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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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Winnie, mon ami Dullah Omar.
    Il m’a tout de suite rassuré. La voiture s’était retournée, mais Winnie allait très bien et, tandis qu’on me raccompagnait en section B, je pensais toujours à elle   ; mon impuissance et mon incapacité à l’aider m’affligeaient.
    Je venais d’arriver dans ma cellule quand j’ai reçu la visite du commandant et d’autres responsables de la prison. C’était tout à fait inhabituel   ; en général, l’homme qui dirigeait Robben Island ne venait pas voir les prisonniers dans leur cellule. Je me suis levé et il est vraiment entré. Il y avait à peine de la place pour deux.
    « Mandela, m’a-t-il dit, je veux que vous rangiez vos affaires.
    —  Pourquoi   ?
    —  Nous vous transférons, a-t-il répondu simplement.
    —  Où ?
    —  Je ne peux pas le dire. »
    Je lui ai demandé pourquoi. Il m’a expliqué qu’il venait de recevoir des instructions de Pretoria et qu’on devait me faire quitter l’île immédiatement. Le commandant sortit et alla voir successivement dans leurs cellules Walter, Raymond Mhlaba et Andrew Mlangeni, pour leur donner le même ordre.
     
    J’étais troublé et inquiet. Qu’est-ce que cela voulait dire   ? Où allions-nous   ? En prison on ne peut remettre en cause un ordre et y résister que jusqu’à un certain point, ensuite on doit s’y plier. Nous n’avions été ni avertis ni préparés. J’avais passé dix-huit ans sur l’île et je devais m’en aller aussi brusquement   ?
    On nous a donné à chacun plusieurs grands cartons pour y mettre nos affaires. Tout ce que j’avais accumulé pendant près de deux décennies tenait en quelques caisses. Nous avons fait nos paquets en un peu plus d’une demi-heure.
    Il y eut de l’agitation dans le couloir quand les autres ont appris que nous partions, mais nous n’avons pas eu le temps de dire vraiment au revoir à ces camarades de tant d’années. C’est encore une des indignités de la prison. Les liens d’amitié et de loyauté avec les autres prisonniers ne comptent pas pour les autorités.
    Quelques minutes plus tard, nous étions dans le ferry en route pour Le Cap. J’ai regardé, derrière moi, l’île dans la lumière qui faiblissait, sans savoir si je la reverrais. Un homme peut s’habituer à tout, et je m’étais habitué à Robben Island. J’y avais vécu pendant près de vingt ans, mais, si je n’y avais jamais été chez moi  – chez moi, c’était Johannesburg  –, j’avais fini par m’y sentir bien. Les changements m’avaient toujours paru difficiles, et le fait de quitter Robben Island, même si ces lieux avaient pu être sinistres, ne fit pas exception. Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait.
    Sur les quais, entourés de gardes en armes, on nous a entassés dans un camion sans fenêtres. Nous sommes restés debout dans l’obscurité tandis que le camion roulait pendant ce qui nous a semblé durer beaucoup plus qu’une heure. Nous avons franchi plusieurs points de contrôle, puis nous nous sommes arrêtés. Les portes arrière se sont ouvertes, nous avons monté quelques marches de ciment dans la nuit, et franchi des portes métalliques pour entrer dans des locaux de sécurité. J’ai réussi à demander à un garde où nous étions.
    « La prison de Pollsmoor   », m’a-t-il répondu.

DIXIÈME PARTIE
    Parler avec l’ennemi
    87
    Pollsmoor, la prison de sécurité maximale, est située à la limite de Tokai, une banlieue blanche et riche, avec des pelouses vertes et des maisons confortables, à quelques kilomètres au sud-est du Cap. La prison elle-même se trouve au milieu du décor admirable de la baie du Cap, entre les montagnes de Constantiaberge au nord et les centaines d ’ hectares de vignobles au sud. Mais cette beauté naturelle nous restait invisible, derrière les hauts murs de Pollsmoor. C ’ est là que j ’ ai compris pour la première fois le vers obsédant d ’ Oscar Wilde sur la « tente bleue   » — c ’ est ainsi que les prisonniers désignent le ciel.
    Pollsmoor a un visage moderne mais un cœur primitif. Les bâtiments, en particulier ceux du personnel de la prison, étaient propres et récents   ; mais les logements des prisonniers vieux et sales. En dehors de nous, il n’y avait que des prisonniers de droit commun, que l’on traitait de façon archaïque. Nous étions séparés d’eux et nos conditions étaient différentes.
    Ce n’est que le lendemain matin que nous avons vraiment

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