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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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campagne avec les branches locales. Des militants de l ’ ANC répandirent l ’ information dans les townships et les usines. On imprima des tracts, des autocollants et des affiches qu ’ on distribua et qu ’ on mit dans les trains et les bus.
    L ’ atmosphère du pays était assez sombre. Le gouvernement menaçait d ’ interdire l ’ organisation et des ministres prévenaient l ’ ANC qu ’ on l ’ écraserait bientôt à mains nues. Partout en Afrique la lutte d ’ indépendance était en marche   : la naissance de la république du Ghana en 1957 et l ’ apparition de son leader panafricaniste et anti-apartheid, Kwame Nkrumah, avaient inquiété les nationalistes et les avaient renforcés dans leur volonté de mettre fin à toute dissidence intérieure. En 1960, en Afrique, dix-sept anciennes colonies devaient devenir des Etats indépendants. En février, le Premier ministre britannique Harold Macmillan vint en visite en Afrique du Sud et, dans un discours au Parlement, il parla « des vents du changement   » qui soufflaient sur l ’ Afrique.
    A ce moment, le PAC semblait perdu   ; ce n ’ était qu ’ une direction en quête de partisans, et ses responsables cherchaient à lancer une action qui leur donnerait une existence sur l ’ échiquier politique. Ils étaient au courant de la campagne de l ’ ANC contre le pass et avaient été invités à y participer, mais au lieu de nous donner la main, ils tentèrent de nous saboter en annonçant qu ’ ils lançaient leur propre campagne contre le pass, le 21 mars, dix jours avant le démarrage de la nôtre. Ils n ’ avaient tenu aucune conférence pour discuter de la date et ils n ’ avaient entrepris aucun travail significatif d ’ organisation. C ’ était un cas manifeste d ’ opportunisme. Leur action était plus motivée par le désir d ’ éclipser l ’ ANC que par celui de vaincre l ’ ennemi.
    Quatre jours avant la manifestation prévue, Sobukwe nous invita à nous associer au PAC. Son offre n ’ était pas un geste d ’ unité mais une tactique pour qu ’ on ne puisse pas reprocher au PAC de nous avoir exclus. Il faisait sa proposition à la dernière minute, et l ’ ANC refusa. Le matin du 21 mars, Sobukwe et la direction du PAC se rendirent au commissariat d ’ Orlando afin d ’ être arrêtés. Les dizaines de milliers d ’ hommes et de femmes qui allaient travailler ignorèrent les responsables du PAC. Devant le tribunal, Sobukwe déclara que le PAC n ’ essaierait pas de se défendre, en application de son slogan   : « Pas de caution, pas de défense, pas d ’ amende. » Ils pensaient que les volontaires seraient condamnés à des peines légères. Mais Sobukwe fut condamné, non pas à trois semaines, mais à trois ans de prison sans possibilité d ’ amende.
    A Johannesburg, la réponse à l ’ appel du PAC fut très peu importante. Il n ’ y eut aucune manifestation à Durban, à Port Elizabeth ou à East London. Mais à Evaton, Z.B. Molete, très bien secondé par Joe Molefi et Vusumuzi Make, réussit à mobiliser tout le township et plusieurs centaines d ’ hommes se présentèrent au commissariat sans pass pour se faire arrêter. La ville du Cap vit une de ses plus importantes manifestations contre le pass de son histoire. Dans le township de Langa, près du Cap, quelque 30   000 personnes menées par le jeune étudiant Philip Kgosana se rassemblèrent et une charge de la police déclencha une émeute. Deux personnes furent tuées. Mais le dernier endroit où eut lieu une manifestation fut le plus désastreux et son nom porte encore les accents de la tragédie   : Sharpeville.
    Sharpeville était un petit township à une cinquantaine de kilomètres au sud de Johannesburg, dans la banlieue industrielle sinistre qui entoure Vereeniging. Les militants du PAC y avaient fait un excellent travail d ’ organisation. En début d ’ après-midi, une foule de plusieurs milliers de personnes entoura le commissariat de police. Les manifestants étaient contrôlés et sans armes. Les forces de police, qui comptaient 75 hommes, se sentirent dépassées par le nombre et paniquèrent. Personne n ’ entendit de coups de semonce ni l ’ ordre de tirer, mais brusquement les policiers ouvrirent le feu sur la foule et ils continuèrent à tirer alors qu ’ elle s ’ enfuyait effrayée. Quand la place fut dégagée, 69 Africains étaient morts, la plupart touchés dans le dos pendant leur fuite. Plus de 700 coups

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