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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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mère était morte… Et toi, le garçon sans nom…
    — Ce n’est pas vrai !
    Aurore pâlit. Qu’a-t-elle dit pour provoquer tant de colère ?
    — J’ai un passé ! J’ai un nom ! Et celui de ma mère était Marie, rugit le garçon.
    — Eh bien, je ne le savais pas, murmure-t-elle doucement. Pardonne-moi si je t’ai blessé.
    Son malaise est si manifeste que Toussaint ne doute pas de sa sincérité.
    — Tu ignorais aussi qu’elle travaillait pour ton père ?
    Aurore ouvre la bouche, mais rien n’en sort. De quoi parle-t-il ? C’est impossible ! La surprise se double maintenant d’inquiétude. Car l’allure d’en face change. À l’instant, Toussaint se montrait maladroit, timide, et désormais le voilà agressif, presque menaçant. Il ricane, grimace, étire sa cicatrice qui soudain la dérange.
    — Seigneur… Qui a pu le prétendre ? finit-elle pas bredouiller.
    Répondre reviendrait à trahir Berthe. Aurait-il des scrupules ? Plus l’ombre d’un depuis quelques minutes. En revanche, Toussaint craint de couper le lien qui l’unit au secret entourant le nom de son père. La prudence s’impose.
    — En es-tu certain ? insiste-t-elle voyant qu’il faiblit.
    Comment mettre fin à son air incrédule ? Il hésite, tergiverse. Il voudrait tant qu’elle le croie ! En parlant de ce parrain menteur lui ayant caché la vérité pendant seize ans, il lui prouvera qu’il dit bien la vérité. Elle devrait s’attendrir et même compatir. Après quoi, il verra si son cœur est honnête et, seulement, décidera s’il peut se confier davantage.
    — Écoute-moi… s’aventure-t-il.
    Sa main effleure la manche de soie rose, et le poignet qu’il saisit ne se dérobe plus. Mais une cavalcade se fait entendre dans l’escalier. On descend au pas de charge. Sur le palier du premier, deux têtes se montrent.
    — François ! Antoine !
    Toussaint ne devine pas combien Aurore est soulagée de voir surgir ses frères.

    — Éloignez-vous de ma sœur, jeune homme !
    Lui, c’est François, l’aîné. À vingt ans, il est capitaine 3 . Le ton méprisant s’accorde à l’allure. Le premier fils du marquis de La Place se tient raide, à la façon des cavaliers endurcis. Il porte la tenue choisie par son père : une veste rouge ornée d’un galon et de boutons dorés, ainsi qu’un gilet bleu brodé de lys 4 . Toussaint se souvient que sa sœur en parlait dans ses lettres comme d’un jeune homme irascible et coléreux.
    — Reculez, je vous dis. Vous n’avez rien à faire si près !
    L’autre balaye l’air de sa cravache, puis la fait claquer sur les bottes.
    — Mon frère, je vous en supplie, intervient Aurore, il s’agit de Toussaint. Vous le reconnaissez ? Et…
    — Je sais ! cingle le jeune soldat. Sa fichue cicatrice est toujours là.
    Il est tel qu’il se montre habituellement, autoritaire et arrogant avec les gens qui ne sont pas de son rang. Avec d’autres, la méthode prend. Toussaint ? À l’instant, il semblait perdu, mais le voilà pas le moins désarçonné. Campé sur ses jambes, il jauge François de Voigny à la manière d’un homme habitué à se frotter à de pareils adversaires. Aurore peut-elle compter sur son autre frère, Antoine, pour apaiser ces chiens fous ? Le cadet se tient prudemment dans l’ombre du plus audacieux. Mais qu’a-t-il en commun avec l’aîné, un brun tiré à quatre épingles, quand lui, aussi blond que les foins, porte une tenue de courtisan, chamarrée de soie jaune ? Rien ou peu, toujours selon Aurore qui, dans ses lettres, le présentait comme un artiste féru d’Antique et de sculpture. Et surtout un jeune homme hésitant et timide, fuyant la Cour et les salons du Marais pour manque d’audace. Un anachronisme dans le clan batailleur et dominateur du marquis de La Place.
    — Le révérend Joseph de Marolles nous envoie parce qu’il est retenu par notre père, cingle le jeune capitaine. Et je vois qu’il a eu le nez creux. Ce rustre est trop près de vous pour être honnête !
    Toussaint serre la mâchoire. Il songe à la manœuvre qui lui a permis de se jeter sur Ravort et se sent prêt à recommencer.
    — Petit, vous étiez déjà dérangeant, continue le matamore. Toujours dans les jupons de ma sœur. Maintenant, il suffit ! Tenez-vous dans la cour jusqu’au retour de votre parrain. Ensuite, dehors !
    Cette fois, Delaforge va bondir. Il jette un regard vers Aurore, peut-être pour lui dire ce qui va se produire. Il purgera sa rage.
    —

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