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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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vu notre environnement. Nous étions logés tous les quatre dans une pièce spacieuse construite sous le toit du troisième et dernier étage de la prison   ; les seuls prisonniers à ce niveau. La pièce principale était propre, moderne et mesurait environ quinze mètres sur dix et il y avait une partie séparée avec des toilettes, un miroir, deux lavabos et deux douches. Il y avait quatre lits convenables, avec des draps, des serviettes, un luxe incomparable pour des hommes qui, depuis dix-huit ans, dormaient sur une natte posée par terre. Après Robben Island, nous nous trouvions dans un hôtel cinq étoiles.
    Nous avions aussi notre terrasse en plein air, en forme de L, longue comme la moitié d’un terrain de football, et nous avions le droit d’y aller pendant la journée. Il y avait tout autour des murs blancs en ciment de 3,50 mètres de haut, si bien que nous ne pouvions voir que le ciel, sauf à un angle où nous apercevions les crêtes des Constantiaberge, en particulier une partie qu’on appelle l’Œil de l’Eléphant. Parfois, je pensais que ce morceau de montagne était la partie émergée de l’iceberg du reste du monde.
    Etre transplanté aussi brusquement et sans explications était très perturbant. En prison, on doit se préparer aux changements précipités, mais on ne s’y habitue jamais. Nous étions maintenant sur le continent, mais nous nous sentions bien plus isolés. Pour nous, l’île était devenue le centre de la lutte. Nous trouvions une consolation dans la compagnie des autres, et nous avons passé les premières semaines à nous demander pourquoi on nous avait transférés. Nous savions que depuis longtemps les autorités n’aimaient pas, et même redoutaient, l’influence que nous avions sur les prisonniers plus jeunes. Mais la raison semblait plus stratégique   : nous pensions qu’elles cherchaient à décapiter l’ANC sur l’île en en transférant la direction. Robben Island était devenu un mythe qui renforçait la lutte et elles voulaient lui ôter de sa signification en nous déplaçant. Walter, Raymond et moi étions membres du Haut Commandement, mais ce qui ne collait pas, c’était la présence de Mlangeni. Andrew n’appartenait pas au Haut Commandement et n’avait pas fait partie des responsables de premier plan sur l’île, même si nous pensions que les autorités l’ignoraient. Leurs renseignements sur l’organisation se révélaient souvent inexacts.
    Une de nos hypothèses a semblé se confirmer quelques mois plus tard quand Kathy nous a rejoints. Il était bien membre du Haut Commandement. Plus important, Kathy avait été responsable des communications et c’était grâce à son travail que nous avions pu communiquer avec les jeunes prisonniers qui arrivaient.
    Quelques semaines après l’arrivée de Kathy, nous avons été rejoints par un homme que nous ne connaissions pas et qui ne venait même pas de Robben Island. Patrick Maqubela était un jeune avocat membre de l’ANC dans l’Eastern Cape. Il avait été stagiaire dans le cabinet de Griffiths Mxenge, un avocat très respecté qui avait défendu beaucoup de membres de l’ANC et qu’on avait assassiné l’année précédente, à côté de Durban. Maqubela était condamné à vingt ans de prison pour haute trahison et on l’avait transféré de Diepkloof à Johannesburg, où il avait causé quelques troubles en organisant les prisonniers.
    Au début, nous avons eu des doutes et nous sommes demandé si ce n’était pas un homme de la sécurité infiltré par les autorités. Mais nous avons vite compris qu’il n’en était rien. Patrick était un homme brillant, aimable et sans peur, avec qui nous nous entendions très bien. Cela n’avait pas dû être facile pour lui de venir s’installer avec un groupe d’hommes âgés qui, après avoir passé vingt ans ensemble, avaient leurs habitudes.
     
    Nous nous trouvions maintenant dans un monde de ciment. La beauté naturelle de Robben Island me manquait. Mais nous avions beaucoup de consolations. Tout d ’ abord, à Pollsmoor, la nourriture était bien supérieure. Après des années pendant lesquelles nous n ’ avions mangé que du gruau de maïs trois fois par jour, les repas de viande et de légumes ressemblaient à des festins. Nous avions le droit de recevoir un large éventail de journaux et de magazines, ainsi que des publications autrefois de contrebande comme Time et le Guardian hebdomadaire de Londres. Cela nous ouvrait

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