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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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Matanzima, Premier ministre du Transkei.
    Des chefs thembus demandèrent à me voir de toute urgence, ce qui leur fut accordé par les autorités, qui en général acceptaient volontiers les visites des chefs traditionnels  – pensant que plus je m’engagerais dans les affaires tribales et celles du Transkei en particulier, moins je m’occuperais de la lutte.
    Le gouvernement favorisait le pouvoir des chefs traditionnels pour contrecarrer l’ANC. Beaucoup de camarades de l’ANC pensaient que nous devions les désavouer mais j’avais envie de leur tendre la main. Il n’existe pas de contradiction entre le fait d’être chef traditionnel et membre de l’ANC. Cette question entretenait un des débats les plus longs et les plus délicats que nous avions sur l’île   : l’ANC devait-il oui ou non participer aux institutions soutenues par le gouvernement   ? Beaucoup considéraient cela comme une attitude de collaboration. De nouveau, je pensais qu’il fallait faire la distinction entre les principes et la tactique. Pour moi, la question essentielle était tactique   : notre organisation sortirait-elle renforcée d’une participation à ces organisations ou de leur boycott   ? La première proposition de cette alternative me semblait constituer le bon choix.
     
    J’ai rencontré les chefs dans une grande salle du quartier des visites, et ils m’ont exposé leur dilemme. Leur cœur penchait vers Sabata, mais ils craignaient Matanzima. Après les avoir écoutés, je leur ai conseillé de soutenir Sabata contre Matanzima, qui usurpait illégalement et honteusement le pouvoir du roi. Leur situation me touchait, mais je ne pouvais excuser Matanzima. Je leur ai demandé de transmettre mon soutien à Sabata et ma désapprobation à Matanzima.
    Matanzima m’avait proposé de venir me voir lui aussi pour parler de Sabata et des questions familiales. Comme il était mon neveu, il me demandait cette visite depuis des années. Il disait vouloir aborder les problèmes familiaux, mais sa visite ne manquerait pas d’avoir des conséquences politiques. Dès le début, j’en avais référé au Haut Commandement et aux membres de l’ANC de notre section. Certains avaient haussé les épaules en disant   : « C’est ton neveu   ; il a le droit de venir te voir. » Cependant, Raymond, Govan et Kathy avaient insisté sur le fait que si une telle visite pouvait s’expliquer par les liens familiaux, beaucoup de gens à l’intérieur et à l’extérieur l’interpréteraient comme un signe d’approbation de l’homme et de sa politique. C’était pour cela que Matanzima voulait me rendre visite et c’était pour cela que sa visite était inacceptable.
    Je comprenais et, en grande partie, partageais leurs arguments, mais je voulais rencontrer mon neveu. J’ai peut-être toujours trop accordé d’importance aux rencontres face à face et à mes capacités, lors de telles rencontres, à amener mes interlocuteurs à changer de point de vue. J’espérais pouvoir convaincre Matanzima de modifier sa politique.
    Finalement, les membres de l’ANC ont accepté de ne pas s’opposer à sa visite. Dans l’intérêt de la démocratie, nous avons consulté nos hommes des sections F et G, qui, eux, se sont montrés farouchement contre. Steve Tshwete, un des responsables de l’ANC dans la section générale, a dit qu’une telle visite aiderait Matanzima sur le plan politique et que par conséquent elle était hors de question. Beaucoup d’autres ont fait remarquer que Matanzima avait déjà essayé d’obtenir mon appui en nommant le père de Winnie, Columbus Madikizela, ministre de l’Agriculture de son gouvernement. Cela suffisait, disaient-ils, et il n’était pas nécessaire qu’en plus Madiba accepte de le voir. Je me suis incliné devant la décision des membres de l’ANC de la section générale et, à regret, j’ai informé les autorités que je n’acceptais pas de recevoir mon neveu.
     
    En mars 1982, la direction de la prison m’a informé que ma femme avait eu un accident de voiture et qu’elle se trouvait à l’hôpital. On avait très peu d’éléments et je ne savais rien de son état. J’ai accusé les autorités de faire de la rétention d’information et demandé une visite urgente de mon avocat. La direction se servait de l’information comme d’une arme efficace. L’état de ma femme m’a préoccupé jusqu’au 31 mars, date à laquelle j’ai reçu la visite de l’avocat de

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