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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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charité.
    — Mais pourquoi ne vous a-t-il pas tué le premier soir ?
    — Je ne sais pas. Peut-être n’en a-t-il pas eu le temps ! Je me suis enfui tout de suite !
    Le comte s’assit lourdement sur une chaise et tripota les glands dorés de son habit.
    — Et croyez-vous que Waterton soit le traître ? demanda-t-il.
    — C’est possible, mais rencontrer de Craon n’est pas faire acte de trahison ; nous n’avons pas de preuves, pas encore.
    — Si nous le piégeons, il ne faut pas que cela soit en France, reprit Lancastre. Il y aura d’autres occasions.
    Il regarda son interlocuteur en souriant :
    — Nous repartons après-demain pour l’Angleterre.
    Corbett était heureux de quitter la France. S’attarder commençait à être dangereux. Il avait supprimé le tueur à gages de Craon et le Français n’oublierait pas ni ne pardonnerait. Quant à Waterton, Corbett était quasiment persuadé qu’il était le traître, responsable de la mort d’au moins deux hommes à Paris et de la perte d’un navire anglais, coulé corps et biens. En Angleterre, Corbett rassemblerait d’autres preuves et l’enverrait au gibet d’Elms.
    De son côté, Waterton continuait d’agir comme si de rien n’était, recevant les adieux chaleureux des Français et une autre bourse d’or de Philippe IV. Corbett n’eut plus le temps de le surveiller, car Ranulf et lui consacrèrent la journée suivante à faire leurs bagages et à aider aux préparatifs du départ. Lancastre pressait son monde impitoyablement, car il voulait prendre les Français au dépourvu par sa décision soudaine et éviter ainsi tout autre traquenard. On sella chevaux et poneys et, en pleine nuit, on chargea hâtivement coffres, sacs et coffrets. Lancastre veilla à ce que certains documents fussent scellés dans des sacoches et d’autres brûlés. On distribua toutes les armes : épées, poignards, salades, arbalètes et casques. Corbett garda le haubert qu’il s’était procuré à l’armurerie et obtint la permission du comte de chevaucher au centre de la colonne.
    L’ambassade anglaise quitta Paris au jour fixé, bannières et fanions claquant au vent, soldats à l’extérieur du convoi, clercs et envoyés à l’intérieur. À la sortie de Paris, à un mille au nord du gibet de Montfaucon, une escorte française, composée de six chevaliers, de quarante hommes d’armes à cheval et de quelques mercenaires, se joignit à eux. Lancastre accepta à contrecoeur leur offre de protection, mais insista – malgré les objections des chevaliers – pour leur désigner leurs postes. Corbett observait le comte au dos voûté et aux longs cheveux raides, et se dit in petto que bien qu’il ignorât encore l’identité du traître, il doutait fort que ce fût Lancastre.
    En fait, les précautions du comte s’avérèrent inutiles. Le voyage de retour fut précipité et pénible, mais dénué de tout incident. Ils atteignirent la côte française. Corbett était tracassé, épuisé et tout endolori en arrivant à Calais, mais soulagé à l’idée de quitter la France. Waterton, toujours aussi mystérieux et réservé, ne faisait rien, pourtant, qui pût provoquer d’autres soupçons. Ranulf, lui, était franchement renfrogné. Corbett pensait que c’était dû à sa paresse foncière, mais les raisons en étaient plus profondes. Ranulf était retourné rue de Nesle, au logis de Fauvel, pour conter fleurette à la belle et hautaine propriétaire et avait eu tout lieu de se féliciter de son heureuse initiative.
    Madame Areras – c’est ainsi que s’appelait la dame – avait fait d’abord quelques difficultés, mais Ranulf l’avait comblée de petits cadeaux, de mots doux et de regards langoureux. Au début, à l’instar des belles dames des chansons de troubadours, Madame Areras s’était montrée froide et distante, mais ensuite, telle une fleur au soleil, elle s’était lentement épanouie et avait répondu favorablement à la cour empressée du jeune Anglais. Oh ! il y avait bien eu des soupirs et de charmantes supplications, même lorsque Ranulf lui avait ôté ses jupons et l’avait dénudée dans la chambre, mais le jeune homme ne les avait guère écoutés ! Il lui avait tapoté les fesses, caressé cuisses, seins et cou jusqu’à ce que tous deux roulent et gambadent parmi les traversins du grand lit de Madame Areras, laquelle avait fort haleté, gémi et crié de plaisir. Maintenant, c’en était fini de cette

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