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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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me croire, tu as besoin de savoir comment il a su, alors je vais te le dire : l’intrigue nouée entre la Reine et le comte de Fersen intéresse prodigieusement Monsieur. Imagine un peu que cette sotte se mêle de donner un bâtard à la France ?… Hein ? Le beau scandale ?…
    — Très beau, fit Gilles, impassible. Après ?
    — Eh bien, cela coule de source. S’intéressant au Suédois, Monsieur le fait surveiller. Tu n’imagines pas comme il est facile, avec un peu d’or ou une menace, d’obtenir l’aide d’un domestique… même dans les hôtels les mieux tenus comme l’hôtel d’York. Tu me crois, à présent ?… Oui, j’ai bien l’impression que tu me crois…
    Le chevalier ne répondit rien. Il se revoyait dans la chambre de Fersen, s’apprêtant à lui rendre la lettre de la Reine. Il revoyait aussi la camériste et le valet qui étaient entrés, portant les plateaux du petit déjeuner. Lequel avait parlé ? Lequel était à la solde de Monsieur ? Le garçon, la fille… ou les deux ?
    Anne le laissa un instant à ses pensées puis, très doucement, elle ajouta :
    — Quant à toi, tu étais attendu chez toi, hier au soir, par des hommes qui avaient ordre de ne te laisser aucune chance. Sur la mémoire de ma mère, je pourrais le jurer. Et c’est cela que je n’ai pas voulu !
    — C’est bien aimable à vous, soupira le jeune homme, mais nous sommes en plein délire. Ou alors… vous allez, dans un instant, me dire que vous m’aimez ? C’est cela, n’est-ce pas ? Vous ne m’avez jamais vu, vous ne me connaissez ni d’Ève ni d’Adam mais vous brûlez pour moi d’une inextinguible passion et vous avez tout à coup décidé de me sauver…
    — C’est à peu près cela, fit-elle calmement.
    Puis, le regard soudain plus trouble, elle vint tout contre lui, se haussa sur la pointe des pieds pour atteindre ses lèvres mais il croisa les bras et tourna le dos sans vouloir entendre le soupir qu’elle poussait.
    — Innocent ! Tu es plus connu que tu n’imagines, mon bel oiseau sauvage. On sait tes aventures en Amérique et je ne suis pas la seule femme de Paris qui souhaite coucher avec celui que la Reine appelle en riant « Seigneur Gerfaut… ». J’espérais que tu m’apprendrais comment les Indiennes font l’amour… On parle d’une princesse rouge…
    Il haussa les épaules avec rage, furieux de voir encore surgir son aventure indienne, de constater qu’elle en était à courir les alcôves et à exciter une volière de perruches en mal de sensations nouvelles. Mais il se refusa à relever le propos.
    — Je croyais que vous étiez pressée ? fit-il durement, les yeux sur la pendule.
    — C’est vrai ! Mon Dieu ! Tu as raison ! Écoute, tu ne dois sortir d’ici sous aucun prétexte. D’ailleurs tu ne le pourrais pas. Je dois partir mais cette nuit je reviendrai et je te promets de t’en dire davantage !
    — Et… vous avez l’intention de me garder longtemps dans cette boîte sans air ?
    Elle eut un sourire provocant qui alluma ses yeux sombres et fit briller sa bouche humide.
    — Tant que tu seras en danger… et que j’aurai envie de toi ! Mais rassure-toi, tu ne resteras pas longtemps dans cette maison. Je ne t’y ai amené que pour parer au plus pressé mais dans quelques jours je t’emmènerai ailleurs… dans un coin à moi, un endroit tranquille, perdu. Nous pourrons y comparer nos… talents amoureux et je ne désespère pas d’arriver à te faire oublier ta sauvagesse, car, vois-tu, il y a dans mes veines une part de sang bohémien. Cela ne se sait pas, c’est un secret de famille mais tu comprendras cette nuit même ce que cela veut dire. Je t’ai apporté à manger : restaure-toi, repose-toi afin d’être plein de forces cette nuit : tu en auras besoin !
    Elle disparut, laissant derrière elle son parfum de roses et Gilles quelque peu abasourdi. Cette femme était folle, folle à lier ! Un de ces gracieux chefs-d’œuvre de libertinage et de perversion comme on en rencontrait décidément beaucoup dans ce siècle réputé de l’élégance et de l’art de vivre ! Mais qui était-elle ? Sans doute une femme puissante pour oser contrecarrer comme elle le faisait les plans d’un comte de Provence… Seulement, qui dit puissance dit aussi danger et, même pour en savoir davantage, Gilles n’avait aucune envie de demeurer plus longtemps en son pouvoir.
    — Si elle tient tellement à faire des recherches sur

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