Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un bateau pour l'enfer

Un bateau pour l'enfer

Titel: Un bateau pour l'enfer Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
Vom Netzwerk:
Par conséquent, et au regard de la loi, nous sommes désarmés.
    M : Je vois.
    H : Ensuite, l’ambassadeur cubain m’a laissé entendre que le problème essentiel se résumait à une affaire de financement. Et que selon lui – mais qu’il ne fallait pas en faire état pour l’instant…
    M : Oui.
    H… Il pensait qu’une solution était envisageable.
    M : Hmm… Hmm…
    H : Je pense que les organisations juives qui vont gérer l’aspect financier possèdent un ou deux représentants à La Havane en ce moment et qu’ils sont en rapport avec eux.
    M : Je n’en suis pas si sûr. Il semblerait qu’il y ait beaucoup de confusion.
    H : C’est aussi l’opinion de l’un de mes hommes là-bas. Mais je crois qu’ils résoudront le problème financier. Le financement sera certain.
    M : Bon, mais à propos de…
    H : Ce que je veux dire, c’est qu’ils ont de grandes chances de réussir. C’est ce que j’essaie de dire.
    M : Bon. Mais supposons… Ne pourrions-nous pas suggérer que le Joint envoie quelqu’un chez vous, de manière à ce qu’il soit en prise directe ?
    H : Oui. Mais nous ne pouvons leur dire que ce nous savons de l’affaire. Le problème doit être suivi par leur représentant à La Havane. Il faut qu’ils délèguent quelqu’un là-bas.
    M : Vous croyez qu’il serait préférable d’agir là-bas plutôt que d’agir d’ici ?
    H : Oui. Nous ferons ce que nous pouvons, vous comprenez, selon les circonstances. Mais ils ont besoin d’un homme là-bas qui sache comment mettre au point le financement de tout ça.
    M : Je vois…
    H : C’est le problème principal.
    M : Et ce serait mieux d’avoir quelqu’un là-bas, plutôt qu’ici ?
    H : C’est mon impression. Mon impression. Je suggère qu’il prenne cette suggestion en considération.
    M : Je vois…
    H : Si elle est valable, ou si elle ne l’est pas…
    M : Je pensais que… enfin, si nous avions ici un homme comme Paul Baerwald [69] , ou quelqu’un d’autre.
    H : Ouais.
    M : De manière à ce qu’il soit régulièrement informé de ce qui se passe à Cuba et ici.
    H Oui. Seulement – voyez-vous, c’est une affaire entre Cuba…
    M : Je vois…
    H : … entre le gouvernement cubain et ces gens.
    M : Je vois…
    H : Et pas entre ce gouvernement [celui des États-Unis].
    M : Je vois. Et pour cette histoire des îles Vierges ?
    H : Je crois ce que m’a dit mon ami. C’est la raison pour laquelle il leur faut rester proches du gouvernement cubain.
    M : Hmm… Hmm. Voyez-vous un inconvénient à ce que je vous rappelle demain ?
    H Pas du tout, monsieur. Je continue à m’en occuper du mieux que je peux.
    M : Et je peux vous rappeler ?
    H : Oui, monsieur. Quand vous voudrez.
    M : Merci !
    H : Ouais.
    M : Merci !
    À quinze heures trente, ce lundi, le président Brù donna une conférence de presse au cours de laquelle il rappela les conditions précises qu’il avait soumises au Comité de secours juif. Une fois celles-ci dûment remplies, les réfugiés pouvaient être autorisés à s’installer sur l’île des Pins.
    Le président ne crut pas utile de répéter la phrase sibylline qu’il avait prononcée lors de son rendez-vous avec Berenson : « Quarante-huit heures ! En quarante-huit heures, je peux le faire revenir. » De toute évidence, il n’avait pas encore étudié le projet de l’avocat. L’examina-t-il jamais ?
    Aux journalistes qui lui demandèrent de commenter cette déclaration, l’avocat new-yorkais répondit : « Les propos du président sont inspirés de sentiments humanitaires et ils émanent d’un grand homme d’État. »
     
    Là-bas, à l’ombre de la Floride, surveillé de jour comme de nuit par les garde-côtes américains, le navire poursuivait toujours son voyage vers nulle part. Un télégramme, signé par l’Associated Press, avait été remis à Schröder :
    VEUILLEZ NOUS INFORMER DE VOS INTENTIONS À CAUSE INTÉRÊT MONDIAL POUR VOTRE SITUATION
    Le capitaine répondit :
    MON INTENTION EST DE TOUT FAIRE POUR ATTÉNUER L’ANGOISSE CROISSANTE DE MES PASSAGERS DONT LE SEUL DÉSIR EST DE TROUVER UN ASILE
    Le second télégramme dont il accusa réception eut le don de le surprendre. Il avait été envoyé par un hurluberlu [70] new-yorkais du nom de Bernard Sandler qui s’était intronisé « sauveur du Saint-Louis ». Étrange personnage qui se targuait d’avoir été un « vétéran juif » durant la Première Guerre mondiale

Weitere Kostenlose Bücher