Un bateau pour l'enfer
passagers
933
Passagers de moins de 16 ans
162
Touristes qui partiront pour les États-Unis
25
Total :
746
746 à 500 $
373 000 $
SS Flandre
Total des passagers
103
Passagers de moins de 16 ans
20
Total
83
83 à 500 $
41 500 $
SS Orduna
Total des passagers
72
Passagers de moins de 16 ans
13
Total
57
57 à 500 $
28 500 $
Total
443 000 $
Cette somme sera réunie comme suit :
a) Par le comité new-yorkais, en liquide, et immédiatement, à la National City Bank de La Havane avec ordre de virement en faveur du Trésor cubain :
200 000 $
b) Par le Comité de secours de La Havane
50 000 $
c) Participation de 16 passagers du Saint-Louis
8 000 $
d) Participation de 50 passagers du Flandre
25 000 $
e) Participation de 14 passagers de l’Orduna
7 000 $
Total
290 000$
Le comité new-yorkais a promis de combler rapidement la différence. Soit
153 000$
Total
443 000$
Toute somme supplémentaire qui pourrait être obtenue par l’intermédiaire des parents des réfugiés qui se trouvent à bord des différents navires, ira au bénéfice du Trésor cubain et servira d’amortissement aux 200 000 $ qui auront été versés par le comité de La Havane.
Le Saint-Louis pourrait ne pas débarquer à La Havane, mais à l’île des Pins, à Matanzas ou à Cienfuegos.
Le lendemain, il remettrait le document à Bustamente qui le traduirait et le transmettrait au major Bernardo Garcia afin que celui-ci le remette à Brù.
Une infime erreur s’était glissée dans ses calculs. Il n’y avait pas neuf cent trente-trois passagers à bord du Saint-Louis. Mais neuf cent sept.
Là-bas, sur l’écume de l’Atlantique, le paquebot errant venait d’arriver à proximité de Miami.
« Personne ne savait vraiment où nous allions, dira Philip Freund. Nous étions comme une sorte de nébuleuse naviguant sans but. Personne n’avait la réponse. »
« Nous voyons la côte, note Dublon, la côte et les hôtels de luxe, les grands immeubles et les routes bordées de palmiers qui scintillent sous le soleil.
« De luxueux canots à moteur fendent les vagues, il y a des gens qui font du ski nautique ; certains nous font des signes ; nous ne pouvons que les envier.
« Là-haut, dans le ciel, un avion tourne au-dessus de nous. Nous sommes devenus un objet de curiosité. « […] Pas de nouvelles du Joint aujourd’hui. Sans doute parce que nous sommes dimanche ; à moins que les représentants soient chez le président pour discuter de notre destin. »
« Tout à coup le bateau a fait un grand demi-cercle, racontera Herbert Karliner, et c’est alors que j’ai vu pour la première fois Miami. Les splendides hôtels, le sable de la plage, les voitures qui roulaient au loin. Vous me croirez ou non, mais à cet instant je me suis promis que si jamais je revenais ce serait là que je viendrais vivre. »
Les premiers garde-côtes américains venaient de surgir.
À la manière de chiens de garde, ils se rangèrent dans le sillage du navire.
STRICTEMENT CONFIDENTIEL
Ce dimanche, neuf heures, l’ambassadeur m’a téléphoné pour me dire que Berenson venait de le contacter, qu’il semblait en plein désarroi, et qu’il souhaitait nous voir tous les deux dans les plus brefs délais pour nous demander des conseils. Il ne souhaitait pas que cette rencontre se déroulât dans les locaux de l’ambassade, alors j’ai proposé que nous nous retrouvions à mon domicile. L’ambassadeur et lui sont arrivés à neuf heures trente. Berenson nous a alors exposé les difficultés auxquelles il était confronté. Le président exigerait désormais une caution de cinq cents dollars par passager, ce qui fait approximativement un montant global de quatre cent cinquante mille dollars. En cas de refus, le Saint-Louis se verrait interdire définitivement l’accès à Cuba. À ce propos, Luis Clasing a informé Bustamente, l’avocat du Comité de secours juif, qu’il ne pourrait pas maintenir le navire dans cette situation au-delà de vingt-quatre heures. C’est-à-dire jusqu’à lundi 5 juin, seize heures. Il semblerait, par ailleurs, que Bustamente ait doublé ses employeurs en conseillant vivement au président Brù et à son entourage proche de ne pas céder sur le montant de la caution. En résumé, il apparaît que le château de cartes si laborieusement conçu par Berenson soit en train de s’écrouler. Il a demandé à l’ambassadeur d’intervenir auprès du colonel
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