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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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lourd et agité, la fièvre faisant naître des cauchemars durant lesquels il revivait le moment horrible où il avait tué le mendiant assassin.
    Puis, finalement, il s’était réveillé, faible, mais débarrassé de la fièvre. Le médecin était revenu et avait été vraiment surpris devant l’efficacité de ses remèdes ; il avait donné ses instructions à Ranulf et empoché une coquette somme d’argent ; ensuite il s’était promptement esquivé de peur que l’état de son patient n’empirât soudainement. Corbett avait repris du poil de la bête et reçut quelques jours après une convocation royale lui ordonnant de se présenter à Westminster. Et à présent il se demandait combien de temps il lui faudrait attendre, car d’après les sons filtrant de la salle, le roi était en train de céder à un de ses accès de colère. Enfin la porte s’ouvrit violemment et le monarque lui- même signifia à Corbett d’entrer. À l’intérieur, un clerc nerveux, assis à une table, s’efforçait de dissimuler son anxiété en relisant attentivement ce qu’il avait écrit. Lancastre, quant à lui, s’était confortablement installé sur une chaise et se penchait un peu en avant pour soulager son épaule difforme.
    Le roi et son frère étaient vêtus simplement de cottes sombres, de surcots et de manteaux ; leur seule concession à la mode consistait en agrafes, fermaux et lourdes bagues incrustées de pierres précieuses. La salle elle-même évoquait l’austérité d’une tente ou d’un camp militaire : deux tentures tachées et sales étaient suspendues de guingois, une torchère était un peu tordue et la paille jonchant le sol formait de petits tas malpropres qu’on avait rassemblés à coups de botte. À en juger par l’air de patience forcée de Lancastre et les taches qui marbraient les joues du roi, il avait dû y avoir une altercation féroce entre les frères de sang royal.
    Le souverain congédia le scribe et foudroya Corbett du regard en lui désignant un banc accoté au mur.
    — Asseyez-vous ! Asseyez-vous, Messire Corbett, rugit-il. Je suppose que vous ne m’apportez pas de meilleures nouvelles que mon frère. Votre voyage a été une bouffonnerie. Le roi Philippe vous a trompés, humiliés et méprisés. Vous n’avez rien appris ni rien gagné, à part des insultes. Par Dieu ! Vous êtes partis comme des chiens battus, la queue entre les jambes !
    — Sire, répondit lentement Corbett, à quoi vous attendiez-vous ? Veuillez pardonner ma franchise, mais je doute que nous capturions jamais le traître en France. Il est ici, au sein de votre Conseil.
    Édouard lui jeta un regard noir, mais Corbett poursuivit en décomptant sur ses doigts les différents points :
    — D’abord, nous nous sommes débarrassés du meurtrier de Fauvel qui est aussi probablement celui de Poer. Ensuite, nous avons de fortes raisons de soupçonner Waterton. J’ai fourni à ce sujet au comte, dit-il avec un signe de tête à l’adresse de ce dernier, un rapport complet lors de notre retour. Et finalement nous avons acquis la conviction que le roi Philippe caresse un projet très ambitieux dont l’annexion de la Guyenne n’est qu’une petite partie.
    Le roi s’assit sur un tabouret, la tête entre les mains, l’air épuisé.
    — Je suis désolé, murmura-t-il en le regardant.
    Vous, Corbett, et vous, mon frère, Lancastre, vous êtes les seuls en qui j’ai confiance.
    Il tendit un parchemin souillé à Corbett.
    — Voici le rapport de David Talbot, écuyer de la Maison du roi. C’est sa dernière lettre. Il y a cinq jours, son corps décapité a été retrouvé au fond d’une vallée du pays de Galles. Une autre victime du roi Philippe !
    Corbett lut lentement la missive de Talbot, rédigée dans un style maladroit et ampoulé.
    David Talbot, écuyer, au roi Édouard d’Angleterre, salut ! Sire, sachez que j’ai fort bien oeuvré à vos affaires du comté de Glamorgan. Sachez que j’ai soumis à une surveillance sans relâche le château et les serviteurs de Lord Morgan, et que ledit Morgan, bien qu’ayant accepté récemment la paix, conspire avec vos ennemis de l’étranger. J’ai vu des navires français près de la côte et des membres d’équipage débarquer et être conduits au château de Lord Morgan. J’ai mené ma propre enquête et découvert que ce dernier avait aussi reçu des messagers de seigneurs écossais mécontents. Je crois, Sire, que Lord Morgan est encore

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