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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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j’en contactais certains en leur faisant passer des messages. Je parlais avec d’autres originaires du Transkei et je les interrogeais sur mon pays. Certains de ceux qui arrivaient étaient déjà connus dans la lutte. On m’avait parlé du courage de Patrick « Terreur   » Lekota, un des responsables de l’Association des étudiants sud-africains, et je lui ai envoyé un mot pour l’accueillir à Robben Island.
    Son surnom de « Terreur   » venait de ses prouesses au football, mais il était aussi bon dans les débats. Il n’était pas d’accord avec certains de ses camarades sur la question raciale et se rapprochait des idées de l’ANC. Une fois sur l’île, Terreur décida de nous rejoindre, mais nous l’en avons dissuadé  – non pas parce que nous ne voulions pas de lui mais parce que nous pensions que cela créerait des tensions dans la section générale.
    Terreur s’obstina et annonça publiquement son adhésion à l’ANC. Un jour, peu de temps après, des membres de la Conscience noire, mécontents, l’ont agressé avec une fourche. On l’a soigné, et les autorités ont inculpé les agresseurs avec l’intention de les juger. Mais, dans l’intérêt de l’harmonie, nous avons conseillé à Terreur de ne pas porter plainte. Il accepta, et refusa de témoigner contre ceux qui l’avaient blessé. L’affaire en resta là. Je sentais qu’un tel procès ne ferait que servir les intérêts des autorités. Je voulais que ces jeunes voient que l’ANC était un vaste mouvement qui pouvait abriter beaucoup de conceptions et de sensibilités différentes.
    Cet incident sembla ouvrir les portes et des dizaines de membres de la Conscience noire décidèrent de rejoindre l’ANC, y compris certains de ceux qui avaient organisé l’agression de Terreur. Dans la section générale, Terreur s’éleva au sommet de la hiérarchie de l’ANC et bientôt il enseignait la politique de l’ANC aux autres prisonniers. Le courage et la vision politique d’hommes comme Lekota nous confirmaient dans l’idée que nos conceptions avaient gardé leur puissance et représentaient toujours le meilleur espoir d’unification de la lutte de libération dans son ensemble.
     
    Les querelles politiques se poursuivaient en F et en G. Nous avons appris qu’une échauffourée avait opposé des membres de l’ANC, du PAC et de la Conscience noire, dans la section générale. Des gens de l’ANC avaient été tabassés. Les autorités inculpèrent d’autres membres de l’ANC et un procès fut organisé au tribunal administratif de l’île. Les accusés firent appel à un avocat extérieur. Je n’avais pas assisté à la bagarre mais on me demanda d’être témoin de personnalité. Cette perspective m’inquiétait. J’étais tout à fait d’accord pour témoigner en faveur de mes camarades, mais je ne voulais pas renforcer les rancœurs qui opposaient l’ANC, le PAC et la Conscience noire.
    Je ne considérais pas mon rôle en prison comme seulement celui d’un responsable de l’ANC, mais aussi comme celui d’un défenseur de l’unité, d’un conciliateur honnête, un médiateur, et dans cette dispute je refusais de choisir un camp, même celui de ma propre organisation. Si je témoignais au nom de l’ANC, je mettrais en danger mes chances de réconcilier les différents groupes. Si je prêchais l’unité, je devais agir comme un unificateur, même au risque de m’aliéner certains de mes camarades.
    Je décidai de ne pas témoigner. Cela en déçut certains, mais je considérais cette question comme suffisamment grave pour prendre le risque de leur déplaire. Il était plus important de montrer aux jeunes de la Conscience noire que la lutte était indivisible et que nous n’avions qu’un ennemi.
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    Les autorités désiraient tant régler le problème de ces jeunes lions qu ’ elles nous laissèrent plus ou moins nous débrouiller tout seuls. Nous étions dans la seconde année de grève de lenteur à la carrière pour demander la fin du travail manuel. Nous réclamions le droit d ’ occuper nos journées à quelque chose d ’ utile, étudier ou apprendre un métier. A la carrière, nous ne faisions même plus les gestes du travail   ; nous parlions entre nous. Au début de 1977, les autorités annoncèrent la fin du travail manuel. A la place, elles nous laissèrent dans notre section avec des choses à faire, mais ce n ’ était qu ’ une façon de dissimuler leur capitulation.
    Cette

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