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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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lèvres, sut se retenir. Elle espéra que
Moïse lève les yeux vers elle, mais il se contenta, d’un signe de tête,
d’approuver avec résignation les paroles d’Aaron.
    Alors, en cet instant, Tsippora mesura à
quel point les événements précédents avaient épuisé son époux et combien les
perpétuelles interventions d’Aaron usaient son esprit et sa volonté.
    Le remords lui serra le cœur. Dans
l’effusion de cette fête d’espérance qu’on lui faisait, elle avait cru Moïse
sans besoin de son épouse. Elle s’était livrée sans retenue à la douceur de
Yokéved, inconsciente qu’elle abandonnait Moïse à l’appétit de commandement
d’Aaron et à l’intransigeance de ses certitudes. Et, déjà, Moïse retrouvait ses
tourments et ses doutes. L’assurance d’Aaron effritait l’audace et l’autorité
qu’il avait acquises pendant le voyage.
    Cependant, voulant éviter un affrontement
avec Aaron, Tsippora se tut, songeant qu’elle trouverait bientôt un moment
d’intimité où elle pourrait parler avec Moïse. Elle n’en eut pas le temps.
    *
    * *
    Dans le milieu de l’après-midi, alors que
Moïse dormait, des enfants accoururent en criant :
    — Un espion de Pharaon ! Ils ont
attrapé un espion de Pharaon !
    La cour s’emplit de monde. On amena devant
Aaron un homme d’âge mûr, petit et les sourcils épais. Il était vêtu de la
tunique commune aux Hébreux, néanmoins ses cheveux, sa bouche, et surtout ses
joues à peine ombrées d’une barbe, trahissaient sans peine l’Égyptien.
S’approchant avec Yokéved, Tsippora croisa son regard, noir et profond. Elle y
lut la peur. Il fut légèrement houspillé avant que Aaron lui demande qui il
était. Il se redressa et jaugea celui qui lui faisait face. Dans ce geste,
chacun comprit qu’un jour cet homme avait eu l’habitude d’être obéi. Il
répondit sans détour, avec bien peu d’accent :
    — Sénemiah, gardien du couloir de la
puissante Hatchepsout.
    Ces mots et l’aplomb avec lequel ils
étaient prononcés intimidèrent ceux qui criaient un instant plus tôt. Aaron
lui-même en parut ébranlé. Il quêta le soutien de Miryam, qui approchait. Plus
grande que l’Égyptien elle le toisa, d’un mouvement sec releva ses cheveux et
découvrit sa cicatrice, comme si elle voulait que l’homme puisse la contempler
tout à loisir. Elle eut un rire bref où se mêlaient le mépris et l’indignation.
    — Alors, je comprends que tu te sois
égaré, espion de Pharaon. Car ta reine n’est plus.
    — Elle vit ! protesta Sénemiah.
Sa mort n’est qu’une rumeur propagée par Thoutmès. Elle vit, je te le jure, par
Amon !
    — Ne jure pas ici avec la boue de ton
dieu ! tonna Aaron.
    Sénemiah agita les mains comme pour effacer
ces mots.
    — Pardon, pardon ! Hatchepsout ne
vous veut pas de mal.
    Miryam eut encore un rire.
    — Je connais Hatchepsout et je sais ce
qu’elle nous veut, si elle vit encore, comme tu le prétends.
    Aussi bien que Tsippora et quelques autres
qui étaient là, Sénemiah l’observa avec étonnement. Puis il se tourna vers
Aaron et déclara :
    — Je ne suis pas ici pour espionner.
Je suis venu voir Moïse.
    Un murmure de stupeur parcourut la cour.
Tsippora sentit la main de Yokéved qui se refermait sur son bras. Elle se
tourna vers la vieille femme et découvrit la peur qui déformait ses traits.
Mais avant qu’elle puisse réagir, la voix de Moïse résonna, rieuse et
chaleureuse :
    — Sénemiah ! Sénemiah ! Mon
ami !
    Les yeux encore gonflés de son sommeil
interrompu, Moïse franchissait le seuil de la maison d’un pas vif. Sans
s’occuper de quiconque, il se précipita vers le nouveau venu. Chacun, pétrifié,
put voir l’impensable : Moïse accueillait l’Égyptien dans ses bras,
l’embrassait, le serrait contre sa poitrine avec des exclamations de joie, des
caresses et force démonstrations d’affection.
    La stupeur tenait encore les bouches ouvertes
lorsque Moïse prit conscience du silence pesant. Il parcourut les visages, le
sourire d’abord hésitant, puis amusé.
    — N’ayez crainte, dit-il. N’ayez
crainte, Sénemiah est un ami. Il a été mon maître lorsque j’étais enfant, il
m’a beaucoup appris. Il m’a grondé et châtié comme un bon professeur.
    Moïse hochait la tête en riant, puis sa
main serra l’épaule de Sénemiah et sa voix se fit plus grave :
    — Et, surtout, Sénemiah m’a aidé à
fuir Thoutmès, au péril de sa vie.
    Ses mots

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