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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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massacre, on détruit nos
maisons, mais toi…
    Miryam eut un méchant sourire en direction
de Josué, qui baissa le front.
    — Mais toi, il y a toujours une bonne
âme pour te secourir.
    Tsippora soutint son regard, mais refusa de
répliquer.
    — Miryam, intervint doucement Yokéved,
l’inquiétude te rend injuste, et l’injustice n’apaise aucune plaie.
    Miryam lui jeta un regard dur, une réplique
sur les lèvres. Elle se contint pourtant et haussa seulement les épaules. Dans
son dos, au seuil de la pièce, Tsippora vit que les anciens avaient quitté
leurs nattes pour écouter.
    — Mon époux et Aaron seront de retour
ce soir, assura-t-elle. Ils ne sont pas dans les geôles de Pharaon, mais devant
lui !
    — Qu’en sais-tu ? L’Égyptien a
trahi, comme je l’avais prévu. Tu as poussé Moïse dans le piège. Mais tu veux
toujours en savoir plus que nous !
    — L’Égyptien n’a pas trahi, Miryam. Il
est mort de la main des soldats de Pharaon.
    — C’est vrai, confirma Josué d’une
voix presque ferme.
    L’exaspération de Miryam grandit. Sa
cicatrice palpitait avec la force d’un animal. Sa beauté en cet instant était
si grande et si terrible que Tsippora ne put s’empêcher de se détourner.
    Elle entendit le cri de dépit de la sœur de
Moïse qui se méprenait sur ce geste, le frottement de ses sandales sur le sol
tandis qu’elle se précipitait hors de la pièce. Tsippora bondit derrière elle
et, du seuil de la maison, lança, avec tant de rage que les anciens
reculèrent :
    — Miryam ! Miryam ! Quand tu
me vois, moi, Tsippora la Kouchite, la fille adoptive de Jethro, tu vois une
étrangère. Une femme noire de peau et qui n’est fille ni d’Abraham, ni de
Jacob, ni de Joseph.
    Oui, oui c’est vrai. Cependant, ce n’est
pas une créature de Pharaon que tu as devant toi. Ce n’est pas une ennemie.
C’est l’épouse de ton frère !
    *
    * *
    Au crépuscule, on entendit des cris, un
grand brouhaha de voix : Moïse et Aaron étaient là, fêtés et caressés par
tout le village. Il fallut un long moment avant que Moïse, à demi porté par la
foule, parvienne jusqu’à la maison de Yokéved et puisse serrer Tsippora entre
ses bras.
    — J’ai eu peur, grand-peur pour
toi ! murmura-t-il à son oreille, tandis qu’autour on le réclamait.
    — Josué était là, il s’est occupé de
moi. Mais Sénemiah…
    — Oui, il n’a pas hésité, il s’est
porté au-devant des lances. C’était inutile. Il n’a pas compris que je ne
craignais rien.
    — Pharaon l’aurait abattu, de toute
façon.
    — Hélas, Thoutmès est devenu cruel et
sans remords. Pire que ses ancêtres.
    Moïse la serra plus fort contre lui et, au
souffle lourd de sa poitrine, Tsippora comprit que la rencontre avec Pharaon
était un échec.
    — C’est terrible, murmura-t-il,
sachant qu’elle avait déjà deviné. Terrible ! Que vais-je leur dire ?
Ils ne vont pas comprendre. Déjà, Aaron ne comprend pas.
    Tsippora n’eut pas le temps de lui répondre
d’un baiser, d’un encouragement. Les anciens, les jeunes, les femmes, les
enfants, ceux qui revenaient des chantiers, les visages creusés, les mains et
les pieds recouverts de boue, par endroits assombris de sang séché, là où les
cordes des palans et des treuils, les pieux, les pierres avaient déchiré la
peau, tous étaient là qui voulaient entendre Moïse, qui l’arrachèrent de ses
bras en criant :
    — Raconte, Moïse, raconte ce qu’a dit
Pharaon ! Moïse les contempla, les yeux brillants, et ils surent eux aussi
que les nouvelles était mauvaises. Les cris s’estompèrent. Moïse dit :
    — Aaron va vous raconter. C’est lui
qui a parlé devant Pharaon.
    Et Aaron raconta, et raconta bien. Sans
omettre un détail, il dit comment on les avait traînés devant le siège d’or de
Thoutmès, comment lui, Aaron, avait annoncé la volonté de Yhwh. À quoi Pharaon
avait répondu :
    — Qui est ce Yhwh, pour que j’écoute
sa voix et renvoie mes esclaves ? Je ne connais aucun roi de ce nom, rien
de rien qui puisse m’ordonner quoi que ce soit !
    Et de crier que Moïse voulait réduire les
Hébreux, cette racaille, à la fainéantise. Moïse s’était énervé et avait menacé
Pharaon de la colère de Yhwh, de la peste et de l’épée de l’Éternel, qui le
châtierait s’il persistait dans son refus de libérer les fils d’Israël. Pharaon
avait ri.
    — Moïse, je te connais ! Je te
connais si bien que tu as

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