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Un espion à la chancellerie

Un espion à la chancellerie

Titel: Un espion à la chancellerie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ces troupes prouvaient que le roi avait finalement perdu patience et avait résolu de régler, par la force, son différend avec Philippe de France.
    Après avoir traversé Acton, ils entrèrent dans la capitale et gagnèrent leur logement. Ils mirent de l’ordre dans leurs affaires, puis Ranulf ramena leurs montures aux écuries royales avant de disparaître promptement dans le tourbillon des plaisirs défendus qu’offraient les bas-fonds de Southwark. Corbett se résigna à cette situation et passa deux jours à régler ses propres affaires avant de prévenir le palais de Westminster de son retour. S’il pensait que l’absence du roi lui vaudrait quelque répit, il fut vite détrompé. Le lendemain matin, des sergents royaux, porteurs d’un ordre de mission, l’escortèrent jusqu’au palais où Edmond, comte de Lancastre, l’attendait dans la sacristie de l’église abbatiale.
    Là, au milieu de splendides chasubles de soie, de candélabres d’argent, de crucifix et de calices, Corbett fit un bref résumé de sa visite à Neath. Le comte, négligemment vêtu d’une chemise et de chausses de soie et affalé dans une grande chaise en chêne, l’écouta sans mot dire. La colère se peignait sur ses traits pincés, mais Corbett fit mine de ne pas s’en apercevoir et répéta, en conclusion évidente, que son séjour n’avait guère été fructueux, chassant de ses pensées, avec un serrement de coeur, le beau visage de Maeve et ses yeux ravissants. Quand il eut fini, Lancastre resta immobile, la tête inclinée en une posture qui accentuait sa difformité. Il se leva avec un sourire las.
    — Vous avez échoué, Corbett, je le sais !
    Il brandit une main couverte de bagues pour écarter d’éventuelles protestations.
    — Vous avez fait de votre mieux. Quand je dis « échoué », je veux dire que vous n’avez rien découvert de nouveau, seulement confirmé nos soupçons sur le traître.
    — Qui est ?
    — Waterton, sans aucun doute, dit Lancastre avec une grimace ; ce ne peut être que lui, d’après vos conclusions et les nouvelles preuves que nous avons pu obtenir.
    — Contre Waterton ?
    — Oui. Mon frère est dans le nord, en train de mettre Balliol à genoux. La rébellion du roi d’Écosse a duré un certain temps, mais elle nous a été, au moins, utile à quelque chose : un de ses écuyers, Ogilvie, a révélé à notre agent à Stirling que les Écossais avaient appris que l’espion était Waterton.
    — Qui les avait mis au courant ?
    — Les Français !
    — Mais ils ont très bien pu inventer cela pour protéger le véritable traître !
    Lancastre haussa les épaules et rétorqua sur un ton agacé :
    — Pourquoi prendre la peine de protéger quelqu’un qui n’a pas besoin de protection ? De toute façon, il est clair que certains n’ont pas apprécié la conduite d’Ogilvie : il a été retrouvé égorgé quelques heures après sa rencontre avec notre agent !
    Le comte s’interrompit pour se verser du vin.
    — Ce n’est pas tout. À notre retour d’ambassade, le contenu des sacoches de la Chancellerie fut examiné : on trouva un large morceau du sceau privé du roi Philippe dans celle de Waterton. Ce qui signifie, ajouta-t-il d’une voix dure, que Waterton a dû recevoir un message secret de Philippe IV.
    Il pinça les lèvres.
    — Bien sûr, cela a pu être une erreur ou il a pu être placé là intentionnellement, mais toujours est-il, poursuivit-il avec un soupir, que tout accuse Waterton !
    Le comte pointa un doigt vers Corbett pour couper court à toute question et lui lança d’une voix impérieuse :
    — Cela suffit ! Vous irez voir Waterton. Il a été arrêté et enfermé à la Tour ; ensuite, ajouta-t-il avec un sourire malveillant, notre souverain a expressément demandé que vous vous rendiez en France en compagnie des envoyés du roi Philippe et que vous essayiez de trouver des faits nouveaux.
    Corbett poussa un gémissement de protestation à l’idée de devoir retourner en France, mais il n’avait guère le choix. Il fit donc signe au comte qui ricanait toujours qu’il acceptait cette mission, mais à contrecoeur. Lancastre lui tapota l’épaule et s’enveloppa de sa grande cape d’un geste large.
    — Les envoyés français nous attendent, dit-il. Nous devrions aller les retrouver maintenant.
    Il sortit majestueusement, Corbett sur ses talons, et ils se rendirent dans la grand-salle du Conseil. Lancastre s’assit sur

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