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Un bateau pour l'enfer

Un bateau pour l'enfer

Titel: Un bateau pour l'enfer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
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provenance des États-Unis pourront collaborer avec leurs collègues cubains, approuvés par le gouvernement cubain. Les frais d’éducation ne seront en aucun cas à la charge du gouvernement cubain.
    4. Le Comité de secours juif, ou l’organisme cubain qu’il désignera, décidera du lieu le plus propice à l’installation de ces centres éducatifs, en accord avec le secrétaire des Haciendas. [ … ]
    5. Tous les réfugiés mâles du Saint-Louis, âgés de plus de vingt et un ans, seront tenus de se présenter tous les trois mois, soit auprès du secrétaire des Haciendas, soit auprès des commissariats de police en fonction de leur lieu de résidence.
    Dans le cas où le projet ci-dessus rencontrait l’approbation de Votre Excellence et si Votre Excellence décidait d’autoriser les passagers du Saint-Louis à débarquer sur le sol cubain, nous lui accordons toute notre confiance afin que le débarquement ait lieu dans les délais les plus brefs étant donné les conditions dans lesquelles se trouvent les réfugiés.
    Vous trouverez, en annexe, une liste des passagers qui pourrait faire l’objet de quelques modifications. Ci-joint aussi la liste des organisations américaines que le Comité de secours juif représente officiellement.
    […]
    Agréez, je vous prie, l’expression de nos profonds respects et de notre très haute considération .
    Cecilia Razovsky
    Secrétaire et directrice du Comité
    national de coordination pour l’aide
    aux réfugiés et émigrants
    en provenance d’Allemagne
     
    Lawrence Berenson
    Avocat conseil du Comité national
    de coordination pour l’aide
    aux réfugiés et émigrants
    en provenance d’Allemagne
     
    Satisfait, Berenson regagna son hôtel. Pour lui, les choses étaient en bonne voie. Cette séance de travail avec le ministre de l’Agriculture et ses conseillers l’avait convaincu que désormais ce n’était plus qu’une affaire d’argent.
    Il faisait fausse route. Comme nous le constaterons plus tard, l’argent ne fut qu’un prétexte. Un leurre.
    Aux alentours de midi et demi, alors qu’il déjeunait en compagnie de Cecilia Razovsky au Miami, l’un des restaurants les plus cotés de La Havane, il vit débouler en trombe l’avocat du Comité de secours, le Dr Bustamente.
    L’homme était surexcité :
    « Venez immédiatement ! Allons à votre hôtel !
    — Mais qu’est-ce qui vous arrive ?
    — C’est de la plus haute importance. Je vous expliquerai. Venez ! »
    Lorsqu’ils s’engouffrèrent dans le hall du Sevilla-Biltmore, une autre surprise, et de taille celle-là, attendait Berenson.
    Un homme les guettait, qui n’était autre que Manuel Benitez Jr., le fils du funeste directeur de l’Immigration. Un physique de play-boy, doublé d’une réputation exécrable. Il occupait les fonctions de chef de la police de la circonscription de Pinar, dans la province de Rio. Lors de la révolution des Sergents [62] , en 1933, le jeune Benitez avait pris fait et cause pour Batista et était resté depuis son indéfectible allié, agissant même parfois comme son auxiliaire personnel.
    Il désigna un coin tranquille et les trois hommes prirent place.
    « Avant toute chose, j’aimerais m’excuser pour le comportement de mon père. Je peux vous assurer qu’il n’a fait qu’écouter son cœur. Il ne cherchait qu’à sauver des vies humaines. C’est tout. »
    Berenson balaya le commentaire d’un geste indifférent et questionna :
    « Que voulez-vous de moi ?
    — Le président m’a chargé de négocier. Je…
    — Voulez-vous répéter ?
    — Le président m’a chargé de négocier. Pourquoi cet étonnement ? Je peux trouver une solution à votre problème.
    — Ah ?
    — Pour un million de dollars.
    — Quoi ? »
    L’attitude sirupeuse que Benitez avait utilisée en préambule se transforma d’un seul coup. Il cria presque :
    « Ne m’interrompez pas ! Et ne me faites pas croire que vous ne disposez pas de cette somme. Vous l’avez ! Là ! Vous n’avez qu’à mettre la main dans votre poche. »
    Berenson se dit qu’il devait faire un mauvais rêve ou qu’il était face à un fou.
    L’autre poursuivait :
    « Je peux m’arranger pour faire en sorte que vos passagers débarquent à l’île des Pins. »
    Il lança :
    « Quatre cent cinquante mille dollars ! »
    Tout à coup, la somme était réduite de plus de la moitié.
    « Arrêtez ! Vous plaisantez, j’espère ?
    — Pas le moins du

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