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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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avec ses tendances politiques hégémoniques. De façon curieuse, notre petit univers à l ’ intérieur de l ’ ancienne synagogue semblait équilibré quand, chaque matin, nous observions Pirow lisant le journal de droite Nuwe Order et Bram Fisher lisant le journal de gauche New Age. Dans un geste généreux, il nous avait offert les cent volumes de l ’ examen préparatoire et cela permit à la défense d ’ économiser beaucoup d ’ argent. L ’ avocat De Vos devint le nouveau responsable de l ’ accusation, mais il n ’ avait ni l ’ éloquence ni le mordant de son prédécesseur.
     
    Peu de temps après la mort de Pirow, l ’ accusation cessa l ’ examen des preuves et passa à l ’ audition des experts en commençant par le professeur Murray, le soi-disant expert en communisme qui avait révélé une telle stupidité pendant l ’ examen préparatoire. Au cours du contre-interrogatoire impitoyable de Maisels, Murray reconnut que la Charte de la liberté était en fait un document humanitaire qui pouvait parfaitement représenter la réaction et les aspirations naturelles des non-Blancs devant leurs dures conditions de vie en Afrique du Sud.
    Murray ne fut pas le seul témoin de l ’ accusation à lui faire défaut. Malgré la quantité de preuves et les centaines de pages des experts, l ’ accusation n ’ avait pas réussi à fournir un seul élément définitif concernant la violence préméditée de l ’ ANC et elle le savait. Puis, en mars, l ’ accusation reprit soudain confiance. Elle était sur le point de produire la preuve la plus écrasante. En fanfare et avec de longs roulements de tambour dans la presse, l ’ accusation transmit à la cour un discours de Robert Resha enregistré clandestinement. Il l ’ avait prononcé en tant que responsable des volontaires du Transvaal devant une salle comble de volontaires de la Liberté, en 1956, quelques semaines avant notre arrestation. Un grand silence régnait dans le tribunal et, malgré les craquements de l ’ enregistrement et les bruits de fond, nous avons parfaitement compris les paroles de Robert.
     
    Si vous êtes discipliné et si l ’ organisation vous dit de ne pas être violent, il ne faut pas être violent…   » mais si vous êtes un véritable volontaire et si on vous donne l ’ ordre d ’ être violent, vous devez absolument être violent, vous devez tuer   ! Tuer   ! C ’ est tout   !
     
    L ’ accusation croyait avoir bouclé son dossier. Les journaux publièrent le discours de Resha en bonne place et se firent l ’ écho de l ’ émotion de l ’ accusation. Pour elle, ce texte révélait l ’ intention secrète et véritable de l ’ ANC, et démasquait sa prétendue non-violence. Mais en fait, le discours de Resha était une erreur. Excellent orateur, Robert se laissait parfois emporter et ses paroles avaient été malheureuses. Mais, comme le montrerait la défense, il insistait simplement sur l ’ importance de la discipline et sur le fait que les volontaires devaient obéir à tout ce qu ’ on leur commandait, même si cela leur était désagréable. L ’ un après l ’ autre, nos témoins montrèrent que le discours de Resha n ’ était pas seulement retiré de son contexte mais qu ’ en outre on ne pouvait pas le considérer comme représentatif de la politique de l ’ ANC. Les comptes rendus de nos discours étaient une longue exhortation à la non-violence.
     
    L ’ accusation déposa ses conclusions le 10 mars 1960, et nous devions appeler notre premier témoin quatre jours plus tard. Nous avions été mis à mal pendant des mois, mais en nous préparant à témoigner nous avions envie de passer à l ’ offensive. Cela faisait trop longtemps que nous nous contentions de parer les coups de l ’ ennemi.
    Il y avait eu de grandes spéculations dans la presse pour savoir si notre premier témoin serait le chef Luthuli. Apparemment l ’ accusation le croyait également, car la consternation s ’ installa dans ses rangs, quand, le 14 mars, elle vit qu ’ on n ’ appelait pas Luthuli mais le Dr. Wilson Conco.
    Conco était le fils d ’ un éleveur zoulou originaire du très beau district d ’ Ixopo dans le Natal. Non seulement il était médecin mais il avait appartenu au groupe des fondateurs de la Ligue de la jeunesse, avait participé activement à la Campagne de défi et était trésorier de l ’ ANC. Avant son audition, on l ’ a interrogé sur ses brillantes études à l ’

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