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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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de 1942, afin d ’ économiser de l ’ argent et d ’ être plus près du centre ville, j ’ ai quitté la chambre à l ’ arrière de la maison des Xhoma pour aller à la WNLA. J ’ étais aidé par Mr. Festile, l ’ induna de la Chambre des Mines qui, de nouveau, jouait un rôle capital dans ma vie. De sa propre initiative, il avait décidé de me loger gratuitement à la WNLA.
    Il s ’ agissait d ’ une communauté multiethnique et polyglotte de l ’ Afrique du Sud urbaine et moderne. Il y avait là des Sothos, des Tswanas, des Vendas, des Zoulous, des Pedis, des Shangaans, des hommes originaires du Sud-Ouest africain {5} , des Mozambicains, des Swazis et des Xhosas. Très peu parlaient anglais et la lingua franca était un mélange de beaucoup de langues connu sous le nom de fanagalo. J ’ y ai vu non seulement l ’ explosion de violences ethniques mais qu ’ une bonne entente semblait aussi possible entre hommes venant d ’ horizons différents. Pourtant, j ’ étais comme un chien dans un jeu de quilles. Au lieu de passer mes journées sous terre comme les mineurs, j ’ étudiais ou je travaillais dans un cabinet d ’ avocats où ma seule activité physique consistait à faire les courses ou à ranger des dossiers dans un classeur.
    WNLA était une étape pour les chefs en visite, et j ’ avais le privilège de rencontrer des chefs de tribu venant de toute l ’ Afrique du Sud. Je me souviens d ’ avoir rencontré la reine du Basutoland, Mantsebo Moshweshwe. Elle était accompagnée de deux chefs qui connaissaient tous deux le père de Sabata, Jongilizwe. Je leur ai demandé de me parler de lui et pendant une heure, alors qu ’ ils me racontaient des histoires sur son enfance, j ’ ai eu l ’ impression d ’ être revenu au Thembuland.
    La reine m ’ avait remarqué et, à un moment, elle s ’ est adressée à moi, mais elle parlait sesotho, une langue dont je ne connaissais que quelques mots. Le sesotho est la langue des Sothos ainsi que des Tswanas, dont un grand nombre vit au Transvaal et dans l ’ Etat libre d ’ Orange. Elle m ’ a regardé d ’ un air incrédule puis elle a dit en anglais   : « Quel genre d ’ avocat et de chef espères-tu être si tu ne connais pas la langue de ton propre peuple   ? » Je n ’ ai rien trouvé à répondre. La question m ’ embarrassait et me ramenait sur terre   ; elle me faisait prendre conscience de mon provincialisme et de mon manque de préparation pour me mettre au service de mon peuple. Sans m ’ en rendre compte je m ’ étais laissé prendre dans les divisions ethniques entretenues par le gouvernement blanc et je ne savais même pas parler à mes parents et à mes amis. Sans langue commune, on ne peut parler à un peuple ou le comprendre   ; on ne peut partager ses espoirs et ses aspirations, saisir son histoire, apprécier sa poésie et ses chansons. Je me suis à nouveau aperçu que nous n ’ étions pas des peuples différents avec des langues différentes   ; nous ne formions qu ’ un peuple avec des langues différentes.
    Moins de six mois après la visite du régent, Justice et moi avons appris sa mort, au cours de l ’ hiver 1942. Il m ’ avait semblé fatigué et sa mort n ’ a pas été une grande surprise. Nous avons appris la nouvelle dans le journal parce que le télégramme qui avait été envoyé à Justice s ’ était perdu. Nous sommes descendus aussitôt dans le Transkei, où nous sommes arrivés le lendemain de son enterrement.
    Bien que très déçu d ’ avoir raté les obsèques du régent, j ’ étais intérieurement heureux de m ’ être réconcilié avec lui avant sa mort. Mais je me sentais quand même coupable. J ’ avais toujours su, même quand j ’ étais brouillé avec lui, que tous mes amis pouvaient m ’ abandonner, mes plans échouer, mes espoirs s ’ effondrer, mais que le régent, lui, ne m ’ abandonnerait jamais. Et pourtant je l ’ avais repoussé, et je me demandais si ma fuite avait hâté sa fin.
    Ainsi disparaissait un homme éclairé et tolérant qui avait atteint l ’ objectif qui marque le règne de tous les grands leaders   : il avait préservé l ’ unité de son peuple. Gens de gauche et conservateurs, traditionalistes et réformateurs, cols blancs et mineurs, tous étaient restés loyaux à son égard, non parce qu ’ ils étaient toujours d ’ accord avec lui mais parce qu ’ il écoutait et respectait toutes les opinions.
    Après l ’ enterrement, j

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