poissons fraîchement péchés.
    Plus loin, plus près de la ville reine, la
route s’écarta de la rive. Ils se trouvèrent devant une vaste étendue de
palmeraies qui reliaient le fleuve aux collines et aux falaises ocre qui
annonçaient le désert. Et là, la pointe dressée vers le bleu du ciel, apparurent
les temples de Pharaon.
    Il y en avait une dizaine, les plus grands
entourés de plus petits, comme s’ils s’engendraient eux-mêmes par portées.
Roche dans la roche, défiant l’entendement, les arêtes tranchant l’horizon, ils
étaient si fabuleusement gigantesques que les falaises elles-mêmes ne
semblaient, à leur côté, que de vagues monticules. La chaleur dansait sur leurs
faces miroitantes et ondoyait telle une huile dans la transparence du ciel. La
route qui y menait, soigneusement briquetée, était brûlante.
    Tsippora se souvint des mots de Moïse
racontant la splendeur des temples de Pharaon. La démesure qui se dressait
devant elle dépassait cependant toute imagination. Rien, ici, n’avait taille
humaine. Pas même les gardiens de pierre érigés çà et là, monstres à visages
d’homme et corps de lion.
    Plus loin, ils découvrirent de vastes
chantiers en contrebas des pyramides. Colonnades et aiguilles de calcaire
blanc, murs sculptés et peints de milliers de dessins se dressaient en façade
de palais creusés dans les falaises. Là, inachevés, les monstres n’avaient pas
toutes leurs ailes, les sculptures toutes leurs têtes, et les routes, par
endroits, se défaisaient en chemin, les briques encore entassées sur les
bas-côtés. Et partout, innombrables, travaillaient les esclaves. Partout, un
fourmillement de silhouettes charriait, façonnait, frappait, en un tumulte qui
montait dans la chaleur du jour et qui, si loin qu’ils fussent encore des
chantiers, parvenait jusqu’à eux.
    Moïse, qui retrouvait là un spectacle familier,
demeura impassible. À l’inverse, Tsippora, comme les bergers et les servantes,
ne put retenir une exclamation d’admiration. Aaron guettait sans doute leur
stupéfaction. D’un coup sec il tira sur la bride de sa mule et se retourna. Il
leva son visage émacié. Il parut plus vieux encore. Il se laissa glisser de sa
monture, sa main s’agita furieusement en direction des temples de Pharaon.
    — Tout cela, tout cela qui est à
Pharaon et que vous admirez, nous l’avons construit ! s’écria-t-il. Nous,
les fils d’Israël, ses esclaves. Pharaon s’enorgueillit de ce qu’il bâtit avec
notre sang depuis des générations et des générations. Mais regardez…
    Il bondit sur le côté de la route pour y
saisir deux vieilles briques abandonnées. Avec vigueur, il les frotta l’une contre
l’autre. Une fine poussière s’en dégagea, ruinant les briques aussi bien que si
elles fondaient entre les paumes d’Aaron.
    — Pharaon bâtit, mais ce qu’il bâtit
n’est que poussière, clama-t-il.
    Avec un cri qui pouvait être un rire, il
jeta ce qu’il restait des briques, qui allèrent se briser aux pieds des
chameaux.
    — Il suffira au Seigneur Yhwh d’un
souffle pour balayer tout cela qui vous semble si prodigieux, conclut Aaron
avec mépris.
    Chacun de ceux qui, avec un ébahissement
enfantin, avaient contemplé un instant plus tôt la démesure de Pharaon baissa
le front, honteux. Tsippora jeta un regard vers Moïse. Il regardait son frère
avec une fervente admiration. L’Éternel le lui avait bien dit : pour
savoir parler, Aaron savait parler.
    *
    * *
    Le village des esclaves ouvriers s’étirait
au fond d’une carrière désaffectée. Un mur épais de trois coudées et haut de
cinq encerclait de longues et étroites ruelles. Les baraques de brique crue
s’adossaient les unes aux autres, identiques, avec pour seules ouvertures une
porte et un trou dans le toit d’où s’échappait la fumée des âtres.
    Moïse ordonna aux bergers de dresser leurs
tentes sur l’un des versants de la carrière où se tenait déjà une caravane de
marchands. Seules Murti et deux autres servantes suivirent Tsippora lorsqu’elle
s’engagea derrière son époux sur un chemin de terre. Miryam les observa, mais
se tut. Aaron marchait fièrement devant leur petite troupe. Moïse

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