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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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restés debout toute la nuit.
    A 7 h 15, on nous a mis dans une cellule minuscule avec un seul trou dans le sol qu ’ on ne pouvait laver que de l ’ extérieur. On ne nous a donné ni couvertures, ni matelas, ni nourriture, ni papier de toilette. Le trou se bouchait régulièrement et dégageait une puanteur insupportable. Nous n ’ avons cessé de protester en exigeant en particulier d ’ avoir de quoi manger. N ’ ayant obtenu que des réponses maussades, nous avons décidé que la prochaine fois que la porte s ’ ouvrirait nous sortirions en force dans la cour contiguë et refuserions de réintégrer la cellule tant que nous n ’ aurions pas eu à manger. Le jeune policier de service a pris peur et s ’ est sauvé tandis que nous nous précipitions à l ’ extérieur. Quelques minutes plus tard, un sergent costaud avec les pieds sur terre est entré dans la cour et nous a crié   : « Rentrez   ! Sinon je fais venir cinquante hommes avec des matraques et on va vous défoncer le crâne   ! » Après les horreurs de Sharpeville, la menace ne semblait pas vaine.
    Le responsable du commissariat s ’ est approché de la porte de la cour pour nous observer, et il s ’ est avancé vers moi parce que j ’ avais les mains dans les poches. « C ’ est comme ça que tu te tiens devant un officier   ? a-t-il hurlé. Retire tes sales pattes de tes poches   ! » J ’ ai laissé mes mains solidement au fond de mes poches, comme si je me promenais par une matinée très froide et lui ai répondu que je condescendrais à les en sortir si l ’ on nous donnait à manger.
    A 3 heures de l ’ après-midi, soit plus de douze heures après notre arrivée, on nous a apporté une marmite de bouillie de maïs, mais sans couverts. En temps ordinaire, j ’ aurais considéré cela comme immangeable, mais nous y avons plongé nos mains pas lavées et nous avons mangé comme s ’ il s ’ agissait du mets le plus délicat de la terre. Après le repas, nous avons élu un comité chargé de nous représenter dans lequel se trouvaient Duma Nokwe et Z.B. Molete, le responsable des relations extérieures du PAC, et moi. J ’ ai été désigné comme porte-parole. Nous avons rédigé une pétition pour protester contre nos conditions de détention inacceptables et pour exiger notre libération immédiate, car nous considérions notre détention comme illégale.
    A 6 heures, nous avons reçu des matelas et des couvertures. Je ne pense pas que les mots peuvent rendre compte de l ’ état de crasse de cette literie. Les couvertures, recouvertes de vomissures et de sang séchés, étaient infestées de poux, de vermine et de cafards et dégageaient une puanteur qui faisait concurrence à celle de la tinette.
    Vers minuit, on nous a dit qu ’ on allait nous appeler mais sans nous faire savoir pourquoi. Certains souriaient car ils espéraient être libérés. D ’ autres ne se faisaient pas d ’ illusions. On m ’ a appelé le premier et on m ’ a conduit à la porte de la prison où on m ’ a libéré devant un groupe de policiers. Mais avant que j ’ aie pu faire un pas, un officier a crié   :
    « Nom   !
    —  Mandela, ai-je dit.
    —  Nelson Mandela, a-t-il répondu, je vous arrête en fonction des pouvoirs qui me sont conférés par l ’ état d ’ urgence. » Nous n ’ allions pas du tout être libérés mais arrêtés de nouveau d ’ après ce que nous découvrions comme étant l ’ état d ’ urgence. Nous avons tous connu le même sort tour à tour. Nous avions été arrêtés illégalement avant le début de l ’ état d ’ urgence qui prenait effet à minuit   ; maintenant nous l ’ étions dans les formes. Nous avons rédigé un mémorandum adressé au commandant pour savoir quels étaient nos droits.
    Le lendemain, j ’ ai été convoqué dans le bureau du commandant où j ’ ai retrouvé Robert Resha que le commandant interrogeait. Quand je suis entré, Resha lui a demandé pourquoi il m ’ avait menacé la nuit précédente. Il a eu une réponse typique de baas   : « Mandela était insolent. » J ’ ai répondu   : « Je ne suis pas obligé de retirer mes mains de mes poches devant des gens comme vous, ni hier ni maintenant. » Le commandant a jailli de son fauteuil mais les autres officiers l ’ ont retenu. A cet instant, le sergent Helberg, un inspecteur de la Special Branch, est entré et a dit   : « Salut Nelson   ! » d ’ un ton aimable. Je lui ai répondu   :

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