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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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premier-né à l’eau du fleuve et j’ai prié pour
qu’une femme se penche sur lui. J’ai prié pour qu’elle l’aime comme je
l’aimais. Souviens-toi, Miryam ! Apaise ta colère, mon enfant, tu as prié
comme moi. Écoutez Moïse. Sa mère Hatchepsout va aller vers son dieu, elle veut
emporter le visage de Moïse dans ses yeux. Ce n’est que justice, il n’y a pas
de mal.
    — Pas de mal ? À quoi songes-tu,
femme ? tonna un ancien. Celle d’Égypte va vers son dieu, dis-tu ?
Mais son dieu n’est que mensonge et noirceur, honte à la face de Yhwh !
    La colère allait à nouveau emporter Moïse.
Celle de Tsippora, trop longtemps contenue, explosa.
    — Êtes-vous donc incapables de
confiance ? Vous roulez dans vos bouches le nom de Moïse et celui du
Seigneur Yhwh, mais autant boire du lait coupé d’eau croupie ! Depuis des
jours et des jours, vous vous enivrez des paroles de Moïse et de celles que lui
a adressées Yhwh. Ah oui ! ivres vous l’êtes, mais sourds vous l’êtes
aussi ! Croyez-vous qu’il y ait désormais un seul geste, un seul mot que
Moïse accomplisse sans qu’il soit le fruit et la volonté du Seigneur
Yhwh ? L’Éternel a dit à Moïse : « Va ! Je t’envoie devant
Pharaon, Je serai avec toi, Je serai avec ta bouche…» Croyez-vous que cela soit
des mots en l’air, un bavardage sur lequel vous pouvez sans fin donner votre
opinion ? Depuis des jours, Moïse par sa bouche vous annonce la volonté du
Seigneur Yhwh. Et vous, vous continuez à agir comme si ses paroles n’étaient
que des paroles ! Comprenez-vous que depuis longtemps, depuis avant même
que Moïse ne parvienne en terre de Madiân, ce qui doit advenir est en
route ? Et que rien, rien ne pourra l’empêcher ? Faites
confiance ! Si l’Éternel ne voulait pas que Moïse se rende près de sa mère
Hatchepsout, celle-ci serait-elle encore en vie ? Ou alors croyez-vous que
votre Dieu n’a pas cette force ?
    À ces derniers mots, la stupeur figea les
visages. Ainsi que l’exaspération et le courroux. Celui de Miryam se déversa
sans retenue.
    — Comment oses-tu parler ainsi, toi
qui n’es pas de notre peuple ? Voudrais-tu nous donner des leçons,
étrangère ? Sais-tu que ceux de ta race se couchent devant Pharaon et
tiennent ses armes quand il l’ordonne ?
    — Miryam ! gronda Moïse. Retiens
tes paroles.
    — Tu t’es longtemps laissé emporter
par les songes de Madiân, mon frère, rétorqua Miryam, qui n’entendait pas se
taire. Et peut-être bien qu’ils ont eu leurs douceurs. Mais, aujourd’hui, tu es
de retour dans ton peuple et c’est lui que tu dois entendre. Moïse, ouvre les
yeux, écoute les anciens, défais-toi des erreurs que l’on t’a enseignées. Ceux
de Madiân ne furent pas le peuple de Joseph, ils ne sont pas le tien
aujourd’hui.
    — Ne te laisse pas aveugler par les
histoires d’un passé trop longtemps ressassé, Miryam, intervint Tsippora,
évitant à Moïse de s’embourber dans les arguties de sa sœur. Crois-tu que celui
qui doit être un dieu aux yeux de Aaron possède une épouse hors de la volonté
du Seigneur Yhwh ? Le regard du Seigneur Yhwh passerait-il à travers moi
comme la brise traverse un arbre sans feuilles ? Moi, l’épouse de Moïse,
la mère de ses fils, celle qui a circoncis Eliezer, ne serais-je qu’une ombre
ignorée par l’Éternel ?
    Il n’y eut que Miryam à soutenir son
regard, tandis que les autres baissaient les yeux. Mais, cette fois, Miryam se
tut.
    Moïse se tourna vers Sénemiah.
    — Conduis-moi près d’Hatchepsout, je
te suis. Dans sa main il tenait toujours la main de Tsippora.
    *
    * *
    Tsippora sentit l’étrange odeur alors
qu’ils étaient encore sur le fleuve, tapis dans le fond de la barque. Un parfum
poivré, charnel, animal, et qui éveillait en elle un bizarre sentiment
d’attirance et de répulsion.
    Il faisait nuit. Des torches et des coupes
de poix enflammée se reflétaient par centaines sur la surface ondulante du
fleuve. Dans leurs lueurs on devinait les murs et les toits de palais immenses,
des portiques et des quais, l’alignement régulier de sculptures dont les
visages peints et les yeux grands ouverts paraissaient soutenir la nuit.
    Sénemiah, à voix basse, prononça quelques
mots dans la langue d’Égypte. Les deux hommes qui manœuvraient la barque sans
voile répondirent d’un seul son. L’étrave de l’embarcation pointa vers une zone
où ne brillait aucune lumière.
    La

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