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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Maria-Luisa l’attendre en vain au rendez-vous de la nuit. Mais connaissant son caractère imprévisible, il se ravisa. Elle était très capable d’une sottise qui les perdrait tous les deux. Puis il songea que ce grand feu dont elle brûlait pour lui ne pouvait durer encore bien longtemps. La paille brûle bien mais ne tient guère. En outre, la princesse ne pouvait jouer éternellement les malades pour écarter le prince Charles de son lit… Le mieux serait peut-être d’avoir avec elle une bonne et claire explication. Après tout il n’y avait aucune raison pour qu’elle lui refusât un bref voyage à Madrid, ne fût-ce que pour qu’il pût se rendre compte par lui-même de l’étendue et de l’exactitude des potins dont les mendiants aveugles se faisaient l’écho…
    Mais une explication avec la tumultueuse princesse était la chose la moins aisée du monde. À peine Gilles eut-il ouvert la bouche sur le sujet qui lui tenait à cœur qu’elle jeta feux et flammes, criant sans plus se soucier d’être entendue qu’il voulait seulement courir la Pradera et que les fameux bruits n’étaient qu’un mauvais prétexte.
    — Qui pourrait savoir que nous nous retrouvons ici la nuit ? Seule Fiametta est au courant et elle se ferait tuer plutôt que me trahir.
    — De toute façon nous ne pouvons continuer ainsi très longtemps. Vous n’allez pas, j’imagine, passer votre vie dans votre lit ?
    — J’y resterai le temps qu’il me plaira et je ne vois pas qui pourrait m’en dénier le droit ?
    — Le Roi, par exemple… Il peut trouver étrange pour une malade la mine superbe que vous avez.
    — Je suis enceinte. J’ai droit à tous les ménagements…
    — Vous faites bien de me le rappeler. Dans votre état, Madame, il serait peut-être prudent d’éviter certains exercices violents.
    À la lumière de la chandelle qu’elle avait allumée parce qu’il lui semblait difficile de s’expliquer dans l’obscurité totale, il vit soudain des larmes dans ses yeux et comprit qu’il lui avait fait mal.
    — Est-ce bien à toi de me reprocher l’ardeur de nos caresses ? murmura-t-elle douloureusement. Je croyais que tu y prenais autant de plaisir que moi…
    Pour la consoler il lui sourit, l’attira contre lui et posa un baiser sur ses cheveux dénoués.
    — La question ne se pose même pas. Seulement, il faut que tu comprennes que tu n’es pas une femme comme les autres : tu es la future reine d’Espagne et le Roi a de bons yeux…
    — Ce vieillard insupportable, bigot, qui croirait se damner s’il ne restait pas stupidement fidèle à sa femme morte depuis plus de vingt ans ? s’insurgea Maria-Luisa. Si seulement il ne se refusait pas le plaisir dont il meurt d’envie, il serait plus indulgent envers les faiblesses des autres ! Il ne les traquerait pas jusque dans leurs pensées ! Il se venge par l’intransigeance !
    — Sans doute. Mais si les mendiants aveugles commencent à parler de nous, c’est que tu es en danger. Tu dois être prudente, non seulement pour toi mais pour l’enfant que tu portes. Et d’abord, il faut reprendre tes occupations habituelles, par exemple à l’occasion des cérémonies religieuses de la San Isidro auxquelles on ne te pardonnerait pas de ne pas assister…
    — Je sais… Mais que va-t-il advenir de nous, de nos délicieuses rencontres ?…
    — Nous trouverons un moyen… fit Gilles sans grande conviction. Il le faudra bien…
    Mais déjà elle n’y songeait plus, s’accrochait à lui, ronronnante comme une chatte amoureuse, cherchant de nouvelles caresses. Il essaya de s’en défendre.
    — Il est tard. Il faut rentrer…
    — Non, pas encore ! Je vais être si malheureuse ! Aime-moi encore… rien qu’une fois… Et, tiens, je t’ai apporté un présent mais avec tout cela j’allais l’oublier.
    Elle courut pieds nus jusqu’au petit tas de vêtements abandonnés près de la porte, fouilla dedans puis revint se blottir dans les bras du jeune homme, tenant au creux de sa main quelque chose qu’elle glissa entre les doigts de Gilles. Il protesta :
    — Mais je ne veux pas de présent… et surtout pas de cette valeur ! s’écria-t-il quand la lumière pauvre de la chandelle fit jaillir les feux d’une magnifique émeraude montée en bague.
    — Pourquoi ne te ferais-je pas un cadeau de valeur ? Ce que tu me donnes est sans prix pour moi.
    — Mais justement parce que je le donne. Avec cette bague, tu as l’air de

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