Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
Vom Netzwerk:
brève hésitation, il prononça quelques mots en égyptien. Les yeux d’Hatchepsout
ne semblaient déjà plus être vivants mais identiques à ceux de la statue qui
lui faisait face.
    *
    * *
    Aussi vivement qu’il les avait fait entrer
dans le palais, Sénemiah les pressa d’en sortir. Son lumignon à la main, il les
entraîna dans le jardin.
    Encore ébranlée par la vue d’Hatchepsout,
la bouche pâteuse d’avoir trop inhalé les effluves de l’oliban, Tsippora
accueillit avec soulagement la fraîcheur de la nuit. Alors que Sénemiah et
Moïse s’éloignaient dans l’obscurité, elle s’arrêta un bref instant pour
reprendre son souffle.
    Dans l’obscurité, elle devina Moïse qui se
retournait vers elle et entendit son chuchotement :
    — Tsippora !
    Elle s’élança à sa suite. Le lumignon de
Sénemiah était cependant déjà trop éloigné pour éclairer ses pas. Contrainte
d’avancer avec prudence pour ne pas se heurter aux buissons où s’accrochaient
les pans de sa tunique, elle fut vite distancée. Au lieu de se rapprocher, en
quelques secondes, le halo de lumière qui s’agitait au bout du bras de Sénemiah
s’éloigna. Il se mit à apparaître et disparaître entre ce qu’elle imagina être
des arbres, vague point de repère qui l’égarait plus qu’il ne la dirigeait.
Elle dressa ses mains devant elle pour prévenir les obstacles, soudain
inquiète. À voix basse elle appela :
    — Moïse !
    Moïse ne l’entendit pas. Elle devina le
tronc rugueux d’un arbre au bout de ses doigts. S’écarta, appela d’une voix
plus forte. À ce moment-là, et beaucoup plus près qu’elle ne l’imaginait, la
porte du jardin donnant sur le fleuve et le quai s’ouvrit avec un très léger
grincement. Il y eut des cris et le rougeoiement de torches qu’on agitait. Dans
leur lueur, elle vit Moïse qui dressait son bâton comme s’il s’apprêtait à se
battre. Des hommes, casqués de cuir et armés de lances, l’entourèrent et le
dissimulèrent à la vue de Tsippora. La voix de Sénemiah s’éleva, couvrant les
autres. Tsippora s’entendit hurler : « Moïse !
Moïse ! » Son cri la tira de l’hébétude où l’avait plongée la
surprise du guet-apens.
    Elle se précipita vers la porte du jardin.
Elle n’en était qu’à quelques pas lorsqu’une silhouette surgit. Un bras
vigoureux l’arrêta, une main se posa sur sa bouche. Elle sentit la dureté des
muscles qui la plaquaient contre une poitrine d’homme, encore imprégnée de
l’eau du fleuve. L’inconnu l’attira sans ménagement au plus profond de la nuit.
Sur le quai on criait encore, et les torches agitées jetaient des ombres folles
contre la porte, qui se referma brutalement.
    Le noir revint tout entier dans le jardin.
Tsippora, saisie de fureur autant que de peur, agrippa la tunique humide de son
agresseur, planta ses ongles dans une épaule ou un bras, lançant de coups de
talon au hasard. Un instant qui lui parut bien long, elle se contorsionna en
vain. Ce n’est qu’à bout de souffle, contrainte de cesser sa lutte inutile,
qu’elle perçut le chuchotement à son oreille :
    — Tout doux, Tsippora, tout
doux ! Je ne te veux pas de mal ! Je suis Josué. Un ami d’Aaron. Tout
doux, calme-toi !
    Ses doigts relâchèrent la tunique qu’elle
déchirait, l’étreinte qui la retenait se desserra. L’inconnu lui libéra la
bouche et répéta :
    — N’aie crainte, je suis là pour
t’aider.
    Elle ne pouvait voir ses traits, à peine
devinait-elle sa silhouette. La voix et la lutte, néanmoins, lui disaient que
l’homme devait être jeune. De l’autre côté du mur du jardin on entendait les
appels et des bruits d’armes. Des lueurs orangées se mouvaient dans le ciel.
Josué saisit par le coude Tsippora et voulut l’entraîner. Elle protesta :
    — Il faut aider Moïse et Sénemiah…
    Josué à nouveau plaqua sa main sur sa bouche,
cette fois avec douceur, et même une sorte de timidité.
    — Chuut ! Ne crie pas !
Suis-moi…
    Il l’attira vers le mur, la conduisant à
l’opposé de la porte. Là, il lui prit la main, lui fit palper une sorte de
marche ronde et murmura :
    — C’est le socle d’une statue. Les
bras de la statue sont assez solides pour que l’on puisse s’y agripper.
    Alors qu’elle posait déjà le pied sur le
socle, il ajouta :
    — Avant le sommet du mur il y a un
rebord, on peut s’y tenir.
    À tâtons, Tsippora grimpa. Elle devina plus
qu’elle ne vit

Weitere Kostenlose Bücher