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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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parler au marquis de La Place, admit-elle en se rapprochant lentement de Toussaint. À qui la faute ? Un baiser servit de réponse. Il le lui donna, elle en réclama un second. Son ventre se colla à lui, elle posa la main sur le bras d’ébène. Angélique gémit, oublia tout. Quand elle reprit ses esprits, les paupières de son amant étaient fermées. Il était apaisé, ne paraissait ni courroucé ni inquiet, dormait à poings fermés. Elle se pencha sur lui et cela suffit pour qu’il dessille les yeux et sourie.
    — Je ne regrette pas ce que j’ai fait, murmura-t-elle. Maintenant, tu me vois. Tu me regardes enfin. Sans cela, tu m’aurais oubliée…
    — Je n’ai jamais cessé de penser à toi.
    — Menteur ! gloussa la voluptueuse en espérant le contraire.
    — Traîtresse, répondit-il doucement.
    — Pour te retrouver, il le fallait peut-être…
    — Et me tuer ?
    Toussaint, se redressa et chercha où avait atterri sa chemise.
    — Tu t’en vas ?
    — Par ta faute, Angélique. Le marquis de La Place me cherche et tu me dis aussi qu’il t’a parlé de son fils, François. S’ils sont après moi, il va falloir que je me défende.
    — Tu n’auras aucun mal à prouver que tu n’es pour rien dans la mort d’Antoine. Car… ce n’est pas ta faute, n’est-ce pas ?
    Toussaint ne baissa pas les yeux :
    — Je n’y suis pour rien. Sa faiblesse seule l’a condamné.
    — Tu le jures ?
    — As-tu besoin de ces balivernes pour me croire ?
    — Non, non, bien sûr… Pardonne-moi.
    — Il n’en sera pas de même avec cette famille de fous.
    — Le marquis ?
    — Vaniteux, prétentieux, sûr de lui…
    Angélique ne pouvait aller contre un tel jugement. À Versailles, le marquis s’était montré odieux. Seule la mort de son fils l’avait rendu plus humain. Et parce qu’y croire la rassurait – qu’en somme, elle avait raison d’être nue avec cet homme dans son lit –, elle se convainquit que Toussaint disait vrai.
    — Mais ce borné au bras tremblant n’est que billevesées par rapport à François qui, lui, ne me demandera pas de m’expliquer. Dès qu’il me verra, il cherchera à me fendre le cœur avec son épée.
    Angélique porta la main sur le sien.
    — François de Voigny me hait et me jalouse depuis l’enfance, continua Delaforge en surveillant sa maîtresse du coin de l’œil. Il se trouve que nous sommes… presque nés sous le même toit.
    Le marquis avait également dit qu’ils se connaissaient depuis très longtemps. Non, Toussaint ne fabulait pas.
    — Crois-moi. Je n’invente rien. J’y laisserai ma peau.
    — Et tout cela par ma faute…
    — Veux-tu te faire pardonner ? glissa Toussaint en lui baisant le cou.
    Elle se serait même taillé les veines s’il le lui avait demandé.
    — Je vais m’éloigner pour un temps de Paris, commença-t-il.
    Comment le lui reprocher puisqu’elle était fautive ?
    — Si François de Voigny ou son père reviennent te voir pour te demander où je peux être, dis-leur simplement où j’habite.
    — Oui, oui, car tu n’y seras pas.
    Elle se redressa brusquement :
    — Mais ils finiront par te retrouver !
    — Peut-être… Si je le décide ainsi.
    *
    Toussaint est reparti le jour même. Depuis, il reste silencieux. Angélique a peur. Elle n’ose sortir, attend que l’on sonne, compte les minutes, les secondes, ne répond pas aux missives de son amie Sapho , sa mauvaise conseillère. Quand François de Voigny se présente, elle ne doute plus de Toussaint. Ce soldat puissant veut le tuer, il l’a dit. Aussi ne regrette-t-elle en rien de trahir à nouveau, et cette fois les La Place. Sa vie, elle l’a fabriquée ainsi, la passion l’écorche inexorablement. Elle craint pour Toussaint, mais c’est elle qui se détruit peu à peu.

Chapitre 41
    R AVORT AIME QUAND les hommes qui logent aux Sans aveu partent au travail. Tailleurs ou scieurs de pierre, piqueurs, éteigneurs de chaux, porteurs, charpentiers, ferronniers, terrassiers, couvreurs, barbouilleurs, vitriers, ils bougonnent, crachent, et ça se plaint de la pluie, du soleil, du froid, du chaud. Il faut que les choses se mettent en marche, que les corps se dérouillent, ranger dans un coin les maux de la veille. Les muscles sont froids, fatigués et ce n’est que mercredi. Encore quatre jours de labeur avant la pause du dimanche. Ravort est à la porte. Il se tient debout, comme il peut. Il ne salue, n’encourage personne, mais il compte ses sous. Dix, vingt, trente

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