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Tsippora

Tsippora

Titel: Tsippora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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courant, mais cette
fois ce sera plus facile, il suffira de le suivre. On ne risque guère :
les barques de joncs sont si petites que, la nuit, on nous confond avec les
troncs d’arbre à la dérive. Ou des crocodiles.
    — Des crocodiles ? Josué eut un
petit rire.
    — Ne crains rien. Il n’y en a pas par
ici. Pas à cette saison.
    — Tu sembles bien joyeux ! Moïse
est entre les mains des soldats de Pharaon et tu plaisantes.
    — Grâce à toi, répliqua Josué avec
tout l’enthousiasme de sa jeunesse. Je t’ai écoutée, au village, j’ai aimé ce
que tu disais. J’ai aimé que tu nous montres ta confiance dans Moïse. Et je te
crois. Oui, je pense que tu as raison. Moïse va accomplir la mission pour
laquelle Yhwh l’a envoyé parmi nous. Et nous, notre devoir est de l’aider de
notre mieux, pas de craindre notre ombre. C’est ce que les vieux ont bien du
mal à comprendre. Mais ça viendra.
    En quelques mots et un sourire lumineux Josué
venait d’effacer la tristesse et les doutes qui lestaient Tsippora depuis
qu’elle avait vu Moïse entre les soldats de Pharaon. Même l’éprouvant adieu
qu’il avait fait à sa mère Hatchepsout semblait déjà lointain.
    — Je te remercie.
    — Oh, de rien ! rétorqua Josué
avec un petit rire. Qu’y a-t-il de plus agréable que de savoir que bientôt le
monde sera moins injuste ?
    Déjà il s’accroupissait sur le sommet du
mur et se laissait glisser de l’autre côté.
    — Viens, il faut filer maintenant.
    Cependant, au moment où ils rejoignaient la
barque de joncs, Josué posa la main sur l’épaule de Tsippora, très sérieux,
cette fois :
    — Tu dois savoir… Au village, tout le
monde ne pense pas comme moi. D’autant que les soldats en ont profité pour
saccager quelques maisons. Tu peux être certaine que Miryam va être furieuse.

 
La cicatrice
    Josué ne s’était pas trompé. La fureur de
Miryam fut terrible, aussi terrible que si, à elle seule, elle eût voulu égaler
la colère d’Horeb.
    Tsippora et Josué parvinrent à la porte du
village un peu après l’aube. Le silence et les visages détournés les
accueillirent dès qu’ils s’avancèrent dans les ruelles. Lorsqu’ils parvinrent
sur la petite place, Tsippora découvrit les anciens, accroupis sur des nattes
tout le long des maisons. La bouche pincée dans les barbes, les bâtons dressés
entre leurs doigts tavelés et osseux, ils levèrent vers elle des regards
menaçants.
    Si Josué ne l’avait encouragée à avancer
d’une amicale poussée, peut-être Tsippora n’aurait-elle pas eu le courage
d’aller jusqu’à la porte de Yokéved. Par bonheur, Yokéved l’accueillit avec son
inépuisable tendresse :
    — Tsippora, ma fille ! Enfin tu
es de retour. Comme je suis heureuse !
    Dans l’embrassade, les rires teintés de
larmes, Yokéved murmura :
    — Je n’ai pas craint pour mes fils.
Mais pour toi, oui. Les soldats de Pharaon détestent ceux de Kouch. J’ai dit à
Josué : « Va voir si Tsippora n’a pas besoin de toi. » Nul n’est
plus débrouillard et dévoué que ce beau garçon !
    Yokéved, tout sourire, adressa une caresse
à Josué, qui rougit autant qu’un piment. Mais, déjà, avant même de demander ce
qu’étaient devenus Aaron et Moïse, Yokéved la pressait de rejoindre ses
enfants.
    — Gershom a été sage comme une étoile
de l’Éternel. Pas un rire, pas une grimace. Mais Eliezer te réclame. Sans toi,
rien au monde ne parvient à contenter ce petit prince.
    Tandis que Tsippora réconfortait Eliezer,
le cajolant, baisant ses larmes et ses rires, Miryam surgit dans la pièce, la
voix tonnante.
    — Eh bien, es-tu heureuse, fille de
Jethro ?
    La surprise redressa si violemment Tsippora
qu’elle manqua de laisser échapper son enfant.
    — Es-tu satisfaite ? répéta
Miryam, le fiel dans les yeux tout autant que sur les lèvres. Mes frères sont
dans les geôles de Pharaon, à présent.
    La violence du reproche eut l’effet d’un
vinaigre sur Tsippora. Elle reposa Eliezer entre les mains de Yokéved, qui eut
un petit signe d’encouragement signifiant : « Demeure calme, ma
fille, demeure calme. Ce ne sont que des mots dictés par la peur. »
    Tsippora, incertaine d’être capable d’une telle
sagesse, fit l’effort de s’y contraindre. Sèchement, elle répondit :
    — Tu sais ce que je pense, Miryam, à
quoi bon cette dispute ?
    — Oh ! Voilà qui t’est
facile ! Nous, on nous emprisonne, on nous

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