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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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ceinture n’aiderait pas à sauver La Hunaudaye et le vieux Joel Gauthier l’attendrait en vain…
    Il avait gardé les yeux ouverts et eut l’impression de descendre au fond d’un abîme d’encre. L’eau était fraîche mais ce fut sa dernière sensation agréable. Inexorablement, ses bottes qui s’emplissaient d’eau l’entraînaient vers le fond. Bientôt il eut l’impression que ses poumons allaient éclater. Le sang battait à ses tempes. L’air qu’il avait gardé dans sa poitrine voulait sortir à tout prix.
    De toutes ses forces, il le chassa par le nez car sa bouche bâillonnée lui refusait tout secours mais l’eau se rua aussitôt dans ses narines soudain dilatées tandis que des images échevelées de sa courte vie défilaient à vive allure dans son cerveau. Il étouffait. La mort venait vite et elle lui venait par l’eau qui avait été de tout temps son amie. Son corps se tordit dans un ultime spasme et, miséricordieusement, il s’évanouit…
    Quand il reprit conscience, il se crut en enfer. Il faisait toujours noir et une sorte de démon ruisselant s’acharnait sur sa poitrine comme s’il cherchait à en arracher les côtes.
    Avec un gémissement de douleur, il vomit un geyser qui fit pousser à son bourreau une exclamation satisfaite :
    — Va mieux, commenta Pongo en retournant son maître sur le ventre pour qu’il pût mieux évacuer l’eau ingurgitée.
    Gilles s’aperçut alors qu’il était couché sur l’herbe de la rive, non loin du petit embarcadère… et qu’il était toujours bien vivant. On lui avait enlevé ses bottes et sa tunique. La fraîcheur de la nuit finissante le fit grelotter.
    — Pongo ! exhala-t-il en claquant des dents, co… comment as-tu fait ? Par… quel miracle étais-tu… lààààà ?
    — Pongo a désobéi. Il t’a suivi toutes les nuits. Le Grand Esprit lui faire savoir toi en danger… la femme te faire du mal.
    Tournemine s’abandonna un instant à la douceur de l’herbe, retrouvant lentement son souffle et les battements réguliers de son cœur. Mentalement, il remercia Dieu d’avoir fait reculer une mort qu’il n’avait encore jamais vue de si près. Certes, le jour où il avait tiré Pongo de la Delaware en crue, il avait sans doute réalisé le meilleur placement de sa vie !
    — Je n’ai plus une idée claire, murmura-t-il quand, enfin, il réussit à se relever sans que la tête lui tournât. Que proposes-tu de faire maintenant ?
    — Fuir, bien sûr… ; fuir avant jour ! On te croit mort. Toi savoir où aller ?
    — Ce n’est pas cela qui me tourmente. Francisco de Goya saura bien où me cacher, ou encore le baron de Batz si je peux le retrouver. Peut-être même les Cabarrus. J’ai beaucoup d’amis, heureusement ! Mais je ne veux pas partir sans Merlin. Il est resté à l’écurie et je ne laisserai pas mon cheval à ces brutes !
    — Pongo y penser. Lui aller le chercher. Mais toi sortir d’ici. Vois ! ajouta-t-il en désignant l’autre rive du fleuve. Là-bas près chemin qui va à grande ville, bouquet d’arbres et buissons. Toi t’y cacher pour attendre.
    La route de Madrid longeait en effet l’autre rive du Tage. Il n’y avait là ni grilles ni postes de gardes, la largeur du fleuve paraissant une suffisante protection pour le parc royal qu’il enveloppait de ses méandres.
    — … mais, reprit l’Indien, mieux serait toi traverser à la nage. Toi assez fort ?…
    Gilles se mit à rire.
    — Si je te disais que je meurs d’envie de prendre un bain, tu ne me croirais sans doute pas mais sois tranquille ça ira très bien. Grâce à toi, je suis non seulement vivant mais en aussi bon état que si rien ne m’était arrivé. Je n’oublierai pas ce que tu viens de faire, mon ami, ajouta-t-il avec émotion en posant sa main sur l’épaule de l’Indien qu’il serra avec une vigueur rassurante. Dans la nuit, les longues dents de lapin brillèrent de contentement.
    — Toi sauver Pongo jadis dans rivière Delaware, Pongo sauver toi aujourd’hui dans rivière espagnole. Normal ! Tout en ordre et Pongo heureux !
    Resté seul, Gilles s’étira longuement pour éprouver l’élasticité de ses muscles. Puis il fit un paquet de son habit d’uniforme trempé, des bottes qui avaient failli lui être fatales et qu’il n’avait aucun moyen de transporter de l’autre côté, et lesta le tout de quelques grosses pierres avant de le restituer à la rivière : autant laisser le moins de

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