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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Nelson Mandela
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East. Viens me voir. » J ’ ai décidé de ne pas m ’ humilier à nouveau, mais un jour, j ’ avais besoin d ’ un bon repas, et je suis allé chez elle. Elle m ’ a donné à manger sans faire allusion à ma pauvreté, et ensuite j ’ ai continué à lui rendre visite.
    Mon propriétaire, Mr. Xhoma, n ’ était pas riche, mais c ’ était une sorte de philanthrope. Chaque dimanche, pendant tout le temps où je lui ai loué une chambre, sa femme et lui m ’ ont invité à déjeuner, et ces assiettes fumantes de porc et de légumes étaient mon seul repas chaud de la semaine. Quoi que je fasse et où que je sois, je m ’ arrangeais toujours pour être chez les Xhoma le dimanche. Pendant le reste de la semaine, je me nourrissais de pain et parfois les secrétaires du cabinet m ’ apportaient à manger.
    Je n ’ étais pas très évolué à l ’ époque et le mélange de pauvreté et de provincialisme créait des incidents amusants. Un jour, peu de temps après mon installation chez les Xhoma, je revenais de Johannesburg et j ’ avais très faim. J ’ avais économisé un peu d ’ argent et j ’ ai décidé de me payer de la viande, quelque chose que je n ’ avais pas mangé depuis longtemps. Il n ’ y avait pas de boucherie et je suis entré dans une charcuterie, un genre de boutique que je ne connaissais pas avant d ’ arriver à Johannesburg. Dans la vitrine, j ’ ai vu un gros morceau de viande appétissante et j ’ en ai demandé une tranche à l ’ homme qui se trouvait derrière le comptoir. Il me l ’ a enveloppée, je l ’ ai mise sous mon bras, et sur le chemin du retour j ’ ai rêvé au dîner qui m ’ attendait.
    Quand je suis arrivé dans ma chambre à Alexandra, j ’ ai appelé une des filles de Mr. Xhoma. Elle n ’ avait que sept ans, mais elle était astucieuse. Je lui ai dit   : « Est-ce que tu veux me prendre ce morceau de viande et demander à une de tes grandes sœurs de me le faire cuire   ? » J ’ ai vu qu ’ elle essayait de réprimer un sourire mais elle avait trop de respect pour les grands pour rire. Un peu irrité, je lui ai demandé si quelque chose n ’ allait pas. Très doucement, elle m’a dit   : « Cette viande est cuite. » Je lui ai demandé ce qu ’ elle voulait dire. Elle m ’ a expliqué que j ’ avais acheté du jambon fumé et que ça se mangeait comme ça. C ’ était entièrement nouveau pour moi et plutôt que d ’ avouer mon ignorance, je lui ai dit que je savais parfaitement qu ’ il s ’ agissait de jambon fumé mais je voulais qu ’ on le réchauffe. Elle savait que je mentais mais elle est partie. La viande fumée avait beaucoup de goût.
    A Alexandra j ’ ai renoué avec Ellen Nkabinde, toujours gaie et pleine d ’ entrain, que j ’ avais connue à Healdtown et qui enseignait dans une des écoles du township. En fait, Ellen et moi sommes tombés amoureux. Je ne l ’ avais pas bien connue à Healdtown et ce n ’ est qu ’ en la retrouvant à Alexandra que nos relations se sont développées. Dès que j ’ avais un moment de libre, je le passais avec Ellen. C ’ était difficile d ’ être seuls tous les deux   ; il y avait toujours du monde autour de nous et nous ne savions pas où aller. Nous ne pouvions nous retrouver que dehors, sous le soleil ou les étoiles. Aussi, Ellen et moi nous promenions dans le veld et les collines qui entouraient le township. La plupart du temps, nous nous contentions de marcher, et quand nous en avions le temps, nous faisions un pique-nique.
    Ellen était une Swazi et, malgré l ’ affaiblissement du tribalisme dans le township, un de mes bons amis condamnait notre relation pour des raisons uniquement tribales. C ’ était quelque chose que je rejetais catégoriquement. Mais nos origines différentes posaient certains problèmes. Mrs. Mabutho, la femme du révérend, ne prêtait pas attention à Ellen, en grande partie parce qu ’ elle était swazi. Un jour, alors que j ’ étais chez eux, quelqu ’ un a frappé et Mrs. Mabutho est allée ouvrir. C ’ était Ellen qui me cherchait. Mrs. Mabutho lui dit que je n ’ étais pas là. Plus tard, elle se rappela   : « Oh, Nelson, il y a une fille qui te cherchait. » Puis elle ajouta   : « Est-ce que ce n ’ est pas une Shangaan   ? » A l ’ époque, les Shangaans étaient une tribu fière et noble mais on considérait le mot comme péjoratif. Cela m ’ a froissé et j ’ ai dit   : « Non, ce n ’ est pas une

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