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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d’apprendre : malgré ses victoires en Écosse, le roi était extrêmement anxieux. Il ne cessait de se démener comme un chien enfermé, il chassait des ombres et griffait l’air en croyant tenir quelque chose de solide. Corbett comprenait cette angoisse, mais savait qu’il ne capturerait le traître que grâce à une enquête minutieuse et à l’exercice rigoureux de la logique. Il sirota pensivement sa boisson en résumant ce qu’il savait du traître.
    D’abord, c’était un familier d’Édouard.
    Ensuite, il avait trouvé un moyen rapide et ingénieux de communiquer avec les Français, moyen qui déjouait tous les efforts des agents et enquêteurs d’Édouard.
    Puis le traître semblait appartenir à la Maison du comte de Richemont, celui-là même qui avait si désastreusement tenté de défendre la Guyenne quelques mois auparavant, au moment où, d’après les sous-entendus du roi, les fuites avaient commencé. La logique voulait donc que Corbett se mît à interroger les membres de la Maison de Richemont qui, d’une manière ou d’une autre, avaient un rapport avec le Conseil.
    Corbett sourit en son for intérieur. Il se sentait revigoré, après avoir décidé de son plan d’action. Il sortit de la taverne et rentra à son logis de Thames Street. Ranulf fut surpris de voir pour la première fois depuis des semaines l’air heureux de son maître et en profita pour lui soutirer l’autorisation d’aller faire une course. Avec une moue distraite, Corbett la lui accorda. Ranulf s’empressa de sortir avant que son maître pût changer d’avis. La « course » en question était en fait l’entreprise de séduction d’une jouvencelle. Comme il y avait toujours le risque que Corbett soupçonnât quelque chose, Ranulf descendit l’escalier quatre à quatre tandis que, derrière lui, s’élevait le son plaintif de la flûte dont son maître s’obstinait à jouer chaque fois qu’il essayait de résoudre une affaire particulièrement complexe.

CHAPITRE VIII
    Le lendemain, Corbett retourna au palais de Westminster. Il aurait voulu avoir une entrevue avec le comte de Richemont, mais « Monseigneur », comme l’en informa un écuyer hautain, « avait dû s’absenter, chargé de mission pour le roi ». Quant à Tuberville, que Corbett chercha ensuite à voir, il était parti en ville régler des questions de service. Corbett dut donc se résigner à bayer aux corneilles dans l’enceinte du palais. Il se dirigea vers l’église abbatiale, goûtant la douce chaleur du soleil et observant les maçons qui escaladaient, telles des fourmis, les échafaudages dressés contre la façade nord de l’abbaye. Ces magiciens de la pierre de taille avaient toujours fasciné Corbett qui resta là à admirer les entrelacs de pierre, les énormes gargouilles grimaçantes en forme de chiens, de griffons, d’hommes et de trognes grotesques. Les cloches de l’abbaye appelèrent à la prière et Corbett revint nonchalamment vers le Grand Hall.
    L’endroit fourmillait d’hommes de loi, de dignitaires, de pétitionnaires, de plaignants, sans oublier les shérifs de différents comtés venus soumettre leurs rapports à l’audit de Pâques, et les régisseurs royaux du duché de Cornouailles, aux beaux atours souillés et boueux, l’air las et inquiet, qui demandaient leur chemin avec un bizarre accent nasillard. Corbett nota le nombre d’anneaux sur l’une des chandelles marquant les heures, et, sur un dernier coup d’oeil, sortit du Grand Hall pour traverser des couloirs déserts aux murs chaulés et arriver à la salle du Conseil.
    Il trouva Tuberville dans une pièce adjacente. Âgé d’une trentaine d’années, celui-ci avait l’allure typique de l’homme de guerre avec ses cheveux blonds coupés ras et son visage étroit et maigre. Il aurait eu l’air d’un prédateur, d’un tueur professionnel, n’eussent été ses lèvres charnues et son regard anxieux et prudent. Il avait revêtu un haubert de mailles et par-dessus un long surcot blanc frappé des armes royales d’Angleterre ; à son large baudrier de cuir pendaient une épée et un poignard dans son fourreau. Pour l’instant il était affalé près d’une fenêtre dont les vantaux avaient été ouverts en grand, car la pièce, meublée d’une simple table et de deux bancs, était une petite salle des gardes poussiéreuse, au sol de pierre nue et aux murs recouverts d’un crépi fissuré.
    Il se retourna à l’entrée de Corbett

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