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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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jouaient et gambadaient autour des béliers, mangonneaux et catapultes entreposés dans la cour, et leurs cris et jeux étouffaient la sourde menace et le péril mortel évoqué par ces gros engins de guerre. Le guide de Corbett se dirigea vers le donjon et le contourna pour arriver à une petite porte latérale.
    Corbett entra, le coeur plein d’effroi, la peur au ventre. Il savait qu’il pénétrait dans le domaine réservé aux cachots et aux salles de torture. Il tendit l’oreille pour entendre les chants d’oiseaux et les cris lointains des enfants. Il aurait voulu emporter ces bruits avec lui en guise de réconfort, mais la porte se referma avec fracas derrière lui. Son guide frappa sa pierre à amadou, ôta une torche de son support et l’enflamma avant de faire signe à Corbett de le suivre. Ils descendirent des marches humides envahies par la moisissure et se retrouvèrent dans une salle vaste comme une caverne. Corbett frémit en voyant les braseros remplis de cendres, la longue table souillée de sang, les énormes tenailles et les barres de fer dentelées accrochées près des murs couverts de traînées verdâtres et luisantes. La lueur tremblotante des torches dessinait des ombres, les fantômes, pensa Corbett, des âmes des morts et des suppliciés. La loi coutumière anglaise interdisait la torture, mais ici, au royaume des damnés, il n’y avait pas de règles, pas de loi coutumière, aucun règlement à part le fait du Prince.
    Ils traversèrent la pièce au sol sablé et longèrent l’un des couloirs qui reliaient cette antichambre de l’enfer à la base du donjon. On y voyait de moins en moins, les torches de roseaux se faisaient plus rares. Ils passèrent devant une série de cachots exigus, munis de portes renforcées de ferrures et d’un judas grillagé. Ils tournèrent un coin et, presque comme s’il les avait attendus, un geôlier corpulent, revêtu d’une broigne, de jambières et d’un tablier en cuir sale, surgit précipitamment de l’ombre comme une araignée. Le guide marmonna quelques mots, l’homme fit une série de saluts saccadés, un sourire obséquieux éclairant sa face grassouillette. Il les conduisit jusqu’à l’entrée d’un cachot et introduisit maladroitement une grosse clé dans la serrure. La porte s’ouvrit violemment ; Corbett prit la torche des mains du soldat.
    — Attendez ici ! Je veux le voir seul à seul !
    La porte se referma bruyamment et Corbett leva la torche : c’était une petite cellule sombre, la paille sur le sol était devenue une molle masse suintante et la puanteur était atroce.
    — Eh bien, Corbett, vous venez jouir de votre triomphe ?
    Le clerc brandit sa torche et vit Waterton allongé sur un grabat dans un coin. Ses vêtements n’étaient plus que guenilles sordides. En s’avançant, Corbett s’aperçut que son visage était tuméfié, son oeil gauche presque fermé et ses lèvres gonflées et ensanglantées.
    — Je me lèverais bien, lâcha brusquement Waterton d’une voix dure, mais les gardes n’ont pas été très tendres et mes chevilles ont douloureusement enflé.
    — Ne bougez pas ! s’empressa de dire Corbett. Je ne suis pas venu pour vous narguer, mais pour vous questionner et peut-être vous aider.
    — Comment cela ?
    — Vous avez été arrêté parce que nous pensons, ou plutôt parce que les présomptions accumulées contre vous suggèrent que vous êtes le traître du Conseil d’Édouard.
    — Est-ce là votre opinion ?
    — Possible, mais vous seul pouvez changer cela !
    — Comment ?
    Corbett s’approcha de Waterton et scruta ses traits. C’était un jeune homme réservé et brave, mais, à la lueur vacillante de la torche, Corbett surprit un éclair de peur dans ses yeux.
    — Pouvez-vous m’expliquer d’où provient votre fortune ?
    — Mon père a déposé des fonds auprès des banquiers italiens ; les Frescobaldi et les Bardi peuvent en témoigner.
    — Nous vérifierons. Votre père ?...
    — ... était un adversaire du roi Henri III, déclara sincèrement Waterton, grattant une plaie vive, bien visible par les déchirures de ses jambières.
    — Partagiez-vous ses idées ? demanda tranquillement Corbett.
    — Non ! La pendaison pour trahison est une mort lente. Je n’en veux pas.
    Waterton essaya de s’installer plus confortablement ; les anneaux d’acier frottèrent ses poignets, les chaînes grincèrent comme pour protester.
    — Et ma mère ? lança-t-il

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