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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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extraordinaires organisées à Vaux-le-Vicomte, le 17 août 1661. Le soleil aurait pâli devant tant d’éclat. Un roi jaloux d’un de ses sujets ? Balivernes, s’il s’agit de celui qui ne se compare à nul autre. Mais un déclic, sûrement oui. Car cette année 1661 est vraiment un tournant pour Louis : la mort de son parrain et mentor, Mazarin, la naissance du Dauphin, la liaison capitale avec une Louise aimant Versailles, et surtout le domaine de feu son père, le futur phare de son pouvoir absolu. Mais de l’idée à sa réalisation, il restait un pas immense, un fossé peut-être infranchissable, jusqu’à trouver la merveille qu’abritait la terre : Vaux-le-Vicomte. Ce tour de magicien n’était pas l’œuvre du financier Fouquet – l’argent n’est pas une question –, mais celle de ce trio génial : un peintre, un jardinier, un architecte.
    En quittant la réception du surintendant des finances, Marie-Thérèse, reine de France ne décolérait pas. Meubles, tapis, lustres de cristal, marbres, dorures, sans parler des jardins illuminés, des parterres de buis, des arbres, des allées ! La fille du roi de l’âge d’or espagnol n’avait jamais vu autant de merveilles réunies en une seule fois. Fouquet narguait Louis, se mesurait à lui. Non, il voulait l’égaler. Et pourquoi pas le surpasser ! L’audace et l’affront, impardonnables, méritaient une sanction. Dans le noir du carrosse, son époux souriait : « Ah ! madame, est-ce que nous ne ferons pas rendre gorge à tous ces gens-là 1 ? » Pour éliminer Fouquet, on comptait sur Colbert. Cet ennemi forcené du maître de Vaux-Le-Vicomte tenait scrupuleusement, en comptable, la liste des détournements de son concurrent et attendait le procès du corrompu pour s’emparer de sa place. Mais que deviendraient les magiciens de son château somptueux ? Maintenant, Louis XIV pouvait croire à Versailles. Les tapissiers de Maincy qui avaient tant œuvré pour Fouquet seraient déplacés aux Gobelins, les beaux meubles de Vaux, emportés et mis à l’abri en attendant que soit bâti le nouvel écrin qui les accueillerait, les arbres, les orangers et même des carreaux de marbre, seraient chargés sur des charrettes, et les cartons créés par Le Brun pour Fouquet ne demandaient qu’à être ornés des armes de Louis XIV pour changer par magie de propriétaire. Dépouiller Vaux s’apparentait à une opération fort simple. C’était la razzia du vainqueur, pas encore son œuvre. La bataille ne s’achèverait qu’après avoir érigé Versailles. Mais désormais, Louis a trouvé ses mercenaires, comme le prouve la fête de l’Impromptu de Versailles .
    Peu avant, le roi a montré les progrès obtenus dans les jardins, évoqué ses projets, en se gardant d’être trop précis, et pris la tête de l’expédition qui s’est rendue à la Ménagerie où il a été demandé que la pompe soit mise en branle. De là, le roi a décrit ce que sera l’Allée royale, s’est rendu à l’Orangerie avant de déclarer sans ambages qu’il était temps de se restaurer. On l’a suivi jusqu’aux buffets, dressés dehors. Ce fut bon, servi en musique, sans préciosité, chaleureux en somme, malgré la pluie fine qui ne cessait de tomber. Pressons, il y avait Molière. Demain, Sertorius de Corneille, la chasse, le ballet, deux ou trois promenades…
    Depuis ce matin, l’humeur est au plaisir mutin. Le roi y tient tant qu’il allège l’étiquette, n’hésite pas à se mêler aux autres. Ce n’est pas le Louvre, ici ! Un ami recevant ses intimes ? C’est de trop, mais les candides tombent sous le charme, excités et ravis d’apprendre qu’ils camperont, du moins les élus, dans une des chambres minuscules situées dans les deux grandes ailes ajoutées récemment à l’entrée, dans l’avant-cour. Au nord, voici les offices ; au sud, les écuries. Que diable, pour une nuit, on dormira au-dessus, mêlés à la piétaille. À la guerre comme à la guerre. À l’automne 1663, les fêtes de Versailles ressemblent à une aimable partie de campagne, prétexte pour visiter les travaux d’une nouvelle maison . Ce n’est pas la somptuosité des Plaisirs de l’Isle enchantée 2 , parachevant l’entreprise de séduction qui débute et vise à emprisonner les courtisans dans la cage dorée que deviendra Versailles. L’idée est de plaire et de comprendre que le roi s’y plaît.
    Mais l’heure tourne, le souper viendra tôt. « Les grands princes

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