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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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bouche contre l’oreille de Tsippora,
Moïse murmura :
    — Nous arrivons. Ne sois pas inquiète,
tout se passera bien.
    Dans la pénombre, Tsippora lui répondit
d’un sourire qui ne montrait aucune inquiétude.
    Mais, au même instant, Sénemiah
chuchota :
    — Attention, une voile !
    Moïse et Tsippora se tassèrent un peu plus
dans le fond de l’embarcation. Les deux marins ne ralentirent pas leur cadence
tandis que, longeant l’autre rive et portée par le courant, une felouque pontée
glissait vers le sud de la ville. Risquant un regard par-dessus la lisse de la
barque, Tsippora vit, entre les torches qui illuminaient le bateau de bout en
bout, des silhouettes qui dansaient. Les rires, le son des flûtes et le
frappement des timbales résonnèrent sur le fleuve.
    Un instant plus tard, la barque entra dans
la zone d’ombre et les marins accélérèrent leur mouvement. Ombre dans l’ombre,
la barque glissa le long d’un quai. Il y eut un jappement. Deux silhouettes
surgirent, qui immobilisèrent la barque. Sénemiah sauta.
    — Vite, vite.
    Moïse souleva Tsippora et la poussa sur le
quai. Lorsqu’il la rejoignit, les marins s’éloignaient déjà. La main de Moïse
pressa les reins de Tsippora. Ils coururent sur des dalles où résonnèrent leurs
sandales. Elle n’eut que le temps de voir la barque pénétrer dans le halo
assourdi des torches. L’odeur étrange, plus intense et acre, la prit à la
gorge, et une porte se referma sans bruit derrière eux.
    — Attendez, chuchota Sénemiah. Je vais
m’assurer que tout va bien.
    Il disparut dans le noir. Habituée à
l’obscurité, Tsippora comprit qu’ils se trouvaient dans un vaste jardin. On y
entendait le murmure d’une fontaine et le bruissement de feuillages dans les
secousses d’une brise légère. Tsippora réprima une toux, la gorge irritée par
le parfum qui, ici, laissait un goût de poussière dans la bouche. Moïse
chuchota :
    — L’oliban !
    Il devina que Tsippora levait le visage
vers lui et ajouta sans élever la voix, mais avec une tendresse amusée :
    — Ce que tu sens, c’est l’encens de
l’oliban. Ma mère Hatchepsout lui a toujours trouvé de grandes vertus ! Le
jardin devant nous est planté de trente botwellias. Il semble bien que Thoutmès
n’a pas eu le courage de les lui enlever…
    Tsippora n’eut pas le temps de lui poser la
question qui montait à ses lèvres. Un lumignon se balança devant eux, un pas
s’approcha.
    — Venez, venez, tout va bien,
chuchotait Sénemiah. Le jardin était assez grand pour qu’ils s’y perdent si
Sénemiah ne les avait guidés. Une porte s’ouvrit sur un vestibule à peine
éclairé par les lanternes que brandissaient deux très jeunes servantes. Elles
s’inclinèrent bas devant Moïse en chuchotant des mots que Tsippora ne comprit
pas. Sénemiah, devant, poussait déjà une autre porte, deux fois plus haute et
ferrée d’or. Ils la franchirent, entrant dans une antichambre mieux éclairée,
tendue de tissus et où de courtes colonnes supportaient des sculptures de bois
peint, hommes et femmes à la fois, vêtues de tuniques transparentes et de
colliers de pierres bleues. Leurs bras dressés semblaient vouloir atteindre un
plafond qui se perdait dans l’obscurité.
    L’odeur était ici à peine respirable et une
fumée bleue rendait l’air opalescent. Sénemiah n’en parut pas plus incommodé
que les servantes. Il foula les tapis de pourpre, contourna les colonnes et
tira une tenture. Un flot de lumière éblouit le sol alors qu’il pliait le buste
et demeurait sans un mouvement.
    Moïse, dont le bras maintenant tremblait,
entraîna Tsippora. Quand ils parvinrent sur le seuil de la pièce qui s’ouvrait
à eux, Tsippora ne put retenir un cri, pressant les mains sur sa bouche.
    *
    * *
    Au centre d’une pièce immense et vide,
Hatchepsout était allongée sur une plaque de granit vert et redressée à demi.
Sur cette pierre, elle était nue, le pubis seulement recouvert d’une plaque
d’or. Nue, mais tout le corps brillant d’une pellicule épaisse d’huile
d’oliban, ambrée comme une résine et qui recouvrait chaque parcelle de sa
chair.
    Dans l’incandescence violente des torches,
elle semblait ainsi faite de bronze, révélant sans discrétion les décrépitudes
de son grand âge alors que le visage, qui se tournait avec effort vers Moïse et
Tsippora, était surprenant de jeunesse. Les yeux en amande, soulignés d’un
lourd trait noir, étaient

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