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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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encore. Je commençai à ressentir mon identité en tant qu ’ Africain et pas seulement en tant que Thembu ni même Xhosa.
    Notre dortoir comptait quarante lits, vingt de chaque côté d’une allée centrale. Le maître d’internat, le merveilleux révérend S.S. Mokitimi, devint plus tard le premier président africain de l’Eglise méthodiste d’Afrique du Sud. Lui aussi était de langue xhosa et ses élèves l’admiraient parce que c’était quelqu’un de moderne et d’éclairé qui comprenait leurs revendications.
    Il nous impressionnait également pour une autre raison   : il tenait tête au Dr. Wellington. Un soir, une querelle éclata entre deux préfets dans l’allée principale du lycée. Les préfets étaient chargés d’empêcher les disputes, pas de les provoquer. On appela le révérend Mokitimi pour qu’il rétablisse la paix. Le Dr. Wellington, qui revenait de la ville, apparut soudain au milieu de toute cette agitation et son arrivée créa un choc considérable, comme si un dieu était descendu du ciel pour résoudre un problème bien modeste.
    Il prit les choses de très haut et exigea qu’on lui explique ce qui se passait. Le révérend Mokitimi, dont le sommet du crâne n’arrivait pas à l’épaule du Dr. Wellington, lui répondit très respectueusement   : « Dr. Wellington, tout va bien et je vous ferai un rapport demain matin. » Aucunement ébranlé, le Dr. Wellington dit avec une pointe d’irritation   : « Non, je veux savoir ce qui se passe tout de suite. » Le révérend Mokitimi ne recula pas   : « Dr. Wellington, je suis responsable de ce dortoir   ; je vous ai dit que je vous ferais un rapport demain matin, et c’est ce que je ferai. » Nous étions stupéfaits. Nous n’avions jamais vu personne, encore moins un Noir, tenir tête au Dr. Wellington et nous nous attendions à une explosion. Mais ce dernier se contenta de répondre   : « Très bien   », et il s’en alla. Je me rendis compte que le Dr. Wellington n’était pas un dieu, que le révérend Mokitimi était plus qu’un laquais et qu’un Noir ne devait pas automatiquement obéir à un Blanc, même s’il s’agissait de son supérieur.
    Le révérend Mokitimi cherchait à introduire des réformes au lycée. Nous soutenions tous ses efforts pour améliorer la nourriture et la façon dont les élèves étaient traités, y compris sa suggestion que les étudiants soient responsables de la discipline. Mais une réforme nous inquiéta, en particulier les élèves de la campagne. Une innovation du révérend Mokitimi fut de faire déjeuner ensemble le dimanche les garçons et les filles. J’étais tout à fait contre pour la simple raison que je me sentais toujours mal à l’aise avec mon couteau et ma fourchette et que je ne voulais pas être humilié devant les filles, à qui rien n’échappait. Mais le révérend Mokitimi insista et organisa les déjeuners et, chaque dimanche, je quittai le réfectoire déprimé et le ventre vide.
    Mais j’aimais beaucoup le terrain de sport. Le niveau sportif d’Healdtown était très supérieur à celui de Clarkebury. La première année, je n’étais pas assez adroit pour faire partie d’une des équipes. Mais au cours de la seconde, mon ami Locke Ndzamela, le champion d’Healdtown de courses de haies, m’encouragea à la pratique d’un nouveau sport   : la course de fond. J’étais grand et maigre et Locke disait que j’avais la morphologie idéale d’un coureur de fond. Il me donna quelques conseils et je commençai l’entraînement. J’aimais la discipline et la solitude de la course de fond, qui me permettait d’échapper au brouhaha de la vie scolaire. A la même époque, je commençai à pratiquer un sport qui semblait moins me convenir   : la boxe. Je m’entraînais sans grande méthode et ce n’est que quelques années plus tard, quand j’eus pris un peu de poids, que je me mis à boxer sérieusement.
     
    Au cours de ma seconde année à Healdtown, le révérend Mokitimi et le Dr. Wellington me nommèrent préfet {2} . Les préfets ont différents niveaux de responsabilité et les nouveaux sont chargés des tâches les moins agréables. Au début, j’ai surveillé un groupe d’élèves qui, l’après-midi, pendant le travail manuel, lavaient les vitres, ce qui les conduisait chaque jour dans des bâtiments différents.
    J ’ atteignis bientôt le niveau de responsabilité suivant, la surveillance de nuit. Je n ’ avais

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