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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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rendu, plusieurs chevaliers n’ont pu offrir, en guise de rançon, que des otages, leurs enfants la plupart du temps. Ils leur écrivent régulièrement.
    — Certains de ces chevaliers siègent-ils au Conseil ou connaissent-ils la teneur des réunions ?
    — Non, à part Tuberville, Thomas de Tuberville, un baron du Gloucestershire, qui est chambellan et capitaine de la garde.
    — Pourrait-il entendre ce qui se dit au Conseil ?
    — Non, les portes sont en chêne massif et les murs sont épais. En outre, Tuberville hait les Français, comme le prouvent ses lettres.
    — Comment le savez-vous, Sire ?
    — Des copies de ses lettres sont conservées aux archives de la Chancellerie, comme tout document.
    — Bavardages ! Tout cela n’est que bavardages ! les interrompit brusquement Lancastre. On en revient toujours à Richemont. Nous ferions mieux de les emprisonner, lui, Waterton, Tuberville et tous ceux qui, de près ou de loin, ont un rapport avec lui.
    Le monarque fit quelques pas dans la pièce.
    — Non, pas encore ! dit-il avant de pointer un doigt autoritaire sur Corbett. Vous enquêterez à partir des éléments que nous avons. D’abord vous vous rendrez au pays de Galles, chez ce Lord Morgan, et lui poserez les questions que vous jugerez pertinentes.
    Corbett sentit le coeur lui manquer, mais un seul coup d’oeil au visage fermé et épuisé du roi l’avertit que toute protestation de sa part serait impitoyablement écartée.
    Le lendemain, Corbett et Ranulf commencèrent leurs préparatifs de voyage. Ils auraient besoin de vêtements, d’armes, de provisions et de montures. Malgré ses objections, Corbett ordonna sèchement à son serviteur de continuer sa tâche pendant que lui irait se promener dans les rues pour méditer et réfléchir à l’entrevue avec le roi. Puis il alla déambuler dans Cheapside, l’importante rue marchande qui traversait la cité d’est en ouest, le principal quartier commerçant où l’on trouvait la Halle aux Grains, les abattoirs, la prison de la Tun et la grande canalisation qui apportait l’eau à la cité.
    Les étals des boutiques étaient abaissés, les auvents tirés pour les abriter des ardeurs du soleil. La rue fourmillait d’activité ; on vendait de tout, du haut-de-chausses jusqu’aux cerises fraîchement cueillies en passant par les éperons dorés ou la chemise de satin ornée de dentelle de batiste. Un cortège funèbre passa, conduit par un frère prêcheur en robe de bure, à la silhouette sévère et discrète, aux traits austères et au regard perçant sous son capuchon. Les membres de la procession suivaient péniblement, précédant le cercueil qui reposait sur les épaules des porteurs. Corbett entendit les sanglots des femmes et le hurlement rauque d’un chien. Ces scènes paraissaient incongrues par une telle journée ; les gens étaient sortis en foule, les hommes de loi revêtus de leurs capes fourrées se rendaient aux cours de justice de Westminster ; les paysans, en cottes brunes ou vertes, encourageaient de la voix leur attelage et le menaient jusqu’au marché en faisant mine de ne pas entendre les quolibets des garnements dépenaillés qui essayaient de chiper quelque gourmandise dans les charrettes. Les pavés résonnèrent soudain sous les pas des montures d’une colonne d’archers qui escortaient des prisonniers : ceux-ci avaient les mains liées aux selles et les chevilles attachées par des chaînes aux sous-ventrières.
    Une ribaude, le visage fardé et les sourcils finement épilés, traversa la rue à petits pas affectés, relevant sa robe ornée de dentelle d’une main gantée de velours rouge pour ne pas la souiller de boue. En croisant Corbett, elle lui décocha un regard faussement pudique avant de passer son chemin. Il régnait un vacarme et une agitation considérables : les boutiquiers le tiraient par la manche et l’assourdissaient de cris et d’offres. Il regretta sa décision d’aller se promener et se fraya un chemin dans la foule pour rejoindre la fraîcheur du Faucon chaperonné.
    C’était une taverne malpropre aux poutres basses dont l’unique mobilier consistait en quelques tables et tonneaux renversés et en une rangée de tonnelets et d’énormes barriques. Il commanda de la bière et un bol de soupe de poissons. Manger seul, avait-il constaté plus d’une fois, l’aidait à procéder à une analyse logique de la situation. Il était tracassé par ce qu’il venait

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