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Un jour, je serai Roi

Un jour, je serai Roi

Titel: Un jour, je serai Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Michel Riou
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voyant combien l’autre est mal à l’aise.
    Le prêtre déteste ses provocations, mais son tourmenteur s’en repaît.
    — Ma mère, cette diablesse, ne l’aurait-elle pas connu après être entrée chez le marquis ?
    — Il suffit ! On t’a expliqué qu’elle était enceinte avant…
    — Qui le prétend ? François de Voigny ?
    Delaforge regarde son poignet où le sang ne coule plus.
    — Comment croire celui qui m’a blessé et me hait ?
    — Eh bien ! Moi, je te l’assure…
    Le ton n’est pas net. Les yeux s’échappent. Berthe a fait ainsi, tout à l’heure. Son regard a fui vers la porte de la cuisine. Et pour se rendre où ? La déraison entre à nouveau dans la cervelle du jeune homme. Il est le fils de quelqu’un, et Marolles, qui lui a déjà tant menti, le connaît.
    — Tout n’est pas encore écrit à propos de mon père. Aussi, ai-je mieux à faire que de retourner à Montcler.
    Dieu du Ciel ! Le parrain n’en peut plus. Il croit tout réglé, et voilà qu’on recommence. Ce… monstre est décidé, sa main ne lui fait plus mal. Il le nargue, le menace encore…
    — À la fin, que veux-tu ? hurle-t-il.
    — Ma liberté, réplique froidement Delaforge.
    — Sinon ? ne peut s’empêcher de poursuivre le jésuite, ne mesurant pas qu’en répondant ainsi il cède peu à peu à tous les caprices.
    — Je retourne chez eux… Et cette fois mieux armé. Je questionnerai jusqu’au marquis, mais j’apprendrai de qui je suis.
    Marolles flageole.
    — De quoi avez-vous si peur ?
    — Tu montres tant de folie… se décompose son parrain.
    — À moins que vous n’ayez d’autres choses à m’apprendre…
    Le garçon souffre tant que le désespoir le pousse à s’accrocher au plus petit détail. Si le jésuite hésite, c’est qu’il cache quelque chose, comme ce matin.
    — Vous n’imaginez pas comme je suis capable du pire, ajoute Toussaint qui sait désormais combien il lui est facile de fragiliser l’ecclésiastique.
    Ce dernier n’a guère besoin de se forcer pour concevoir ce que mijote cet esprit forcené. Il connaît les gens de son espèce. Telle mère, tel fils ! songe-t-il. Quand il rend visite aux pauvres et que ces enragés le pressent trop, il jette des pièces, ils se battent à mort. L’argent. Voilà ce qui règle tout avec ces bêtes, voilà le moyen d’apaiser la vengeance et la volonté de nuire de celui qui le menace.
    — Disons que tu ne retournes pas à Montcler… commence le prêtre.
    — C’est déjà acquis.
    — Comment vivras-tu ? Bien sûr, s’empresse-t-il d’ajouter, tu ne peux revenir chez le marquis.
    Il fait mine de réfléchir :
    — Il te faudrait de l’argent…
    Un coup d’œil de travers : le filleul ne bronche pas.
    — Oui, je pourrais t’en donner, chuchote le tentateur comme s’il s’adressait à Judas.
    Il s’approche et tente un sourire :
    — Qu’en penses-tu ?
    — Soyez rassuré, le nargue Toussaint. J’y réfléchis, mon cher parrain.
    C’est un tel soulagement que Marolles est prêt à capituler.
    — Alors ! jette-t-il à bout de nerfs.
    Un temps insupportable. Qui cédera le premier ?
    — Cent livres et je disparais, se décide brusquement le plus jeune.
    — La somme est grosse, réplique aussitôt le révérend, sans vraiment s’opposer.
    — Débrouillez-vous !
    — Il me faut du temps et…
    — Je suis très bien ici.
    Ils se trouvent à cent pas de l’hôtel du marquis. Et de quoi ce diable est-il encore capable ?
    — Soit ! flanche le prêtre trop brusquement. Attends-moi.
    — Je ne patienterai guère.
    Marolles a déjà tourné les talons.
    1 - Toujours en référence avec l’hôtel Le Peletier de Saint-Fargeau situé rue de Sévigné. La rambarde en fonte existe. Elle est présentée comme la plus ancienne de Paris.

    2 - Octobre 1415. La chevalerie française, peu mobile car trop lourdement équipée, est décimée par les archers anglais.

    3 - Ce grade, réservé aujourd’hui aux hommes plus expérimentés, n’a rien d’étonnant. Le célèbre marin Jean Armand de Maillé-Brézé, troisième marquis de Brézé (1619-1646) fut colonel à 15 ans, général des galères à 20 et grand-maître de la navigation à 24. Il mourut à 27 ans à la bataille d’Orbetello.

    4 - L’uniformisation des armées ne sera réalisée qu’à la fin du XVII e siècle. De plus, les officiers ne portaient pas nécessairement la tenue de leur corps ou de leur unité.

Troisième Partie
    Les chemins de la

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