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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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ne diminuèrent en rien l’embarras
qui l’entourait. Son regard chercha celui de Tsippora. Avec douceur, elle
s’écarta de Yokéved qui retenait encore son bras et s’approcha de lui.
    Miryam disait :
    — Moïse, nous n’avons pas d’amis chez
les Égyptiens. Ils font semblant d’aider un jour, ils trahissent le lendemain.
    Aaron approuva d’une grimace
suspicieuse :
    — Et pourquoi porte-t-il nos
vêtements ?
    — Parce que je fuis Thoutmès et ses
espions, répliqua sèchement Sénemiah, chez qui on ne décelait plus aucune
crainte. Et parce que c’était la seule façon de parvenir jusqu’à Moïse.
    — Et que lui veux-tu, à Moïse, qui te
rende si courageux que tu te faufiles comme une anguille chez nous, les
esclaves ? demanda Miryam.
    Il y eut des rires et des quolibets pour
soutenir le sarcasme de Miryam. Moïse leva la main, le visage dur :
    — J’ai dit que Sénemiah est mon
ami ! Laisse-le parler et ne lui manque pas de respect.
    Miryam ferma les paupières comme si Moïse
venait de la souffleter. Tsippora, fascinée, ne pouvait détacher les yeux de ce
visage terrible, dur et clos, où la cicatrice semblait s’assombrir, vivante et
menaçante.
    Les anciens maintenant entouraient Aaron et
formaient autour de sa sévère silhouette un halo majestueux de barbes blanches.
D’une voix pressante Sénemiah s’adressa à Moïse :
    — Hatchepsout est vivante. Elle
t’attend. Elle veut te voir.
    Moïse étouffa un cri.
    — C’est un piège de Pharaon, intervint
Miryam en désignant Sénemiah. Comment sais-tu qu’il ne ment pas ?
    Moïse n’eut pas l’air de l’entendre, pas
plus qu’il ne sentit Tsippora glisser sa main dans la sienne.
    — Ainsi, c’est vrai !
murmura-t-il. Elle est vivante ?
    — Thoutmès la maintient dans la villa
des boswellias, qui est aussi close qu’un tombeau. Mais elle est vivante. Pour
quelques jours encore. Elle attend de te voir pour mourir, Moïse.
    Plus lourd encore, le silence pesait
alentour. Tsippora, à travers leurs mains jointes, perçut le tremblement de
Moïse, indifférent à l’humeur qui l’entourait. Il tressaillit lorsque Miryam
affirma :
    — Tu ne peux y aller, c’est
impossible.
    Les anciens approuvèrent d’un murmure,
hochant la tête.
    — Il n’est plus temps, intervint Aaron
à son tour. C’est fini, Moïse, tu n’es plus de l’Égypte.
    Tsippora lut l’horreur et l’incompréhension
sur les visages, ceux des anciens, d’Aaron et de Miryam, et aussi ceux des
villageois. Comment Moïse pouvait-il hésiter ? Comment Moïse pouvait-il
écouter l’Égyptien, prêter attention à ses mots ?
    Pourtant, Moïse regardait Sénemiah et
demandait :
    — Elle a donc su que je
revenais ? Sénemiah opinait et ajoutait, la voix pressante :
    — Depuis plus d’une lune. C’est ce qui
la tient en vie. Mais nous devons partir sans tarder. Tout est arrangé pour que
tu puisses entrer dans la villa cette nuit. Demain, il sera trop tard.
    — Moïse ! Moïse ! s’écria
Miryam. Qu’as-tu à faire de celle qui t’a volé à Yokéved, ta mère ?
Qu’as-tu à faire de celle qui a volé ta vie et que Yhwh va châtier
demain ?
    Moïse recula sous la violence des mots. Il
eut conscience de la main de Tsippora dans la sienne et s’y agrippa, alors
qu’Aaron faisait un pas en avant, le bras levé.
    — Miryam dit vrai, Moïse ! Mon
frère, oublies-tu ton devoir ? Que t’importe celle qui fut Pharaon ?
C’en est fini. Tu n’es plus de là-bas.
    Autour d’Aaron les vieillards grondèrent
leur accord, et l’un d’eux déclara :
    — Cela serait une insulte pour nous
tous.
    — Une insulte ? riposta Moïse, la
voix lourde comme une pierre. Une insulte que je voie celle qui m’a recueilli
et gardé en vie alors que j’étais nourrisson ?
    Il leva la main qui serrait toujours celle
de Tsippora et l’agita, plein de fureur.
    — Ma mère Yokéved n’a-t-elle pas
refusé la mort programmée par Pharaon pour que je vive ? Et pour que je
vive, n’a-t-il pas fallu l’amour d’une autre mère ? Où voyez-vous
l’insulte dans tant d’amour, vénérables anciens ?
    Un silence de glace lui répondit. Miryam,
le feu dans les yeux, joignit les poings comme si elle voulait les abattre à la
manière d’un marteau. La main de Yokéved se posa sur les siennes. La vieille
femme se tourna vers Aaron et les anciens.
    — Écoutez la parole de Moïse. Ce qu’il
dit est juste. J’ai confié mon

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