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Un bateau pour l'enfer

Un bateau pour l'enfer

Titel: Un bateau pour l'enfer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
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employée.
    « Quoi ? »
    Schröder crut que le sol se dérobait sous ses pieds.
    « Ce n’est pas possible ! Vous êtes certain que l’ordre émane du palais ?
    — Absolument. »
    Ostermeyer lui remit un document rédigé en espagnol où apparaissaient nettement le nom et la signature du président Brù.
    « Voyez vous-même.
    — Mais c’est insensé ! Qu’est-ce qui a bien pu motiver ce changement ? Et cette soudaineté ? Pourquoi ? »
    En réalité, ces questions que se posait Schröder ne servaient qu’à libérer l’extraordinaire tension qui venait de l’envahir. Il connaissait parfaitement les réponses. Il avait toujours pressenti que telle serait la conclusion.
    Il mit quelques minutes avant de se ressaisir :
    « Prendre la mer sans nous ravitailler serait pure folie ! »
    Tandis qu’il s’exprimait, on pouvait voir le léger tremblement qui s’était emparé de ses mains.
    « Je descends à terre, lança-t-il avec brusquerie.
    — Où allez-vous ?
    — Chez Clasing d’abord, au palais présidentiel ensuite ! Je vais engager des poursuites contre le gouvernement cubain ! Mais avant cela… »
    Il s’installa à son bureau et rédigea une note qu’il remit à Ostermeyer.
    « Veillez à ce que ceci soit affiché sur le panneau d’informations, afin que tous les passagers en prennent connaissance. »
    Il se leva et, tout en se dirigeant vers la porte, il ajouta :
    « Je vous confie le bateau, Klaus. Prenez-en soin. »
    L’officier acquiesça tout en se demandant si son supérieur n’avait pas perdu la tête : Poursuivre le gouvernement cubain en justice ?
     
    Dan Singer fut le premier à découvrir la note rédigée par Schröder. La foudre tombant à ses pieds ne lui eût pas fait plus d’effet.
    Il serra très fort la main de Ruth et dit, la voix cassée :
    « Que l’Eternel nous protège… »
    Ruth mit ses lunettes et lut à voix haute :
    « “Le gouvernement cubain nous a donné l’ordre d’appareiller. Sachez que notre départ ne signifie pas la rupture des discussions. Mais en nous éloignant de La Havane, nous permettrons à ceux qui en ont la responsabilité de mieux défendre notre cause et de poursuivre plus sereinement leur combat. Durant ce temps, je m’engage à conserver le navire à proximité des côtes américaines.” Mais tout n’est pas perdu, s’exclama-t-elle. Tu vois bien. »
    Elle cita :
    « “Notre départ ne signifie pas la rupture des discussions.” Tant que l’on ne nous impose pas de rentrer à Hambourg, tout reste possible. »
    Dan approuva faiblement. Il était inutile d’inquiéter outre mesure son épouse. Un méchant pressentiment lui soufflait que ce départ représentait le commencement de la fin. Une fin dont il avait encore du mal à définir les contours, mais qu’il entrevoyait lourde de ténèbres.
    La voix de la petite Brigitta Joseph, dix ans, les fit sursauter. Elle demanda :
    « Qu’est-ce qu’il y a d’écrit ? Nous débarquons ? »
    Ruth hésita avant de lui répondre :
    « Pas encore. Nous allons faire une excursion le long des côtes de Floride.
    — Génial ! » s’exclama la fillette.
    Et elle courut prévenir ses camarades de jeux.
     
    En écoutant la diatribe de Schröder, Luis Clasing se fit la même remarque que Klaus Ostermeyer : Le capitaine n’avait plus tous ses esprits . Il prit une profonde inspiration et rétorqua :
    « Vous n’aurez pas accès au président. Ils ne vous laisseront même pas approcher de son bureau. »
    Aux côtés de Clasing se tenait le Dr José Tamora, l’avocat de la compagnie. Il surenchérit :
    « M. Clasing a raison. De plus, sachez que sur un plan strictement juridique, nous n’aurions aucune chance de gagner.
    — C’est ce que nous verrons ! Conduisez-moi au palais présidentiel ! J’ai déjà rencontré Maymir, le secrétaire de Brù, il me recevra. »
    À bout d’arguments, les deux hommes se résignèrent.
    Une trentaine de minutes plus tard, ils accédaient au bureau de Juan Estevez Maymir.
    « Il faut que je voie le président Brù. »
    Le secrétaire afficha une moue désolée.
    « Je crains, capitaine, que ce ne soit pas possible. Le président a un emploi du temps très chargé.
    — Parfait. J’attendrai. »
    Maymir secoua la tête.
    « C’est inutile.
    — Inutile ? Neuf cents personnes sont sous ma responsabilité ! Neuf cents vies humaines qui, à vos yeux, ne valent guère plus que du

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