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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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à Orlando, pour se plaindre des chefs qui collaboraient avec le gouvernement. Sabata, opposé aux Autorités bantoues, refusait de capituler, mais ceux qui venaient me voir avaient peur que Matanzima ne le dépose, ce qui finit par arriver. Une fois, K.D, lui-même est venu me rendre visite pendant le procès pour trahison, et je l ’ ai emmené avec moi à Pretoria. Dans la salle du tribunal, Issy Maisels l ’ a présenté aux juges qui lui ont accordé une place d ’ honneur. Mais à l ’ extérieur, parmi les accusés, il ne fut pas traité avec autant de prévenances. Il commença à demander de façon agressive aux différents accusés, qui le considéraient comme un traître, pourquoi ils s ’ opposaient au développement séparé. Lilian Ngoyi dit   : « Tyhini, uyadelela lo mntu   » (Mon Dieu, cet homme est un provocateur).
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    On dit que les moulins de Dieu tournent très lentement, mais les machinations de Dieu elles-mêmes ne peuvent lutter contre celles du système judiciaire sud-africain. Le 3 août 1958, deux ans et huit mois après notre arrestation, et au bout d ’ une année entière de manœuvres juridiques, le véritable procès commença dans l ’ ancienne synagogue de Pretoria. Nous étions enfin inculpés et trente d ’ entre nous plaidèrent non coupables.
    Issy Maisels dirigeait de nouveau notre défense, assisté de Sydney Kentridge, Bram Fischer et Vernon Berrangé. Cette fois, le procès était devenu sérieux. Pendant les deux premiers mois, l ’ accusation présenta quelque 2   000 documents et appela 210 témoins, dont deux cents étaient membre de la Special Branch. Les policiers reconnurent s ’ être cachés dans des placards et sous des lits, s ’ être fait passer pour des membres de l ’ ANC, et avoir utilisé toute tromperie qui leur permettait d ’ obtenir des informations sur notre organisation. Cependant, beaucoup de documents présentés et de discours transcrits étaient publics et accessibles à tous. Comme auparavant, l ’ essentiel des preuves de l ’ accusation se composait de livres, de lettres et de documents saisis chez les accusés au cours de nombreuses perquisitions entre 1952 et 1956, ainsi que de notes prises par des policiers pendant des réunions de l ’ ANC à la même époque. Comme avant, les comptes rendus de nos discours rédigés par des membres de la Special Branch étaient confus. Nous plaisantions en disant qu ’ entre la mauvaise acoustique de la salle et les rapports inexacts des inspecteurs de la Special Branch nous pouvions très bien nous retrouver condamnés à des amendes pour des propos que nous n ’ avions pas tenus, emprisonnés pour ce que nous ne pouvions pas entendre et pendus pour ce que nous n ’ avions pas fait.
    Chaque jour, à l ’ heure du déjeuner, nous avions le droit de nous asseoir dans le grand jardin du presbytère voisin où l ’ on nous servait un repas préparé par la redoutable Mrs. Thayanagee Pillay et ses amis. Nous avions presque chaque jour des plats indiens très épicés ainsi que du thé, du café et des sandwiches pendant les pauses du matin et de l ’ après-midi. Ces brefs instants de repos ressemblaient à de minuscules vacances et nous donnaient l ’ occasion de parler politique. Ces moments, passés à l ’ ombre des jacarandas, sur la pelouse du presbytère, étaient la partie la plus agréable du procès, car de bien des façons cette affaire était plus une épreuve pour tester notre endurance qu ’ un véritable procès en justice.
    Le 11 octobre au matin, alors que nous nous préparions à aller au tribunal, nous avons entendu à la radio que le procureur, Oswald Pirow, venait de mourir subitement. Cet événement était une terrible déconvenue pour le gouvernement et, à partir de ce moment, l ’ efficacité et l ’ agressivité de l ’ accusation diminuèrent. Ce jour-là, au tribunal, le juge Rumpff prononça un éloge attendri de Pirow, en vantant sa perspicacité et son sérieux. Son absence allait nous profiter mais nous ne nous sommes pas réjouis de sa mort. Nous avions fini par éprouver une certaine affection pour notre adversaire, car en dépit de ses conceptions politiques nuisibles, c ’ était un homme compatissant qui ne partageait pas le racisme du gouvernement pour lequel il travaillait. Sa façon polie de parler de nous comme des « Africains   » (alors qu ’ un de nos avocats se trompait parfois et nous appelait « indigènes   ») contrastait

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