Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
qu’un salon de Versailles un soir de fête.
    — Que fais-tu donc ? souffla-t-elle.
    — Je veux beaucoup de lumière, dit-il tendrement. J’avais rêvé de t’aimer pour la première fois dans le plus beau des rayons de soleil pour qu’il n’y ait aucune ombre sur ta beauté, ni aucune dans tes yeux à l’instant où tu deviendrais mienne. Demain, je t’épouserai devant Dieu mais cette nuit, notre première nuit, je la veux éblouissante et païenne et, parce que tu es ma déesse incomparable, je veux pour toi un autel…
    Tout en parlant, il s’était rapidement débarrassé de ses vêtements. Un instant, dans le brasillement des flammes, il érigea auprès du lit illuminé son grand corps nerveux dont la peau brune modelait la puissante musculature mais montrait, roses et fragiles encore, les déchirures des récentes blessures et les sillons déjà patinés des anciennes ; puis, mettant un genou sur la soie rouge de la courtepointe, il se glissa contre la jeune fille dont les bras tendres se refermèrent étroitement autour de son cou et prit sa bouche tandis que, de sa main libre, il commençait à jouer habilement de ce superbe instrument qu’était le corps tout neuf de cette adorable fille. C’était une joie grisante et nouvelle de le sentir vibrer, se soumettre avec émerveillement. Il avait tout à lui apprendre de l’amour mais elle avait de tout temps été créée pour lui et il sentit que même si, plus tard, la vie quotidienne les opposait parfois dans ces conflits que les couples les plus unis évitent difficilement, il leur suffirait de se rejoindre au creux d’un lit et que leurs corps, du moins, seraient toujours d’accord.
    Quand, avec une attentive douceur, il s’enfonça au cœur de sa chair brûlante et douce, elle poussa un petit cri qu’il étouffa sous un baiser puis, immobile en elle, il se redressa sur ses bras tendus afin de contempler ses yeux grands ouverts. Ils étincelaient, à la fois triomphants et noyés de langueur.
    Tout bas, il souffla :
    — Je t’ai fait mal ?…
    Elle eut un sourire éblouissant qui fit briller ses petites dents blanches entre ses lèvres humides.
    — Je suis heureuse… Je t’aime !…
    — Ma femme !… Ma Judith adorée…
    Il s’allongea de nouveau sur elle, l’enveloppa de ses bras pour mieux la souder à lui et, lentement, doucement, il commença sa danse d’amour dans ce corps dont la chair s’adaptait si étroitement à la sienne qu’il ne lui était plus possible de douter qu’elle ne lui ait été destinée depuis la nuit des temps, qu’elle était véritablement l’autre moitié d’une entité plus divine et plus parfaite qu’eux-mêmes et qui était peut-être le véritable amour…
    Et le soleil rouge du plaisir à son paroxysme éclata en eux à la même seconde…
    1 .  Madame Adélaïde et Madame Victoire, filles de Louis XV qui vivaient habituellement dans leur château de Bellevue où elles cultivaient les fleurs, les livres, la cuisine, l’horlogerie et le cor de chasse!

CHAPITRE XVI
    « JUSQU’À CE QUE LA MORT NOUS SÉPARE… »
    Trois jours plus tard, dans la chapelle de la Vierge de la cathédrale Saint-Louis, Gilles de Tournemine épousait Judith de Saint-Mélaine sans le moindre apparat. Il était huit heures du soir. Seuls quelques cierges éclairaient l’église obscure et deux témoins seulement assistaient les jeunes gens : Mlle Marguerite Marjon, admirable dans une robe de soie couleur « jeune puce » et chapeau de dentelles à plumes assorties, et le baron Ulrich-August von Winkleried zu Winkleried dans son uniforme de gala. Quant au public, infiniment plus modeste, il se composait de Pongo, de Niklaus, de Berthe, la bonne de la vieille demoiselle, du jardinier rhumatisant qui, devenu l’intime de Pongo, se considérait comme de la famille, du bedeau de la cathédrale qui était là pour veiller à ce que les cierges ne brûlassent pas plus longtemps que nécessaire et du mendiant attitré de l’église qui, en l’honneur d’un mariage, jugeait utile de faire des heures supplémentaires. On avait vainement cherché à prévenir Barras. Il avait subitement disparu.
    Mais les deux fiancés étaient aussi heureux, aussi rayonnants que si leur mariage se déroulait dans la chapelle du château et en présence de toute la Cour. Ils l’étaient même infiniment plus car dans le calme de cette petite nef ils n’avaient à redouter aucune pensée malveillante, aucune

Weitere Kostenlose Bücher