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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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François ! De grâce, écoutez-moi !
    Elle lève un bras et ce geste s’adresse aussi à Toussaint.
    — En m’apercevant, vous m’avez vu émue, commence-t-elle à l’intention de son frère le plus âgé.
    — Plus un mot ! rugit ce dernier. Vous déshonorez votre nom.
    — Attendez d’entendre mes raisons… Il s’agit de sa mère…
    — Ne dis rien, Aurore, tente Toussaint.
    — Si ! se défend l’innocente. C’est important pour toi et tu…
    — Cessez ce tutoiement ! aboie François de Voigny. Et parlez, Aurore. Il n’est rien que vous puissiez me cacher.
    — Toussaint sait qui fut sa mère.
    Les fils du marquis ne bronchent pas.
    — Ce n’est pas tout. Elle travaillait ici, pour notre père…
    — Il ne fallait pas… enrage l’orphelin dans un murmure.
    Mais François l’a entendu.
    — Pourquoi ne fallait-il pas ? raille le soldat sans montrer le moindre étonnement. En vous confiant à Mademoiselle de Voigny, vous n’aviez aucune gêne, que je sache.
    Il pose les mains sur les hanches où brille une épée :
    — Cherchiez-vous en fait à l’attendrir avec vos sornettes ?
    Il paraît si assuré qu’Aurore est prise d’un doute.
    — Toussaint, le supplie-t-elle, tout est-il faux ?
    — J’ai dit la vérité.
    — J’en doute, réplique aussitôt François.
    — Comment osez-vous, gronde l’accusé en s’avançant, décidé à étouffer la suffisance du fils de La Place.
    Devinant ce qui va se produire, ce dernier brandit sa cravache, prêt à s’en servir :
    — Votre sincérité ne retire rien au fait que vous soyez un sot ! Et ce défaut est, hélas ! irréparable.
    — Pourquoi te montres-tu si outrageant ? ose sa sœur.
    — Parce que, ma chère sœur, je connais l’histoire de ce rustre.
    Il montre tant d’aplomb que Toussaint marque le pas. Le jeune Voigny observe sa proie, en joue comme à la chasse :
    — Il ne suffit pas de rouler des épaules, jeune homme, pour être courageux. Aurez-vous assez de force pour m’entendre ?
    Il fait mine de réfléchir :
    — Votre allure paraît robuste, votre front est celui d’un buté, et je sais que Montcler forge à la dureté. Oui, on vous a dressé pour supporter le pire…
    Cette fois, Delaforge n’en peut plus. Il plonge la main dans sa poche, en sort son couteau. François de Voigny voit la manœuvre ; elle ne l’impressionne pas :
    — Méthode de brigands, façon de va-nu-pieds… Le portrait de votre mère. Une fille de mauvaise vie qu’en effet notre père a recueillie pour satisfaire la bonté de votre parrain.
    La lame du couteau brille, le bras se détend. Aurore hurle. Toussaint s’apprête à frapper quand, d’un geste plein d’assurance, le soldat fait jaillir l’épée du fourreau. Le plat de sa lame s’abat sur le poignet de l’agresseur. Son coup est violent, la botte précise, efficace. La douleur oblige Toussaint à ouvrir la main. Son arme tombe à terre, du sang coule, la plaie semble profonde.
    — Votre mère s’appelait Marie, assène alors calmement François de Voigny. Elle travailla dans cet hôtel quelques semaines sans dire qu’elle était enceinte. Quand elle fut ronde et grosse au point de ne plus pouvoir dissimuler sa faute, elle prit la décision de partir sans même avertir mon père. Sans doute que le monde d’où venait cette insolente lui manquait. Elle y est retournée, préférant accoucher parmi les siens.
    Il rentre son épée d’un geste tout aussi sûr :
    — C’était une catin et vous l’ignoriez par la seule bonté de mon père et de votre parrain qui avaient décidé de taire vos origines trop misérables. Maintenant, vous savez. Et quelle gloire en tirez-vous, monsieur le bâtard ?
    Toussaint se tient le poignet sans comprendre ce qui lui fait le plus mal.
    — Un mot encore, continue l’aîné. Ne torturez plus Berthe ou quiconque. Vous m’avez vu en fureur tout à l’heure, autant pour vous trouver seul avec ma sœur qu’en découvrant plus tôt notre cuisinière en pleurs.
    Le capitaine toise l’intrus avec mépris :
    — Vous pensiez lui arracher le nom d’un père, m’a-t-elle avoué après avoir calmé ses sanglots. Et vous imaginiez qu’elle pouvait satisfaire votre curiosité… Ne mentez plus, Delaforge. Elle s’est confiée sans nul besoin de la menacer, ce qui, j’imagine, ne fut votre cas. Vous entrez et vous torturez mes gens ? Mais de quel droit, l’orphelin ? Vous cherchiez qui vous êtes ? Ouvrez grandes vos oreilles. Berthe n’a rien dit

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