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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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elle quitta la pièce sur la pointe des pieds et ce fut seulement la porte refermée qu’elle se permit un sourire plein de malice.
    — Pas folle, cette petite, marmotta-t-elle. À son âge moi aussi j’aurais préféré le lit d’un beau garçon à celui d’une vieille bique ! Et je crois bien que ce diable de chevalier est encore plus séduisant que le feu roi Louis !…
    Avant de descendre, elle écouta un instant à la porte et n’entendit rien… pour l’excellente raison que, demeurés enfin seuls, les deux jeunes gens n’avaient pu résister plus longtemps à l’élan de leur amour : ils s’embrassaient passionnément.
    Ce fut seulement quand ils se séparèrent que Judith, bien calée dans les bras de Gilles, consentit enfin à lui faire le récit de ce qui s’était passé et qui tenait en peu de mots : le matin même, à sept heures, le Procureur Chesnon, accompagné de l’Inspecteur de police de Brugnières et d’une troupe armée, avait fait irruption dans l’hôtel de Cagliostro. Surpris encore au lit, Cagliostro et sa femme avaient été arrêtés mais, tandis qu’un premier piquet emmenait aussitôt le médecin, lui laissant tout juste le temps de s’habiller, Sérafina, par égard pour son sexe, reçut permission non seulement de faire sa toilette, de rassembler quelques effets qui pourraient lui servir en prison mais encore de réunir ses valeurs dans un portefeuille, ses bijoux dans une cassette, sur lesquels le procureur, débordant d’une galanterie visiblement émoustillée par la beauté de cette femme, apposa un large cachet de cire. Après quoi, il l’engagea à fermer à clef les portes de son appartement privé et à mettre la clef dans sa poche au lieu de la remettre à sa femme de chambre comme elle en avait eu l’idée tout d’abord. Les domestiques restés dans les autres parties de l’hôtel reçurent l’ordre de calfeutrer les fenêtres et de s’en aller tandis que deux argousins veilleraient à la porte cochère jusqu’à nouvel ordre.
    — Ainsi, fit Gilles songeur, Cagliostro est arrêté ? Sous quelle inculpation, le sais-tu ?
    — Le procureur l’a dit. Cette La Motte, cette affreuse femme qui voulait être mon amie, l’a dénoncé comme complice du cardinal de Rohan dans le vol du collier ! Quelle infamie ! Il faut que cette femme soit le Diable en personne ! Pauvre comte Alexandre !… Il est si bon, si…
    — Mais au fait, et toi, où étais-tu ? coupa Gilles que ce début de panégyrique n’enchantait qu’à demi. Du côté où étaient les domestiques ?
    — Non. Ma chambre n’était séparée de celle du comte et de la comtesse que par un petit couloir obscur pris dans l’épaisseur d’un mur. On n’en pouvait sortir que par leur chambre. Le Maître voulait que je sois toujours sous sa garde…
    — Sous sa surveillance serait plus juste, non ? Qu’était-il pour toi, au juste ?
    — Un père ! fit Judith sévèrement. Il m’aimait beaucoup, il avait peur pour moi d’une foule de dangers.
    — Mais enfin, la comtesse t’a tout de même fait sortir avant de fermer à clef ?
    La jeune fille hocha la tête négativement.
    — Devant lui, elle me montrait toujours beaucoup d’amitié, d’affection même… mais je savais bien qu’elle me détestait ! Elle a dû être enchantée de me jouer un mauvais tour… à moins qu’elle ne m’ait oubliée, tout simplement. J’avoue qu’il y avait tout de même un peu de quoi !
    — Mais toi, pourquoi n’es-tu pas sortie puisque tu entendais tout ? Pourquoi ne t’es-tu pas montrée ? Tu pouvais te faire passer pour l’une des chambrières et partir tranquillement avec les domestiques.
    — Non. C’était impossible. Si je m’étais montrée, j’étais perdue…
    Elle se serra plus étroitement contre le jeune homme, posa son front contre son cou et, tout à coup, il sentit qu’elle tremblait.
    — Mais… tu as encore peur, tu meurs de peur ! murmura-t-il navré en couvrant de baisers le petit visage où les larmes s’étaient mises à couler de nouveau. Et tu pleures !… Mon Dieu, qu’est-ce que je peux faire ?…
    — Rien, rien, mon amour ! mais il faut que tu saches : du couloir de ma chambre non seulement je pouvais entendre mais je pouvais entrevoir les gens qui étaient avec la comtesse. Il y avait là un homme… un exempt de police qui ne me connaissait que trop et dont la vue m’a fait défaillir un moment !
    — Un exempt de police ?

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