Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
Vom Netzwerk:
se mirent d’accord sur une politique d’« action de masse   », qui montrerait au gouvernement l’étendue du soutien dont nous pouvions bénéficier dans le pays et qui ferait voir que le peuple sud-africain n’était pas disposé à attendre éternellement sa libération. L’action de masse comprenait des grèves, des manifestations et des boycotts. Pour démarrer le mouvement, on choisit le 12 juin 1992, date anniversaire de la révolte de Soweto en 1976, et la campagne devait atteindre son maximum les 3 et 4 août, lors d’une grève de deux jours.
    Mais avant cela, il se passa d’autres événements qui éloignèrent encore davantage l’ANC du gouvernement. Dans la nuit du 17 juin 1992, un groupe de l’Inkatha très bien armé fit une descente dans le township du Vaal, à Boipatong, et tua quarante-six personnes, pour la plupart des femmes et des enfants. C’était le quatrième massacre de membres de l’ANC de la semaine. Dans tout le pays, les gens étaient horrifiés par la violence et accusaient le gouvernement de complicité. La police ne fit rien pour empêcher les criminels d’agir ni pour les retrouver   ; il n’y eut ni arrestations ni enquête. Mr. De Klerk ne dit rien. Pour moi, c’en était trop   ; ma patience était à bout. Le gouvernement bloquait les négociations et, en même temps, il menait une guerre déguisée contre notre peuple. Dans ces conditions, pourquoi continuer à parler avec lui   ?
    Quatre jours après les meurtres, je pris la parole devant une foule de vingt mille partisans de l’ANC en colère et je leur dis que j’avais demandé au secrétaire général de l’ANC, Cyril Ramaphosa, de suspendre les discussions directes avec le gouvernement. J’annonçai aussi une réunion d’urgence du Comité national de direction (NEC) pour étudier nos possibilités. J’avais l’impression d’être revenu à la période sombre de Sharpeville. Je comparai le comportement du Parti national aux nazis allemands et avertis publiquement De Klerk que, s’il cherchait à nous imposer de nouvelles mesures pour limiter le droit de manifester ou la libre expression, l’ANC lancerait une campagne nationale de défi avec moi-même comme premier volontaire.
    A ce rassemblement, on pouvait lire sur des pancartes   : « Mandela, donne-nous des fusils   » et « La victoire par le combat, pas par les pourparlers   ». Je comprenais de tels sentiments   ; les gens étaient excédés. Ils ne voyaient rien de positif sortir des négociations. Ils commençaient à penser qu’on ne pourrait renverser l’apartheid qu’en faisant parler la poudre. Après Boipatong, certains membres du NEC disaient   : « Pourquoi avons-nous abandonné la lutte armée   ? Nous aurions dû abandonner les négociations à la place   ; elles ne nous permettront jamais d’atteindre notre but. » Au début, je me suis senti en accord avec ce groupe extrémiste, mais je me suis bientôt rendu compte qu’il n’y avait pas d’alternative. C’était ce que j’avais défendu pendant tant d’années, et je ne tournerais pas le dos aux négociations. Pourtant, il fallait calmer les choses. Dans cette situation, l’action de masse était un moyen terme entre la lutte armée et les négociations. Le peuple devait pouvoir exprimer sa colère et sa frustration et une telle campagne était la meilleure façon de canaliser ses sentiments.
    Quand nous avons informé le gouvernement que nous suspendions les pourparlers, nous avons adressé à Mr. De Klerk un mémorandum dans lequel nous exposions les raisons de notre retrait. En outre, afin de sortir CODESA 2 de l ’ impasse sur le problème de la constitution, nous exigions qu ’ on recherche les responsables des actes de violence afin de les traduire en justice, et qu ’ on mette au point certains mécanismes pour isoler les hostels, lieux propices à la violence. Mr. De Klerk nous a répondu pour me demander une rencontre, ce que nous avons refusé. Je sentais que cela laisserait entendre qu ’ il y avait quelque chose à discuter et, en ce moment, il ne restait rien.
     
    La campagne d’action de masse culmina dans une grève générale les 3 et 4 août, pour approuver la demande de négociations de l’ANC et protester contre le soutien apporté par le gouvernement à la violence. Plus de quatre millions de travailleurs restèrent chez eux au cours de la plus grande grève de l’histoire de l’Afrique du Sud. Le centre de la grève fut

Weitere Kostenlose Bücher