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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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téléphoné à la police le numéro d’immatriculation de la voiture de l’assassin. Le meurtre était un acte désespéré et fou, une tentative pour faire échouer les négociations. Le soir, on m’a demandé de m’adresser à la nation, à la radio et à la télévision. Ce fut l’ANC et non le gouvernement qui chercha à calmer la nation.
    J’ai dit qu’on ne pouvait pas arrêter le processus de paix et les négociations. Avec toute l’autorité dont je disposais, j’ai déclaré   : « J’appelle notre peuple à faire preuve de calme et à honorer la mémoire de Chris Hani en restant une force disciplinée pour la paix. »
     
    Ce soir, je parle à chaque Sud-Africain, noir ou blanc, du plus profond de mon être. Un Blanc, rempli de préjugés et de haine, est venu dans notre pays et a commis un acte si repoussant que toute notre nation hésite au bord du désastre. Une femme blanche, d’origine afrikaner, a risqué sa vie pour que nous puissions connaître l’assassin et le traduire en justice. […] Maintenant, l’heure est venue pour tous les Sud-Africains de se regrouper contre ceux qui, d’où qu’ils viennent, veulent détruire ce pour quoi Chris Hani a donné sa vie –  la liberté pour tous.
     
    L’assassinat de Chris Hani était une tentative de la part des tenants de la suprématie blanche pour arrêter l’inévitable. Ils préféraient voir le pays sombrer dans la guerre civile plutôt que d’arriver à la loi de la majorité par des moyens pacifiques.
    Nous avons adopté une stratégie dirigée vers les membres de l’ANC. Afin de devancer les explosions de violence et les représailles, nous avons organisé toute une semaine de rassemblements et de manifestations sur l’ensemble du pays. Cela donnerait aux gens un moyen d’exprimer leur colère sans avoir recours à la violence. Mr. De Klerk et moi nous sommes entretenus et mis d’accord pour reconnaître que l’assassinat d’Hani ne devait pas faire échouer les négociations.
    Quelques jours plus tard, nous avons appris qu’on avait arrêté un membre du Parti conservateur, Clive Derby-Lewis, en relation avec l’enquête sur le meurtre  – confirmation supplémentaire de l’existence d’une Troisième Force. Chris avait signalé un vol récent d’armes dans une base de l’armée de l’air   ; les premiers rapports de police laissaient entendre que l’arme qui l’avait tué provenait de ce stock.
     
    Deux semaines exactement plus tard, il y eut une autre mort. Celle-ci ne toucha pas la nation comme celle de Chris, mais moi, elle me bouleversa. Oliver n’était pas bien depuis longtemps, mais l’attaque qui l’emporta eut lieu brusquement et sans prévenir. Sa femme, Adelaide, me téléphona tôt le matin et je me précipitai au chevet d’Oliver. Je n’ai pas pu lui dire adieu car il était déjà mort.
    Dans son allégorie des métaux, Platon classe les hommes en groupes d’or, d’argent et de plomb. Oliver était de l’or pur   ; il y avait de l’or dans sa brillante intelligence, de l’or dans sa chaleur et son humanité, de l’or dans sa tolérance et sa générosité, de l’or dans sa loyauté et son abnégation infaillibles. Je le respectais autant comme chef que je l’aimais comme homme.
    Nous avions été séparés pendant toutes les années que j’avais passées en prison, et pourtant Oliver n’avait jamais quitté mes pensées. De bien des façons et malgré notre séparation, j’avais entretenu une conversation avec lui pendant toute ma vie. C’est peut-être pourquoi sa mort m’a laissé si seul. Comme je l’ai dit à un camarade, je me suis senti l’homme le plus seul du monde. C’était comme si on me l’avait arraché juste au moment où nous étions de nouveau réunis. En le regardant dans son cercueil, j’eus l’impression qu’une part de moi était morte.
    Nous n’étions pas encore au pouvoir, mais j’ai voulu qu’Oliver ait des funérailles nationales et c’est ce que l’ANC lui a organisé. Lors d’un rassemblement au stade de Soweto, des centaines de dignitaires représentant des gouvernements étrangers se réunirent pour rendre hommage à l’homme qui avait gardé l’ANC vivant pendant les années d’exil. Les soldats de MK défilèrent en son honneur et l’on tira une salve devant sa tombe. Oliver avait vécu pour voir la libération des prisonniers et le retour des exilés, mais pas suffisamment longtemps pour voter dans une Afrique du Sud libre

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