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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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retourna vers le visiteur. Il vit qu’elle semblait inquiète :
    — Je crains que cette visite ne tourmente beaucoup la Reine car elle m’est apparue très contrariée. Veillez, je vous prie, à la ménager.
    — Je suis comme vous-même un fidèle serviteur de Sa Majesté, Madame, et comme vous je ne souhaite que son bonheur, fit Gilles avec une froideur un peu agacée. (Cette femme était un véritable chien de garde et il devinait qu’elle eût donné beaucoup pour la joie de le faire jeter par la fenêtre sous l’inculpation d’un crime de lèse-tranquillité.) La Reine m’attend-elle ou non ?
    — Elle est là ! soupira enfin la femme de chambre en se dirigeant vers une double porte close. Elle joue au billard avec Madame la comtesse d’Ossun mais je vais tout de même vous annoncer.
    Marie-Antoinette se trouvait, en effet, dans l’agréable petite pièce que l’on appelait le « Cabinet du Fleuriste » parce qu’elle donnait sur des parterres de fleurs et où elle avait installé son billard. Elle y jouait alors avec sa dame d’atours lorsque Gilles fut introduit auprès d’elle et achevait un coup qui semblait particulièrement difficile car sa bouche se serrait et son front se plissait désagréablement…
    — Vous avez demandé à me voir, Monsieur, dit-elle froidement, sans quitter des yeux le bout de la queue d’ivoire incrusté d’or. Me voici. Parlez ! Qu’avez-vous à me dire ?
    Le salut du jeune homme fut la perfection même car la Reine aussi bien que la femme, tout à fait charmante dans une simple robe de percale blanche ornée d’un fichu de gaze et d’une belle rose, pouvaient chacune y trouver son compte.
    — Je remercie la Reine de l’honneur qu’elle veut bien me faire… mais j’avais également osé la prier de vouloir bien me recevoir seule !
    Marie-Antoinette jeta la longue canne sur le billard rouge d’un geste mécontent et se redressa, toisant sévèrement l’officier.
    — Je vous ai toujours vu avec faveur, Monsieur de Tournemine mais, en tant qu’officier des Gardes, vous devriez savoir que je m’efforce de tenir hors des limites de mon cher Trianon les affaires de l’État. Elles m’ennuient ici et assombrissent la lumière !
    — Il ne s’agit pas des affaires de l’État, Madame, mais bien de celles de Votre Majesté. C’est pourquoi j’ai osé me présenter ici.
    — Ah ! vraiment ? Et d’abord qu’est-ce que ce papier que vous m’avez fait remettre ? D’où vient-il ?
    Avec un coup d’œil à la belle jeune femme, habillée exactement comme la Reine, qui s’était retirée dans le fond de la pièce, auprès d’un vase chargé d’un grand bouquet de roses, Gilles répondit à voix contenue :
    — Du Bosquet de Vénus, Votre Majesté, où je l’ai trouvé hier, un peu après minuit…
    — Ah !
    Il y eut un bref silence au cours duquel Tournemine admira la maîtrise d’elle-même de la Reine. Si la phrase l’avait touchée elle n’en montra rien ou si peu : un léger étonnement, une imperceptible inquiétude dans ses yeux bleus un peu saillants et ce fut tout. Mais, avec un sourire charmant, elle se tourna vers Madame d’Ossun :
    — Laissez-nous, je vous prie, ma chère Geneviève. Je crois qu’il me faut, en effet, confesser seule ce jeune homme. Prenez le tonneau et faites-vous conduire au Hameau, je vous y rejoindrai tout à l’heure…
    Puis, quand la forme blanche de la dame d’atours eut glissé de l’autre côté de la porte, elle se retourna vers son visiteur mais toute trace de sourire avait disparu de son visage.
    — Eh bien, Monsieur, parlez maintenant ! Nous sommes seuls et nul ne peut nous entendre. Que savez-vous du Bosquet de Vénus et d’abord qu’y faisiez-vous ? Car c’est vous, m’avez-vous dit, qui avez trouvé ce billet ?
    — C’est bien moi. Quant à ce que j’y faisais… je m’y promenais, Madame, fit-il avec une assurance qu’il était bien loin d’éprouver – mais aucune force humaine n’eût pu lui faire avouer la mission dont l’avait chargé le Roi car c’eût été semer une déplaisante zizanie dans le ménage royal. C’est un endroit frais par les grandes chaleurs, silencieux et apaisant pour qui sent son cœur mal à l’aise. Il est doux d’y rêver…
    — Vraiment ? J’ignorais que l’on fût à ce point poète et sentimental chez Messieurs les Gardes du Corps ! Enfin, admettons. Mais maintenant parlez, Monsieur ! Qu’avez-vous à me

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