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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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sûr l’un d’eux y laissera la vie.
    — Madame, je sais tout à propos d’Antoine, débute-t-il, plus impressionné qu’il ne le voudrait pas la beauté de celle qui l’accueille.
    — Votre père vous a tout raconté ? glisse-t-elle timidement en baissant les yeux.
    — Qu’importe le messager, le coupable est celui que vous avez désigné.
    Il sort la lettre de Marolles de sa manchette :
    — Tout est ici, authentifié par le parrain du criminel. Et votre nom figure en tête : vous avez affirmé et répété à mon père qu’Antoine courait un grand danger en restant aux côtés de Delaforge. Maintenant, c’est mon affaire !
    — Et si je me suis trompée ?
    François de Voigny sourit. Dieu, que ce grand brun large d’épaules est charmant.
    — Mille regrets, madame. Vous avez vu juste. Je le sais depuis très longtemps, mais j’ai eu la faiblesse de laisser en vie ce paltoquet ! S’il est trop tard pour réparer le mal qu’il a fait, reste à l’empêcher de nuire davantage. Aussi, dites-moi où le trouver.
    — Je ne veux pas qu’il… meure. Mon dessein était d’avertir votre père des risques que prenait votre cadet, mais…
    — Madame, coupe-t-il. Est-il vrai que Delaforge fut nuisible à mon frère ?
    — Cela ne fait aucun doute, lâche Angélique après avoir hésité, mais doit-on l’accuser de tous les… maux qu’Antoine a supportés ? Non, non… C’est aller trop loin et trop vite…
    — Laissez-moi lui demander de quoi il est responsable.
    Il serre sa main toujours gantée :
    — Je suis certain qu’il me répondra.
    Elle hésite de plus en plus, devine ce qui se produira. En face, le soldat est inflexible.
    — Promettez-vous, espère-t-elle négocier, que, s’il jure d’être innocent, vous n’engagerez aucune action violente sur sa personne ?
    — Madame, s’impatiente Voigny, avez-vous oui ou non mis en garde mon père contre les agissements de Delaforge ?
    — C’est vrai, je l’ai fait. Mais les circonstances ont changé et…
    — L’homme que vous dénonciez est le même ! Vous n’avez pas menti.
    — Bien sûr que non.
    — Vous dites qu’il est dangereux et vous vous rétractez ?
    — Je ne retire rien au tableau que j’ai dressé. Votre jeune frère semblait prisonnier de Monsieur Delaforge et…
    — Donc, nous sommes d’accord. Il faut l’empêcher de nuire, répéte-t-il. Aussi, répondez-moi. Où vais-je le trouver ?
    — Chez lui, voyons, jette Angélique, convaincue de ne rien commettre de grave en livrant ce détail.
    — Son adresse, s’il vous plaît.
    Le silence s’épaissit.
    — Je la découvrirai. Faites-moi gagner du temps ! Je dois rentrer en Anjou enterrer Antoine, tombé par la faute du pégreleux.
    — Place Royale, marmonne-t-elle. Sortez, maintenant.

    Avant la nuit, Voigny toque place Royale. Un valet – le manchot a un valet ! – accepte de lui dire que « monsieur » – monsieur ! – est ailleurs. Il manque de le rudoyer, se retient.
    — Vous le trouverez à Versailles où ses affaires le mènent en ce moment, ajoute-t-on sans méfiance.
    Versailles ? Mais où ? Voigny enrage.
    — Demandez l’auberge d’un dénommé Ravort, explique le serviteur volubile. C’est ici qu’il se rend et tient siège.

    Sans prendre de repos, Voigny enfourche un cheval, parcourt les quatre lieues et demie qui le mènent à Versailles. Il avance au pas, lutte contre le sommeil, s’y soumet par à-coups, reprend sa monture en main, la pousse, la force. Il a les reins brisés par les heures infinies passées en selle. Mais, avant l’aube, il entre dans le bourg et trouve l’auberge des Sans aveu alors que le coq chante.
    François de Voigny se félicite de sa chance. Il va pouvoir agir vite et rentrer aussitôt en Anjou.

    — « Tu es en péril. Viens me voir. Je t’aime . » Voilà ce que tu m’as écrit.
    Delaforge se tenait à l’entrée de la maison de l’île Saint-Louis, et c’était donc avant la visite de François de Voigny. La mission du valet Bonnefoix avait donné un résultat inespéré.
    — Le plus important, c’est que tu affirmes m’aimer, glissa-t-il sans montrer la moindre peur.
    En le voyant devant elle, tenant sa lettre à la main, la comtesse crut que tout pouvait revenir comme aux premiers jours. La passion n’avait pas que des désavantages, elle permettait d’expliquer les foucades, les caprices, les jalousies, la trahison – et même la vengeance jalonnant le parcours amoureux. Oui, elle avait eu tort de

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