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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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jour, il revint s’asseoir sur le pied du lit noblement surélevé de deux marches.
    Où était-il ? Qu’était cette demeure habitée par le silence à la manière d’un tombeau ? Qu’était cette campagne ensoleillée qu’il avait aperçue sans pouvoir distinguer autre chose qu’un reflet d’eau, une herbe brûlée et la verdure d’une forêt ? Mais, surtout, qui était cette femme ravissante qui s’était donnée à lui avec une ardeur difficile à contrefaire ?…
    Le grincement d’une clef dans la serrure lui fit relever la tête. Sourcils froncés, il regarda la dame au voile bleu faire une entrée presque aussi éclatante qu’un lever de soleil grâce à la robe de gaze jaune serin qui l’habillait et à l’extravagant chapeau de même nuance surchargé d’une floraison de pavots aux tons dégradés, d’épis de blé dorés et de grands nœuds de satin jaune qui tenait par un miracle d’équilibre sur l’échafaudage de ses cheveux, devenus d’un étonnant gris tourterelle par la magie de la dernière poudre à la mode.
    — Oh ! tu es déjà réveillé ! s’écria-t-elle en allumant un éblouissant sourire. Je pensais que tu en avais bien encore pour deux bonnes heures de sommeil. Mais tu es jeune, donc vigoureux.
    Tout en parlant elle alla déposer précautionneusement sur un tabouret le lourd plateau qu’elle portait aussi aisément que s’il eût été couvert de fleurs, lui aussi, au lieu de supporter une lourde et antique argenterie. Cela fait, elle voltigea jusqu’au jeune homme qu’elle contempla d’un air consterné.
    — Seigneur ! Mais tu es trempé. Qu’as-tu fait ?
    — Un peu de toilette ! Et maintenant si vous m’expliquiez ?
    Elle se pencha pour l’embrasser mais il la repoussa sans douceur.
    — Je vous en prie ! Nous n’en sommes plus là ! Où sommes-nous ? Qu’est-ce que je fais ici ? Pourquoi m’avez-vous joué cette grotesque comédie et, enfin, qui êtes-vous ?…
    L’innocente consternation qui se peignit sur le joli visage était un chef-d’œuvre d’art mais Gilles avait eu sa part de théâtre depuis la veille.
    — Allons, j’écoute ! fit-il impatiemment.
    — Comme tu me parles ! Pourquoi es-tu si dur ? Cette nuit tu disais mon nom assez doucement.
    — Votre nom ! Parlons-en ! Un mensonge sans doute comme tout le reste…
    — Mais non, je m’appelle réellement Anne.
    — Cela ne me suffit plus. Après ?
    Le grand cartel de Boulle posé sur la cheminée sonna deux coups et la fit tressaillir.
    — Mon Dieu ! Déjà !… Écoute, je n’ai pas le temps de te donner des explications. Sache seulement que je n’ai pas joué la comédie… pas vraiment et moins que tu ne l’imagines. C’est vrai que tu me plais et je n’aime pas que l’on abîme ce qui me plaît avant que j’aie pu y goûter. Or, si je n’avais agi comme je l’ai fait, tu serais mort à l’heure qu’il est !
    — Sottise ! Trouvez autre chose !
    — Sur la mémoire de mon père, je jure que je dis la vérité. Tu es en danger, en grand danger pour avoir offensé gravement un très haut, très puissant personnage… un personnage qui peut tout contre toi et qui ne connaît guère le pardon.
    — Qui est ce personnage ? Dites-le au moins si vous voulez que je vous croie. Son nom et l’offense qu’il me reproche !
    — C’est, dit-elle avec un soupir mais en détachant bien les mots, quelqu’un qui n’aime pas être attaqué la nuit dans les jardins et délesté de son courrier.
    — Je ne comprends pas un mot de ce que vous dites, Madame.
    — Vraiment ?
    — Vraiment ! Me ferez-vous la grâce de m’apprendre qui je suis censé avoir attaqué, où, quand, et ce que je lui ai pris ?
    Elle eut un petit rire agacé, haussa les épaules.
    — Que de temps perdu ! Très bien ! Puisque tu veux jouer au plus fin je vais répondre en quatre paroles à tes quatre questions. Monsieur, Trianon, 21 juin, une lettre… Cela te suffit ?
    — C’est de la poésie hermétique !
    — C’est l’expression de la vérité. Pendant le bal donné pour le comte de Haga, tu as attaqué le comte de Provence pour lui voler une lettre dans les jardins de Trianon…
    — Tout simplement ? L’histoire est belle mais… en admettant qu’elle soit vraie, me direz-vous comment elle aurait pu venir jusqu’à vous ? Monsieur ne me fait pas l’honneur de me connaître.
    — Je crois qu’à présent il te connaît assez bien. Et si, pour

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